- Discours -
Le Gwenn-ha-Du au rancart ?
A propos d'une immatriculation territoriale - en français et peut-être en breton - qui rangerait aussi le drapeau breton au magazin des accessoires...
Par Alan Monnier pour SUAV-ICB le 3/10/06 12:15

Intervention d'Alan Monnier, dileuriad/représentant de Kuzul Sevenadurel Breizh/Conseil Culturel de Bretagne et Skol-Uhel ar Vro/Institut Culturel de Bretagne

Monsieur le Président, Cher(e)s Collegues,

J’interviens au nom de Kuzul Sevenadurel Breizh et Skol-Uhel Ar Vro à propos de cette initiative dans laquelle nous voyons nos incertitudes non levées.

En effet, j’ai parmi les premiers et sans restriction, salué l’adoption par l’institution régionale d’un nouveau logo, plus lisible, plus économique et mieux marque par l’identité que ne l’était l’ancien logo du Conseil régional.

Pour autant, ce logo ne remplace pas l’emblème que s’est donné la Bretagne au 20eme siècle, à savoir le « gwenn-ha-du » , le « drapeau breton » blanc et noir, (lequel représente aujourd’hui – et depuis sa création en 1925 par Morvan Marchal - une synthèse pluraliste et ouverte, mais affirmée, de l’histoire de la Bretagne historique, c’est-à-dire tout à la fois de ses origines et de son découpage religieux, de son passé ducal et des cinq départements historiquement bretons.

Marchal dont Claudine Mazeas, nouvelle titulaire du Collier de l’Hermine, évoquait le souvenir pas plus tard qu’avant-hier, 30 septembre 2006, Marchal affirmait donc : "Ce drapeau qui, je le répète, n’a jamais voulu être un drapeau politique, mais un emblème moderne de la Bretagne, me parait constituer une synthèse, parfaitement acceptable de la tradition du drapeau d'hermines pleines et d'une figuration de la diversité bretonne".

C’est pourquoi aujourd’hui flottent côte à côte en Région Bretagne le drapeau de l’institution régionale et le drapeau breton, de même que flotte le drapeau breton à l’Hotel du département de Loire-Atlantique… Au Pays de Galles, le drapeau gallois flotte, là où la présence du second est nécessaire, à côté du symbole du gouvernement régional.

Pour séduisante que puisse paraitre la proposition de faire figurer l’appartenance régionale sur le nouveau système d’immatriculation, et si cela ne concernait pas que les véhicules de la collectivité comme un haut responsable régional me l’a affirmé avant-hier, les Bretonnes et les Bretons, quelles que soient leurs opinions et leurs origines, y compris de Loire-Atlantique, ne comprendraient pas que le logo de l’institution, au lieu de renforcer la personnalité de notre région, se substituât finalement à un symbole dans lequel tout le monde se reconnait et nous reconnait aujourd’hui parce qu’il n’est la propriété de personne mais qu’il appartient à toutes et à tous, de Gauche, de Droite ou apolitiques, croyants ou athées, natifs ou adoptifs.

Aussi n’est-ce pas sans inquiétude que l’on peut lire dans la proposition du Conseil régional le risque d’instrumentalisation qui verrait dans les plaques d’immatriculation de nos véhicules personnels "un moyen de diffusion tres large du nouveau logo de la Région tout au long de l’annee et sur tout le territoire français et européen." (sic)

Ni obligatoire, ni interdit, l’identifiant territorial de la Bretagne, pour celle ou celui qui le souhaite, l’identifiant "de son choix" (sic!), c’est le drapeau breton, gwenn-ha-du, que l’on voit déjà souvent sur des autocollants a l’arrière des voitures ou à l’avant, à travers le pare-brise, ou encore à l’entrée de Karaez…et cela sans mépris déplacé pour le drapeau français ou le drapeau de l’Europe, comme on le sait.

[fin du texte de l'intervention]

NOTE IMPORTANTE : Les représentants de la CFTC sont également intervenus très vivment dans le même sens sur ce borderau (le dernier de la session, après plus de 8 heures de séance). L'adoption de l'"avis favorable" du CESR a finalement suscité un grand nombre d'abstentions (des partisans du gwenn-ha-du aux adversaires de toute immatriculation à identifiant régional).

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