80 personnes étaient présentes ce jour à Vannes pour réfléchir et proposer des pistes pour le logement demain en Bretagne. Il faut dire que le think tank Bretagne Prospective a en effet visé juste en proposant ce sujet, particulièrement brûlant.
Avec 15 millions de touristes par an, soit 100 millions de nuitées, la Bretagne compte parmi les régions les plus touristiques du monde. Un problème évident d’accueil se pose alors, surtout quand il faut ajouter à ce nombre faramineux les saisonniers, eux aussi dans le besoin de se loger… qui se retrouvent en concurrence directe avec les étudiants, les actifs, les retraités de retour au pays (ou tout simplement attirés par la douceur bretonne…). En somme la Bretagne est devenue, ces dernières décennies, particulièrement attractive ; dans les 20 prochaines années, entre 5 et 600 000 nouveaux arrivants sont attendus dans les cinq départements.
Dans le même temps, l’État français a fixé pour objectif zéro artificialisation nette en 2050. Notre Bretagne et ses industries, ses habitats dispersés typiques risquent d’en souffrir. Seulement 1 800 ha / an étaient consommés en région administrative en moyenne jusqu’à présent, mais le Conseil régional s’est pourtant fixé pour objectif de tomber à 900 /an, à répartir entre communautés de commune. Un calcul qui aura pour conséquence de défavoriser les plus vertueux : le Tregor sera par exemple plus impacté proportionnellement que la métropole rennaise, déjà très densifiée.
A noter que la notion d’artificialisation inclut les jardins non arborés, dont nos maisons sont pour la plupart pourvues, de même que les serres ou les jardins dans les villes… Pourtant indispensables. La vision monolithique française, où l’habitat standardisé et groupé est idéalisé, progresse au détriment de notre qualité de vie, en même temps que l’augmentation galopante de la population. Il y a donc urgence à réagir, dans un contexte extrêmement tendu aux conséquences sociales très fortes : 32 000 demandes de logements sociaux par an ne sont par exemple pas satisfaites.
Répartis en six ateliers, les participants ont donc débattu à bâtons rompus sur les questions de type de logement, de réglementation, d’accueil, de préservation du style architectural breton, pour demain.
Parmi les principaux éléments proposés et attendus :
- Redonner de l’autonomie aux élus locaux en simplifiant les circuits administratifs : la question du logement doit être absolument décentralisée. Simplifions les circuits administratifs et normatifs !
- Favoriser les habitats légers. Les impacts humains sur l’environnement ne sont pas que négatifs… Ils peuvent être bonifiants ! L’habitat léger, s’il est bien réfléchi et fait selon des normes, peut être une solution rapide de création de logement, sans impact au sol, avec possibilité de réversibilité. Un moyen donc d’occuper temporairement des espaces non constructibles, pour peu de respecter un certain nombre de règle (en termes d’assainissement par exemple).
- Privilégier une organisation en bassins de vie : rapprocher les salariés de leur travail, des services, en favorisant l'équilibre (âge, emploi, activité) mais en dépassant les clivages entre les différents pays, qui peinent à travailler ensemble.
- Lancer une plateforme d’expérimentation associant architectes, ingénieurs, industries des matériaux pour maintenir les particularités architecturales des territoires, tellement mises à mal ces dernières années. L'identité architecturale bretonne doit être réaffirmée, en créant par exemple en label breton comme il est existe en Alsace ou au pays Basque
Les solutions existent, ont pour certaines été expérimentées, évaluées. Il manque avant tout un assouplissement réglementaire et une vraie politique du logement. Si nous n’agissons pas rapidement et par nous-mêmes, nous finirons par être victimes de mesures coercitives, imposées par un état centralisé.
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