Le gouvernement français a rendu aujourd'hui sa décision au sujet de l'appel d'offres pour l'éolien offshore. Trois projets étaient en compétition pour cinq sites : les français EDF et Alstom d'un côté, le basque Iberdrola associé au français AREVA de l'autre, et le groupe français GDF-Suez enfin, le tout pour une puissance finale de 2000 mégawatts.
Le gouvernement a décidé de ne pas tout attribuer à un seul opérateur. Ainsi, le consortium Iberdrola – Areva remporte la zone de Saint-Brieuc (Côtes-d'Armor) afin de « donner sa chance » à un autre groupe industriel et « maximiser les retombées industrielles », d'après le ministre de l'Industrie Eric BESSON, bien décidé à ne pas mettre tous les œufs dans le même panier, celui de EDF – Alstom qui remporte trois autres sites, deux en Normandie (Fécamp, en Seine-Maritime, et Courseulles devant le Calvados) et un en Bretagne (Saint-Nazaire).
D'après le gouvernement, peu avare de chiffres en cette période électorale, les lots attribués généreront des investissements de 7 milliards d'€ et créeront 10.000 emplois directs. Pour l'heure, ALSTOM a annoncé la construction de quatre usines à Saint-Nazaire et Cherbourg, dont la production devrait commencer en 2014 : il s'agit d'installer 240 éoliennes et de les maintenir en haute-mer, pour 5000 emplois dont 1000 directs créés. Ces usines devront aussi répondre à un marché européen en pleine croissance. Les sites de maintenance et de construction des fondations pourraient représenter 2.500 emplois, d'après le communiqué du consortium EDF. Iberdrola de son côté annonce 2000 emplois, dont 140 directs en baie de Saint-Brieuc liés à la maintenance pendant au moins 20 ans du parc de 100 éoliennes qui vont être installées. Les emplois pour leur construction en revanche seront créés hors de Bretagne, dans l'usine qu'Areva va créer au Havre.
A en croire les chiffres, une bonne opération donc, conforme aux fondements de l'interventionnisme économique étatique français. Il n'y a plus qu'à espérer que l'éolien maritime ne connaisse pas les mêmes problèmes que l'éolien terrestre ( voir notre article ) Dans la pratique, l'appel d'offres va surtout conforter les poles industriels existants (Saint-Nazaire, le Havre), mais en Normandie, il permet d'associer la Manche au développement économique du « 1476 », la zone constituée par le Calvados et la Seine-Maritime, autour de Caen et de Rouen, donc il renforce la cohésion territoriale de la Normandie. En Bretagne, l'emploi créé autour de Saint-Brieuc étant minime par rapport à ce qui est prévu autour de Saint-Nazaire, la place dominante de la métropole bretonne de référence Nantes-Saint-Nazaire va s'en trouver confirmée et pérennisée.
Un problème se profile cependant : Alstom a écarté le recours aux fondations jackets développées par STX et dont un exemple supporte l'éolienne-proptotype du Carnet. A l'heure où les Chantiers ont perdu la commande des deux paquebots de Virgin Cruises qui avaient été annoncées comme cadeau de Noël de la part de l'Etat (interventionnisme économique toujours), la capacité industrielle développée par STX peut permettre une diversification très utile pour éviter aux ouvriers des Chantiers une période très difficile à partir du mois de mai ( voir notre article ) . C'est pourquoi les pouvoirs politiques locaux vont s'impliquer pour que les fondations de STX soient imposées à Alstom ( voir notre article )