Pendant des années la démarche initiée en 1989 par l'association à caractère civique Blanc c'est exprimé a été suivie par les électeurs. Cela à chaque scrutin lorsque la proposition électorale qui leur était faite ne correspondait pas à leurs souhaits, à leur inclination politique. Plutôt que de s'abstenir, nombreux étaient ceux qui optaient pour le vote blanc. Toutes les analyses des scrutins le démontrent.
Aussi les Français étaient-ils en droit d'attendre, du fait de leur action citoyenne, une réponse des partis politiques et des parlementaires et de voir le vote blanc enfin reconnu pour redonner une nouvelle vigueur à l'expression de la Démocratie qu'est le vote.
Certes, beaucoup savent - ce qu'ignorent d'ailleurs bon nombre de parlementaires - qu'après le séisme de 2002, une loi, a minima, a été votée le 31 janvier 2003, par l'assemblée nationale. Elle sépare au niveau de leur comptabilisation les bulletins blancs des bulletins nuls. Cela sans pour autant leur reconnaître la valeur d'un suffrage exprimé. Cette loi n'ayant jamais été inscrite en deuxième lecture reste toujours lettre-morte.
Cela malgré la preuve apportée que cette expression a un impact sur la participation et donc sur les voix se portant - il est plus facile de faire 10 % de dix que de cent - sur les candidats xénophobes et racistes. A preuve également le fait que des électeurs qui en avaient oublié le chemin sont revenus vers les urnes. D'autres ont abandonné les votes extrêmes. Certains n'ont pas toujours, de leur propre aveu, voté forcément blanc après en avoir eu l'intention, mais au dernier moment, pour un candidat. Aussi, devant le mépris qui a été opposé à cette expression, par les partis et les politiques, de nombreux témoignages démontraient la lassitude desdits électeurs devant le fait que cela « ne servait à rien de voter,… de voter blanc » d'où la menace exprimée d'un vote extrême.
Avant le premier tour de la présidentielle était pronostiqué un taux record d'abstentions. Cela était justifié par le discrédit grandissant de la classe politique, le niveau calamiteux d'une campagne démagogique, mensongère qui n'a pas été porteuse d'espoir. Sans oublier la volonté, pour une grande majorité de Français, oubliés depuis des années, de « régler des comptes, de changer d'ère » et cela sans pour autant avoir foi dans les solutions de rechange proposées.
Que l'on s'étonne aujourd'hui du succès de l'extrême droite est, à tout le moins surprenant. Entre la volonté de bouter hors l’Élysée son occupant, pour qui certains avaient voté en 2007, ou donner la prime à un challenger professionnel de la politique et ayant également participé à la situation catastrophique de la France, la troisième voie a été choisie entre deux tribuns aussi extrémistes l'un que l'autre, qu'Elle soit de droite ou Lui de gauche.
Si certains électeurs se sont retrouvés dans ses propositions il ne s'est pas agi pour autant d'un vote d'adhésion totale mais, avant tout, d'un vote par dépit le plus souvent, de rejet des deux grands partis majoritaires !...
Il est évident que si le vote blanc avait été reconnu et que les réformes institutionnelles indispensables permettant de redonner crédibilité et légitimité aux élus avaient été entreprises et menées à bien, la face des choses en eut été changée !
La responsabilité totale en revient aux politiciens plus affairés à sauvegarder leurs intérêts qu'à se remettre en cause et à ouvrir la voie à l'obligation qui leur est faite de plus de respect de leurs engagements et des citoyens.
Le deuxième tour risque de connaître de grandes surprises dont les Français paieront, de toutes façons, l'addition.
Ensuite se dérouleront les législatives.
Le « bipartisme » qui leur est imposé ne convient pas aux électeurs : sans proportionnelle, plus de 60 % risquent de ne pas être réellement représentés…
Alors il y a encore de l'espoir de changement. Cela se prépare.
Le mois de juin est prévu très chaud.