le Comité de soutien de Jérôme Kerviel enregistre un soutien de poids: Jean Luc Mélenchon qui au départ avait avalé le jugement comme beaucoup, depuis il s'est renseigné et son analyse est très fine, nous vous conseillons d'aller sur son site qui a reçu des centaines de réactions favorables à J.K www.jean-luc-melenchon.fr, mais voici quelques extraits
En rédigeant ce post je m'associe en effet à la défense de Jérôme Kerviel, un ancien trader de la Société Générale. Cet homme a été accusé par la banque d'avoir trompé sa vigilance et de lui avoir occasionné des pertes monstrueuses. Il a été condamné à une peine de prison et à payer une somme qu'il ne pourra jamais réunir : 4,9 milliards d'euros. Dans quelques jours, le 4 juillet prochain, Jérôme Kerviel passe aux Prud'hommes. C'est le dernier recours dont il dispose pour contester qu'il ait commis la « faute lourde » dont l'accuse la banque. Car cette incrimination, en plus de toutes les autres peines, le condamne à la mort sociale, sans aucune ressource et sans aucun accès aux droits sociaux les plus élémentaires. Je crois que Jérôme Kerviel est innocent. Ceux qui l'ont fait condamner sont donc coupables. Rude bataille en perspective. J'y prends ma place comme soldat du rang. Juste par conviction à propos de l'idée que je me fais de ce qu'est un comportement civique responsable.
Pour le militant politique que je suis, défendre un trader dans un conflit avec sa banque est aussi décalé que l'était la défense d'un capitaine monarchiste au début du siècle précédent contre l'institution militaire unanime. Le militarisme était alors notre ennemi car nous ne voulions pas de la guerre qu'il préparait. Dreyfus en était un rouage conscient et satisfait. Mais il était innocent. Les banques sont nos ennemis aujourd'hui car nous ne voulons pas du désastre qu'elles organisent. Kerviel en était un rouage actif, content de lui et du système. Mais Kerviel est innocent.
Tout part de là : selon moi, Jérôme Kerviel est innocent. Et s'il l'est, sa condamnation est insupportable pour une conscience libre. Si je ne la supporte pas je dois la combattre. Pourquoi cette cause plutôt qu'une autre ? Parce que Kerviel n'est pas confronté à ses actes mais à un système. Il est seul en face d'une organisation toute puissante qui combine les moyens d'une banque et ceux de l'Etat. Pour entrer dans cette défense je dois dire comment je comprends les faits. Je dois montrer les ressorts qui ont permis cette injustice. Je dois exposer ce que je crois être les causes de cette affaire. Ce chemin, que je croyais nouveau, m'a ramené au pied de la même muraille où viennent battre les manifestations auxquelles je participe, les pétitions que je signe, les discours que je prononce. Voici devant nous les murs brillants des hauts étages de la finance et des institutions monarchiques de notre pays. Voici les arrogants, tout puissants qui s'amusent de la crédulité de ceux qui respectent leur autorité et disposent de la vie des autres comme s'ils n'existaient pas vraiment.
Je défends Jérôme Kerviel parce que je le crois innocent. Je suis conscient qu'en le faisant j'augmente le nombre des ficelles stipendiées qui se tirent déjà contre moi. Je suis conscient du fait que la preuve de l'innocence de Kerviel implique la culpabilité de ceux qui l'ont fait condamner. Je sais que cela revient à demander des comptes. Des comptes évalués de façon indépendante. Les pertes reprochées à Jérôme Kerviel existent-elles vraiment ? Pourquoi le juge a-t-il refusé systématiquement toute expertise indépendante de ces pertes ? Pourquoi a–t-il choisi de croire sur parole la banque ? Pourquoi la ministre Christine Lagarde a-t-elle fait verser à la banque un milliard 700 millions de dédommagement, alors que la condamnation de Jérôme Kerviel, qui était la condition de ce versement, n'était pas définitive ? Pourquoi ce dédommagement a–t-il été versé alors que le défaut de surveillance de la banque sur son employé est attestée par l'organisme professionnel bancaire qui en est chargé, ce qui interdisait tout dédommagement de la part de l'Etat ?