Rémy Lucas est un ingénieur breton issu d'une famille de goémoniers de Plouguerneau dans le Finistère. Ça serait en plongée, au touché de laminaires qu'il se serait persuadé que d'une algue pouvait naître une matière non polluante, bio-compostable (*) et aussi pratique que le plastique à base de pétrole. Les textures du goémon et du plastique sont effectivement similaires et sont d'ailleurs un des freins majeurs à l'introduction des algues dans l'alimentation.
Ce Breton têtu a cherché un procédé de fabrication pendant plus de 10 ans, et, en 2010, il trouve un procédé innovant. Il créé alors à Quimper, l' entreprise Algopack, entreprise qui s'est installée depuis à Saint-Malo, en janvier 2012. (voir le site)
Si le premier matériau produit, l'algoblend, n'utilisait que 50% de l'algue (le nom de cette algue et les procédés de fabrication des gelules sont évidemment confidentiels), le nouveau produit utilise 100% de l'algue et est 100% à base d'algue.
Le matériau se présente sous forme de gélules qui servent ensuite à la fabrication d'objets. Si les premières applications développées par algopack et distribuées par "coq en pâte" sont des jouets pour enfants genre seaux de plage ou frisbees, le projet d'algopack est bien plus ambitieux. "C'est un projet structurant pour toute une filière industrielle" a déclaré à ABP l'innovateur breton. Pour le moment Algopack n'annonce pas de date pour le début d'une production industrielle. Il serait en phase dite "pilote", qui est la phase préindustrielle. Ca ne se fera pas n'importe comment : "je m'attache à des valeurs de territoire et à developer l'emploi sur ce territoire via un développement durable" a déclaré Rémy Lucas.
Si la production démarre bien, Remy Lucas envisage produire les algues via "l'algoculture. Les goémoniers bretons ne récoltent que 65.000 tonnes d'algues sauvages par an. Pour le moment, le plateau breton est suffisamment vaste pour subvenir aux besoins industriels mais tôt ou tard il faudra passer à l'algoculture pense Rémy Lucas. A noter que le premier producteur mondial, la Chine, a déjà une énorme production de 10 millions de tonnes par an et la France importe 125 000 tonnes d'actifs par an ! . Tout reste à faire.
(*)Bio-compostable, le terme préféré de Rémy Lucas, est différent de bio-dégradable. Un produit bio-compostable se dégrade seulement si jeté en terre.
Philippe Argouarch