Par décision du Préfet de Loire-Atlantique, une audience de classement du manoir de Bouvron aura lieu courant juin et les éventuels travaux de démolition, si le classement n’était pas confirmé, ne pourraient avoir lieu qu’à la fin de l’été.
C’est une première victoire pour Bouvron patrimoine et Koun Breizh qui ont sollicité le classement et la suspension immédiate des travaux mais encore pour tous ceux qui nous ont soutenus en adressant notamment un courrier au Préfet. Nous tenons bien sûr à les remercier : ceux qui sont venus manifester à Bouvron le 18 février, les nombreuses associations patrimoniales, l’Institut culturel de Bretagne , Bretagne réunie, Glas de Fay de Bretagne, l’Agence culturelle bretonne de Nantes regroupant les associations de Loire-Atlantique, Kevre Breizh regroupant les associations culturelles de Bretagne et Produit en Bretagne. Côté politique, le parti breton , la fédération de l’UDB de Loire-Atlantique nous ont soutenus ainsi que Paul Molac et Marc Le Fur, les députés toujours présents pour défendre la Bretagne.
En Loire-Atlantique, il faut se résoudre à l’idée que le soutien est inexistant. Les élus se serrent les coudes. Un autre regret : le Président de la Région Bretagne n’a pas eu le courage de penser et d’agir « Bretagne historique » malgré la sollicitation qui lui fut faite. La principale raison pour laquelle la réunification de la Bretagne ne se fait pas, se tient là. Nos grands élus se complaisent au sein du cadre territorial d’une Bretagne tronquée à 4 départements. Je trouve désespérant que Loïg Chesnais-Girard invoque son incompétence juridique pour légitimer son silence et son absence de volonté politique. C’était pourtant son devoir. Il n’était pas là. Alors, nous avons fait sans lui.
Bien sûr, cette première victoire devra être confirmée lors de l’audience de classement, mais je vois mal, à présent, le préfet renoncer à protéger le manoir eu égard à la mobilisation populaire et médiatique. Il va falloir rapidement proposer un soutien de nos associations pour valoriser le manoir, voire contribuer à financer par un crowfunding les travaux de rénovation et le faire savoir à ceux qui prendront la décision de classement.
Une autre leçon : lorsque les Bretons chassent en meute, ils obtiennent gain de cause. Nous vivons dans un monde où rien ne s’obtient sans volonté. L’absence de réaction aux décisions défavorables concernant la politique linguistique et la réduction insensée du budget alloué à la langue bretonne, est la meilleure explication à nos malheurs.
C’est dans la tête que tout se joue. Le cadre territorial actuel, la Bretagne à quatre départements, doit être rejeté de toutes les manières possibles.
En Loire-Atlantique, il faut être réaliste. Nous sommes contraints à une lutte identitaire sans merci, avec, pour ce qui nous concerne, des moyens dérisoires. Face à nous, l’ensemble des services publics étatiques et la région des Pays de la Loire qui soutient la culture bretonne comme la corde soutient le pendu. Après le lavage de cerveau à l’école depuis les années 70, la région des pays de la Loire se lance désormais et sans le moindre scrupule dans une vaste entreprise de communication où l’argent public coule à flot. Des centaines de milliers d’euros pour des influenceurs, un tour cycliste des pays de la Loire et le budget communication le plus élevé qui soit. Une nouvelle association affiche sans réserve sa volonté de défendre l’identité « ligérienne » qui n’a jamais suscité le moindre intérêt, et pour cause, elle n’existe pas. Les forces de la déshumanisation sont à l’œuvre.
Il faut comprendre qu’avec la partition de la Bretagne, nous avons affaire à une vieille technique de domination, employée largement au temps des colonies et consistant à diviser les ethnies, les peuples pour mieux régner. En Loire-Atlantique, les services publics détruisent l’idée même de Bretagne. Et la région des Pays de la Loire refuse d’assumer ses fonctions légales consistant à soutenir effectivement la culture locale. Elle a retiré récemment la subvention de 8 000 euros qu’elle accordait à Dastum pour financer une association vendéenne de collectage. Elle a accordé récemment une grosse somme d’argent pour financer un film historique sur la guerre de Vendée. Que fait la région Pays de la Loire pour sauver nos langues de Bretagne menacées de disparition ? Ben pas grand-chose. Ce mépris institutionnel pour notre culture et notre patrimoine breton est insupportable et justifie la réunification immédiate de notre territoire historique.
Ce conflit identitaire, il faut l’affronter au lieu de faire preuve de naïveté. C’est la raison pour laquelle, la sauvegarde du manoir du XVe qu’occupait jadis Pierre Raboceau, secrétaire de deux ducs de Bretagne, Pierre II et François II, revêt la plus haute importance. Elle nous rappelle que nous sommes en Bretagne, que nous avons une histoire, un patrimoine et que le découpage territorial actuel relève de la fumisterie, mais surtout de la déshumanisation ordinaire.
Aucun Etat n’a le droit de supprimer une identité afférente à un territoire pour la remplacer par une autre créée de toute pièce, pas même au nom d’une république dévoyée pour la circonstance. Nous n’avons pas oublié les propos anti-bretons tenus par une conseillère municipale de Saint-Nazaire affirmant en clair, qu’en tant que Breton, nous ne sommes pas compatibles avec la République.
Il s’agit là d’une violation flagrante de toutes les grandes Conventions protectrices des droits des peuples, des minorités ainsi que des droits culturels.
Nous finirons par obtenir la réunification de la Bretagne, car nous avons une âme singulière, une histoire, un patrimoine et donc un avenir. La région dite des « pays de la Loire » ne dispose rien de tout cela. Alors ayons confiance. Et surtout, cessons d’être naïfs et que nos élus retrouvent la volonté, le courage de penser et d’agir Bretagne historique.
Yvon Ollivier
Président de Koun Breizh
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