Il y a tellement de sites mégalithiques en Bretagne que ce n'est pas évident de savoir quels sont ceux que l'on doit visiter, voire y faire un constat, un ressenti d'une force tellurique, d'un champ magnétique ou de toutes sortes d'autres impressions sur le corps physique ou mental. Mégalithes de Bretagne - 50 lieux d'énergie en terre sacrée répond à cette question. Le druide, musicien et auteur Pascal Lamour s'est associé à l'herboriste Joëlle Chautems, aussi druidesse, ainsi qu'à la photographe Pascale Désagnat pour nous offrir ce guide de 280 pages.
Pour moi, géobiologue helvète, passionnée de traditions anciennes, les réseaux telluriques sont des lignes de force de la terre, qui s'apparentent aux méridiens chinois du corps humain. La terre était considérée comme une entité vivante par les anciens peuples. Elle est parcourue de veines, de circuits d'énergie qui l'alimentent.-Joëlle Chautems
Beaucoup de sites ont été détruits, ou en partie, comme le cairn de Barnenez pour y récupérer les pierres, ou comme celui des alignements de la Madeleine en pays Bigouden pour y récupérer des terres agricoles et jusqu'à Carnac récemment pour pouvoir construire un magasin de bricolage. Des sites ont aussi été rasés lors du remembrement des années 60. Si au Moyen-âge, il y a eu une christianisation des pierres avec l'ajout de croix ou de sculptures, les auteurs précisent que les plus nombreuses destructions ont eu lieu au XXe siècle avec l'arrivée des pelleteuses et des bulldozers.
D'autres sites ont tout simplement été submergés car le niveau de la mer remonte depuis 12 000 ans, depuis la fin de la dernière glaciation et le réchauffement climatique. Certains sites, érigés au 5e millénaire av. J.C., se trouvent par 5m de fond dans le golfe du Morbihan. Le cromlec'h d'Er Lannig dans le golfe est à moitié submergé. D'autres ont simplement été détruits par la foudre comme Le Grand menhir brisé d'Er Grah.
Les auteurs notent les recherches de l'archéologue suédoise Bettina Schulz Paulsson qui a daté les plus anciens sites (4700 Av. J.C.) en Bretagne ( voir notre article ). C'est de là que s'est répandue cette civilisation du néolithique sur toute la façade atlantique et comme le montre l'archéologue britannique Barry Cunliffe, aussi vers l'Europe continentale en remontant les vallées fluviales. (voir son interview qui sera diffusée lors du colloque Celtique ! le 4 août au FIL).
J'aime bien la définition du sacré des autochtones Lakota : « Le sacré est ce que l'on peut détruire mais que l'on ne peut pas recréer ». La nature est sacrée. Un peuple est sacré. Une langue est sacrée. Le patrimoine est sacré. Les sites mégalithiques sont-ils sacrés ? Dans un sens oui, car ils font partie aujourd'hui de la nature qui nous entoure et font partie de notre patrimoine. Il sont intégrés dans le paysage breton et une fois réduits en gravier pour paver les routes, ils sont perdus pour toujours.
A part pour les allées couvertes, les cairns, et les tombes collectives, nous avons perdu les modes d'utilisation. Il n'y a plus de manuel. Pascal Lamour et Joëlle Chautems nous proposent donc de nouveaux rituels, adaptés pour chaque site. Ces exercices et ces méditations sont basés sur l'histoire et la topographie de chaque lieu. Ainsi, pour l'oppidum de Kastel Koz à Beuzec-Cap-Sizun ils offrent ces mots :
Au sommet de cet oppidum, face à l'océan, cheveux au vent je me tiens debout au coeur de mon clan. Ici autrefois se tenait un village, ici autrefois se tenaient des gens. [...] Ici face à la mer, je me souviens de ma lignée, de mes pères et de mes mères, qui, vie après vie m'ont offert la mienne. Ici face à l'océan j'honore et je remercie les anciens...
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