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CESR : vote contre le rapport sur le Contrat de Plan Etat Région
A. Monnier, représentant Skol-Uhel ar Vro/Institut Culturel de Bretagne et Kuzul Sevenadurel Breizh/Conseil Culturel de Bretagne, vote contre le rapport du CESR, lequel "s'interroge" sur le montant de la subvention prévue pour la langue bretonne au titre du Contrat de Plan Etat Région
Par Alan Monnier pour SUAV-ICB le 20/11/06 21:53

Monsieur le Président, Cher(e)s Collègues,

La Commission Qualité de vie, Culture, Solidarités, réunie mardi 14 novembre, a envisagé pour la suite de ses travaux, sans rien encore arrêter cependant, de consacrer une bonne partie de sa réflexion à des questions relatives aux personnes âgées. Compte tenu de la composition démographique de la Région, on comprend qu'il s'agisse là d'un problème de grand intérêt. Bien entendu, cette réflexion, pourra conduire, le moment venu, à envisager un certain nombre de choix politiques et, partant, budgétaires.

Dès lors, personne, espérons-le, ne fera le procès ni au CESR ni aux Collectivités responsables des financements, d'attribuer des fonds qui, en l'occurrence, ne pourront être consacrés à d'autres dossiers non moins importants, comme celui des jeunes, par exemple

Or, c'est exactement ce que nous avons pu avoir l'impression de lire dans les observations faites au nom du CESR à propos du Grand Projet 10, où l'on insinuerait que les efforts proposés par Monsieur le Président du Conseil régional, dans la droite ligne du plan linguistique adopté unanimement le 17 décembre 2004, en faveur de la langue bretonne, se feraient au détriment explicite de l'accès à l'emploi et de la qualification"(GP 7) ; comme si la langue bretonne n'avait pas déjà servi à créer ou à stabiliser des emplois; Il suffit de se reporter une nouvelle fois aux neuf initiatives primées le 15 juin dernier dans le cadre des prizioù rannvroel dazont ar brezhoneg/prix régionaux de l'avenir du breton officiellement remis par le Président Le Drian.

Le 1er prix dans la catégorie Associations a d'ailleurs été décerné au Centre intercommunal d'action sociale du Cap Sizun, où, en inversant parfois les rôles, on a tenu à valoriser le savoir des anciens et à apporter une convivialité et un mieux être dans les établissements d'accueil, en confiant aux pensionnaires la formation en langue bretonne, leur langue maternelle, des personnels des maisons de retraite. Comme quoi les initiatives sont loin de s'exclure et les personnes méritent mieux que d'être rangées sous des étiquettes à vocation unique !

Concernant le projet 10 et le projet 7 qui lui est curieusement associé dans le document du CESR, il s'agit de deux des programmes les moins dotés mais est-il raisonnable d'imputer à la langue bretonne les limites des moyens consacrés à d'autres projets ? La plupart des autres projets sont bien mieux dotés, mais la comparaison n'a pas été faite. Je ne la ferai pas non plus, faisant confiance aux choix du Président du Conseil Régional, dont j'estime que ce n'est pas le propos du CESR que de limiter ses ambitions pour la Bretagne, qu'il s'agisse de notre patrimoine linguistique comme de tout autre projet de développement.

C'est pourquoi le mouvement culturel que j'ai l'honneur de représenter ici et qui a certainement quelque légitimité à s'exprimer en la matière - même si les modalités de consultation ont paru surprenantes lors de cette réunion de Commission où nous fûmes informés tardivement et où il nous fut dit que deux Commissions ayant déjà approuvé le texte des observations sur la culture, celui-ci ne pourrait sans doute être modifié, - le mouvement culturel, donc, ne peut aucunement souscrire à la formulation du texte du CESR qui apparaît explicitement comme un désaveu de la politique arrêtée par l'unanimité des élu(e)s du Conseil Régional et de leur Président.

Précisons-le avec plusieurs experts linguistes, si la pratique du français est aujourd'hui en recul dans le monde, ce n'est certainement pas dû à la pratique de la langue bretonne et du gallo, langues elles-mêmes menacées et il est également évident que l'uniformisation linguistique que l'on préparerait en faisant complètement disparaître celles-ci ne pourrait que favoriser une fragilisation de toute autre langue que l'anglo-américain, langue dont il est cependant essentiel que nos étudiants, chercheurs ou responsables économiques la maîtrisent.

Enfin, évoquant la crainte de voir la Bretagne perdre des spécificités qu'aucune autre Collectivité que le Conseil régional ne peut défendre avec autant de moyens, je ne peux pas ne pas évoquer les autres aspects qui constituent pour nous la culture. A ce titre, nous regrettons que le programme 10 ne concerne pas en outre les autres aspects de la culture en Bretagne, notamment dans ses aspects spécifiques et en ce qui concerne surtout la diffusion, la création et dans tous les cas, le lien social.

A ce titre, n'est-il pas navrant de voir des centres comme le Centre Per Roy-Ti Kendalc'h à Saint-Vincent-sur-Oust, après quatre décennies d'exercice au service de tous et à leur plus grande satisfaction (stages de musique et danse mais aussi classes nature, etc.) condamné à cesser ses activités ? Jean-Louis Latour, mon prédécesseur au sein de cette assemblée, s'active avec la détermination qu'on lui connaît, pour qu'il en soit autrement.

2007 marquera le trentième anniversaire de l'adoption de la Charte culturelle en Bretagne. Il serait paradoxal pour tous les acteurs, politiques, sociaux et économiques, que l'un des fleurons du développement territorial d'alors soit déjà devenu un vestige, une friche. Ici, comme pour la diversité culturelle elle-même, c'est l'avenir de tous qui est concerné.

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