La tragédie du 15 novembre plonge St-Nazaire dans le deuil. En écoutant la voix cassée de Joël Batteux, on ne pouvait qu'oublier, pour un temps, le profond fossé qui sépare le maire de St-Nazaire du mouvement pour la réunification de la Bretagne.
Les victimes de ce drame, ces familles pour la plupart nazairiennes, plongées dans l'affliction, ont droit à la sympathie (au sens fort, étymologique) de l'ensemble du mouvement revendicatif breton. Celui-ci aura la décence de taire sa voix spécifique, lors des cérémonies funéraires qui s'annoncent, comme d'ailleurs toutes les formations sociales, économiques, politiques concernées par cet immense deuil local qui dépasse les clivages traditionnels. Pour autant, il n'est pas interdit de poser les questions que les médias dominants ne posent pas.
Une information déficiente.
Un certain malaise est présent dès le départ. L'information fonctionne à la française (peu de faits, beaucoup de commentaires) et non à l'anglo-saxonne (le maximum de faits, peu de commentaires).
Autre fausse note : la Télévision régionale France 3 est débordée, cafouilleuse et cède le pas au journal central de 20 heures. Les chaînes parisiennes n'ont pas jugé utile de modifier leurs programmes à partir de 14h30, heure de la catastrophe. Les dépêches d'agence (AFP, AP, Reuters) n'apporteront dans la soirée de samedi que très peu d'éléments nouveaux. A minuit, sur l'Internet, impossible d'en savoir plus. Enquête en cours, circulez, y a rien à voir...Ce qui en dit long sur le système informatif de la République. Un manteau de plomb commence à couvrir le Tchernobyl nazairien. Et cela ne fait que commencer. Tant d'intérêts sont en jeu dans cette tragédie.
On imagine le débat à venir sur les responsabilités civiles. Mais celui-ci risque d'occulter la recherche des causes véritables de l'accident mortel collectif.
Questions étouffées.
L'accident est-il dû à une erreur technique Ou humaine Serait-ce un attentat (sabotage) La question était dans tous les esprits à l'annonce du désastre.
Cet accident catastrophique pourrait aussi causer préjudice à l'image de St-Nazaire, au groupe Alsthom,, à la Cunard line. L 'erreur technique et l'erreur humaine figureront parmi les hypothèses privilégiées. Mais on ne peut exclure celle de l'attentat par sabotage.
L'hypothèse attentat.
L'hypothèse attentat sera celle dont on parlera le moins, probablement. toutefois, Tant qu'elle n'est pas officiellement écartée -au profit de quelle autre explication - il n'est pas interdit de l'évoquer.
Si crime il y avait, à qui profiterait-il Il pourrait s'agir d'un crime de guerre économique visant Alsthom, d'un crime de guerre politique dirigé contre la britannique Cunard line, pour des motifs relevant de la stratégie terroriste.
Ceux qui protesteront contre cette hypothèse de l'attentat devront rapidement faire la preuve qu'il s'agit vraiment d'une erreur technique ou humaine. Dans l'attente, le doute subsiste.
Aberliger.
16/11/03.