Avec le tome 7, voilà publié plus de la moitié de Geriadur ar Vezekniezh. À cette étape, il n'est pas superflu de revoir les points forts et les points faibles du breton dans le langage contemporain.
Délaissé pendant un millénaire par ses locuteurs dès qu'ils se souciaient de leur avenir, il garde un handicap encore loin d'être résolu. Dans ses profondeurs pourtant dorment de formidables gisements de matière verbale à peine entamés par l'exploitation qui en est menée depuis deux siècles.
Les locuteurs bretons d'aujourd'hui ont à leur disposition deux bases de ressources dans le domaine du savoir et de la pensée :
d'une part, un stock de données langagières vierges, exemptes de toute usure historique, sédimentées depuis l'époque du celtique jusqu'aux parlers qui en sont issus,
d'autre part, une “langue internationale”, réceptacle bouillonnant d'emprunts majoritairement grecs anciens et latins dans lequel les penseurs et chercheurs occidentaux ont coutume de puiser depuis le Moyen Âge.
Après une période de tâtonnements sur la direction à prendre, soit un vocabulaire savant tout breton (préconisé par Vallée), soit l'adoption des termes internationaux dans toutes les disciplines hormis la littérature (solution proposée par Roparz Hemon), c'est une voie moyenne qui a prévalu : emprunter les étiquettes communes (dire oksigen et non trenkgan comme le faisait Vallée), par contre engager les ressources du breton dans l'expression des notions vives (tandis que Roparz Hemon suggérait un breton technique izoliñ en face du français isoler et de l'anglais isolate, il est attribué à chaque acception du terme un vocable particulier : disfuiñ, goubarañ, dredañ, emdennañ, digenveziñ, digemperzhiañ, eskantañ…)
Aucune règle stricte cependant. Dans nombre de cas où le terme international pouvait prendre place, l'auteur du Dictionnaire de la médecine a préféré revenir à Vallée : soit pour une raison de précision (celle par exemple de l'éventail des préfixes bretons is-, gou-, ol-, lav-, endan- plus grande que celle de leurs équivalents hypo-, sub-, sous-), soit encore à cause de la simplicité formelle (la brièveté d'un elruz breton comparée à la dimension de ses correspondants français érythrocytose et anglais polycythaemia)
Il n'en reste pas moins, ayons cela toujours présent à l'esprit, qu'un dictionnaire composé en l'absence d'une société de locuteurs ne saurait tenir qu'à un projet de langage.
l'ouvrage, 252 p., 15,5 x 22 cm : 22 ¤ ISBN : 978-2-901383-79-6
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