David Enard est un biologiste poitevin qui dirige depuis 2018 le laboratoire en biologie de l’évolution à l’université de l’Arizona à Tucson aux Etats-Unis. Depuis avant la pandémie, il s’intéresse aux mutants. Non pas aux mutants du virus SARS-CoV-2 à l’origine du COVID, comme le delta, mais aux mutations génétiques que les virus ont provoquées dans le génome humain. On sait que 10 à 13% du génome humain proviennent de virus et que ceux-ci sont des acteurs de l’évolution, en plus d’être des régulateurs d’espèces.
En analysant les génomes d’une série de populations diverses, lui et son équipe ont ainsi déterminé qu’une épidémie d’un coronavirus qu’ils dénomment SARS_VIP (VIP pour Virus Interacting Protein) avait sévi en Asie de l’est (la Chine actuelle en gros), il y a 25 000 ans. Voir leur papier publié dans le journal scientifique Current biology. De là à dire que certaines personnes seraient immunes au virus du Covid d’aujourd’hui, il y a un pas que les chercheurs n’ont pas franchi mais cela reste tout à fait possible.
L’estimation d’une ancienne épidémie virale qui aurait débuté il y a environ 25 000 ans en Asie de l’est est remarquablement en accord avec l’émergence il y a 23 000 ans de sarbecoviruses, la famille virale du SARS_CoV-2__David Enard
La date de cette ancienne épidémie est importante puisque le pic de l’âge glaciaire se situe il y a 21 000 ans et que ce brusque refroidissement a très bien pu entraîner la disparition de ce virus et, sa réapparition actuelle puisque, comme on le sait, le permafrost sibérien est en train de fondre avec le réchauffement climatique et que des virus disparus il y a des milliers d’années font leur réapparition.