




Je m'appelle René Berthier et je suis un de ces Bretons qui n'a jamais vécu en Bretagne. Mon père, Robert Berthier, est né à Saint-Malo en 1893. Moi, je suis né à Shanghai en 1946. Ma grand-mère, Marguerite Le Cocguen, était une malouine née en 1870. Elle était issue d'une famille assez connue dans la région. Son grand-père, Édouard Legros, avait fondé les bains de mer de Dinard en 1858.
27 avril 2009
Je m'appelle René Berthier et je suis un de ces Bretons qui n'a jamais vécu en Bretagne. Mon père, Robert Berthier, est né à Saint-Malo en 1893. Moi, je suis né à Shanghai en 1946.
Ma grand-mère, Marguerite Le Cocguen, était une malouine née en 1870. Elle était issue d'une famille assez connue dans la région. Son grand-père, Édouard Legros, avait fondé les bains de mer de Dinard en 1858. Marguerite épousa un marin de Saint-Malo, François-Marie Berthier, qui mourut trois ans plus tard en la laissant seule avec deux enfants, dont mon père. Berthier n'est pas un nom breton.
Mon ancêtre Pierre Berthier, jardinier originaire d'Orléans, a épousé une fille de Paramé le 24 avril 1713. Il y a énormément de Berthier dans le coin, et je pense qu'ils descendent tous de lui. Legros non plus n'est pas un nom breton. Pierre-Louis Legros, de Pontoise en région parisienne, était canonnier au 8e régiment d'artillerie à pied. Il arriva à Saint-Malo pour défendre la ville contre les Anglais un jour de 1793. Il épousa une fille du coin, Marie-Josèphe Harlet, fille d'un marin décédé en mer. Il y a pas mal de Legros aussi, dans la région de Saint-Malo, qui doivent descendre du canonnier (par ailleurs viticulteur).
La retraite venue, j'ai écrit une histoire de ma famille, accessible sur Internet. Je voulais rendre hommage à ma grand-mère Marguerite, qui était un personnage étonnant. Devenue veuve, avec deux enfants dont mon père, elle est partie en Pologne comme gouvernante au tout début du XXe siècle. Elle ne s'y plut pas. Au lieu de rentrer à Saint-Malo, elle prit la direction opposée. En 1908 elle est à Vladivostok, en Sibérie orientale, où elle épouse un… Ariégeois.
En septembre 1914 mon père, Robert Berthier, quitte Vladivostok pour s'engager. Il sera blessé, gazé dans les tranchées. De retour chez lui – Vladivostok – en 1919, il rempile est et affecté au Corps expéditionnaire français en Sibérie. Libéré en 1923. La famille quitte la Sibérie en juin 1921 pour s'installer en Chine du Nord, à Tientsin. C'est là que ma tante Raymonde, née à Saint-Malo, épouse un marsouin de Saint-Brieuc, Jean Benoît. Marguerite Le Cocguen meurt à Shanghai en 1936. Elle avait tenu un journal, qu'elle brûla avant de mourir. Mon père, devenu policier dans la concession française de Shanghai, épouse ma mère, une Italienne, en 1925. Ils auront trois enfants, dont moi, le dernier, né en 1946.
Mon oncle Loïc Raufast, fils issu du second mariage de Marguerite et né à Vladivostok en 1917, ne mit les pieds en Bretagne que le 5 juin 1944. Il y arriva en parachute. Il n'était pas tout seul, et lui et ses camarades se retrouvèrent à la ferme de la Nouette, près de Saint-Marcel dans le Morbihan. Il était dans les SAS britanniques et faisait partie du groupe Marienne. Il fallait empêcher les 150.000 Allemands qui occupaient la Bretagne de rejoindre ceux qui se trouvaient en Normandie. Après la Bretagne, ce fut la bataille des Ardennes, puis l'opération Amherst aux Pays-Bas. Il fut le militaire le plus décoré de l'armée française. C'est aussi cette histoire-là que je raconte. Mon oncle Loïc ne douta jamais qu'il fût un Breton.
Bien sûr, mon livre rend également hommage à ma mère, une Italienne dont la vie fut elle aussi extrêmement mouvementée.
Cependant, j'ai pensé que cette histoire pourrait intéresser quelques-uns de vos lecteurs. Elle raconte l'histoire de ces expatriés qui n'oublièrent jamais qu'ils étaient bretons. Mon neveu Philippe Berthier, un arrière-petit fils de Marguerite, né au Cambodge, qui a vécu en Indonésie et au Brésil, vit maintenant sur un voilier dans la baie de Chesapeake aux États-Unis : il a créé une association de Bretons et organise des concerts de musique celtique et des festoù noz. Lui non plus n'a jamais vécu en Bretagne…
Si cette histoire pouvait être lue par des Berthier et des Legros de Saint-Malo et des alentours, je serais heureux d'entrer en contact avec eux. Peut-être ont-ils des documents, des photos, peut-être des anecdotes sur ma famille ont-elles survécu.
Je vous joins pour information quelques photos prises dans les années trente dans le cadre des activités de l'association des Bretons de Shanghai. Sur l'une d'elles on voit clairement un drapeau avec l'hermine et le mot « Armor ».
L'histoire se trouve sur Internet, sur le site lulu.com. Le titre du livre est :
Cilù, une histoire dans le siècle
Cilù, c'est comme ça qu'on appelait ma mère, Lucia.
Commentaires (16)
je souhaite connaître le nom de l'amicale des bretons de shanghai dans les années 30.
Mes grands-aprents étaient bretons et j'ai trouvé un insigne portant la représentation d'une jonque et les mots "ARMOR" et CHANGHAI".
Merci pour votre réponse.
Cordiales salutations.
Oui,Monsieur ,tout le problème est là
On est Français ,né breton.
On est donc Européen né français d'origine bretonne( en élévant le débat Sommes nous du Monde ,né européen.....)
Bref .... mais nous les bretons sommes comme d'autres ,fils de l'histoire ,d'un patrimoine ,d'une culture, d'une terre ,d'une richesse de qualités et certaines de ces aspects n'ont rien des qualités françaises.
J'estime que mon identité est élément de l'identité française.
L'identité française n'est qu'une somme d'identités premières(ceci contredit le principe d'unicité de la République)
Le gros problème d'un français de souche(et du commun) (bretonne ,normande ,alsacienne ,occitane,basque )
est de ne pas faire la distinction entre ses appartenances, l'origine se mélange avec l'ensemble,le caractère propre avec la totalité.
En Bretagne je raisonne breton,en France un raisonnement breton et français selon la réflexion,dans le monde, raisonnement breton et Français dans les spécificités des interrogations.
Cette gymnastique intellectuelle,nous est nécessaire(même dans le cadre de notre pensée vis à vis de la France);
Cette facuulté d'être à la fois issu d'une origine ayant formé un peuple et de faire partie d'un melting pot combat ,je le répète ce principe d'unicité du peuple "dit français" ( nous sommes multiples!
Elle permet la finesse de la réflexion en y amenant les différents éléments de ses imprégnations!
Cordialement
René Berthier
Est-ce que je me sens Breton ? Certainement, parce que dans les récits familiaux entendus dès l’enfance, la Bretagne a toujours été présente, et ce sont ces récits qui forment en quelque sorte l’esprit d’un enfant. Je pense que le sentiment d’appartenir, culturellement, ou de quelque autre manière, à une région est une bonne chose, parce que la diversité est une richesse. C’est pour cela, par exemple, que je trouve que c’est une excellente chose d’apprendre la langue bretonne.
Mais je pense aussi que ceux qui traînent ce sentiment d’appartenance comme un boulet ne parviennent pas à voir ce qui appartient à la substance commune de l’humanité.
Il existe à Shanghai une « Association des Bretons de Shanghai » ( kershanghai [at] gmail.com) avec laquelle j’ai été en relations, mais je j’ai pas assuré le suivi, pris par beaucoup d’autres activités, à mon grand regret. (C’est comme ça pour beaucoup de retraités…)
Ces Bretons Shanghaïens d’aujourd’hui semblaient ignorer qu’il existait avant la guerre une concession française à Shanghai, ou en tout cas n’en avaient pas conscience.
Cela aurait été intéressant de les informer de l’existence de nombreux Bretons dans cette ville dans les années 1920-1940.
Monsieur ,une petite remarque sur une de vos phrases
Vous écrivez
\"Mais je pense aussi que ceux qui traînent ce sentiment d’appartenance comme un boulet ne parviennent pas à voir ce qui appartient à la substance commune de l’humanité\"
Grave erreur ,cela dépend qui traîne ce sentiment
Je vous conseille de lire \"le phénomène humain\"de Teillard de Chardin
qui permet de réfléchir sur ce \"P... tronc de l\'humanité\" et sur ses
\" pas de progrès\" même incertains.
La compréhension de l\'humanité est une élévation de l\'âme
bien au dessus des appartenances de chacun.
TDC,n\'a-t-il pas écrit
\"L’Homme, non pas centre statique du Monde, — comme il s’est cru
longtemps ; mais axe et flèche de l’Évolution, — ce qui est bien plus beau\".
Il faut donc être au dessus des basses contingences!
Bonne soirée.
ELT
Merci pour votre recherche du nom de l'association des bretons de shanghai de 1939.
Par contre le déroulement du diaporama ne fonctionne pas bien : quand on clique sur la photo 3, apparait la photo 2.
Je souhaite voir la photo 3 agrandie.
Avec mes remerciements et mes cordiales salutations.
Je peux vous envoyer la photo par mail, mais il faudrait trouver un moyen de communiquer directement.
Je vous donne mon e-mail personnel, mais bien sûr il ne faut pas le faire paraître sur le site.
Cordialement
René Berthier
Cordialement
(père de Eugène certainement un oncle de votre grand mère! et marié avec Adélaïde Gauthier).
Personnellement, je ne suis pas particulièrement intéressé par la généalogie, en revanche je suis très demandeur d'anecdotes, d'histoires familiales, de photos.
Je vais vous raconter une histoire très touchante qui m'est arrivée. Un cousin Berthier de Saint-Malo, que j'avais découvert en faisant mes recherches, m'avait dit qu'une certaine Eliane Legros faisait elle aussi des recherches sur sa propre famille. Or ma grand-mère Marguerite était la petite-fille d'Edouard Legros. Cette Eliane avait réussi à retrouver tous les membres de sa famille, sauf une : Marguerite, qui semblait avoir complètement disparu. Evaporée. Or ce cousin Berthier m'a transmis le téléphone d'Eliane et je l'ai appelée. Quand elle a décroché, après les politesses d'usage, je lui ai dit : « Je suis le petit-fils de Marguerite. » Il y a eu un long silence puis Eliane a poussé un grand cri.
Marguerite avait disparu parce qu'au début du 20e siècle elle est partie en Pologne comme gouvernante, puis s'est retrouvée à Vladivostok où elle a épousé en 1908 un Ariégeois (!) et elle est décédée à Shanghai en 1936. Pas étonnant qu'on ait perdu sa trace !!!
Evidemment, j'ai rencontré Eliane. Son mari avait été extrêmement actif dans les recherches, il s'était donné beaucoup de mal. Malheureusement il était très malade lorsque je suis allé rendre visite à Eliane. Lorsque Eliane lui a dit que j'étais le petit-fils de cette Marguerite qu'ils avaient cherchée pendant tant d'années, il a essayé de se redresser, très excité, mais il ne pouvait pas parler. C'était terrible. Le pauvre homme est décédé peu après. Je me suis souvent dit que si j'avais commencé mes recherches plus tôt, nous aurions pu discuter tous les deux.
Si mes souvenirs sont bons, Eliane était issue d'Adèle Legros. Je ne sais pas ce qu'elle est devenue car elle a déménagé et j'ai perdu ses coordonnées.
Je raconte tout ça dans ma « Saga familiale », intitulée « Cilù, une histoire dans le siècle ». Cilù, c'est ma mère Lucie.
Voilà.
Il faut absolument qu'on échange nos adresses, qu'on se voie.
Je ne sais pas comment procédé, je ne tiens pas à ce que mon adresse mail circule en public ; on trouvera bien un moyen.
Bien cordialement
René Berthier
Je serais très heureux de la contacté de nouveau.
René
Iam from Vladivostok, Russia and got some old photos of Gustav Raufast. And his family too.
I found online you book, trying to translate with Google and read some places. But its so hard for me )
I am interesting to make a research about Gustav and his connection with Vladivostok, Vostochniy Institute, etc.
Trying to connect with you via Facebook, but no response