Situé rive nord de la Loire, sur le bras de La Madeleine juste en aval du pont Anne de Bretagne, le ponton Anne de Bretagne a disparu. Enfin, pas exactement. Cette plate-forme, dont le panneau a été photographié lors de l’escale du Fryderyk Chopin (voilier) à Nantes en août 2010 ( voir notre article ) , a été remplacée par un ponton Belem, long de près de 100 m, en juin dernier, apprend-on à l'occasion de l'arrivée du Belem à Nantes pour quelques semaines (1). L’inauguration a eu lieu le 11 juillet.
Ce ponton offre plus de places aux bateaux de plaisance que la Ville souhaite de plus en plus nombreux, il a été doté de services toujours appréciables dans un port de plaisance, comme des toilettes. Mais il a perdu son nom.
Des deux natifs de Nantes, Anne de Bretagne et le Belem, –c'est le navire qui a gagné. Nantes a donc maintenant un ponton Belem. Ce choix serait pour honorer dans sa ville natale ce bateau [breton] construit à Nantes en 1896, commandé par l'armateur breton de Nantes Fernand Crouan en 1895 (2). Exit Anne. Sur décision de qui ? Avec consultation de qui ?
De plus, ce bateau construit en Bretagne en 1896, n'a pas le droit d'arborer en pavillon de courtoisie son Gwenn ha Du en Loire-Atlantique (sur ordres donnés, fut-il répondu à un militant breton qui s'en inquiétait, quand il le vit retiré à Saint-Nazaire il y a quelques années). Pavillon qu'il possède puisque d'aucuns l'ont vu à Concarneau, au Pays basque nord, avec le drapeau basque... Voir la photo 4 de Bernard Balerdi à Bayonne en août 2010 sur ( voir notre article ) . Une affirmation de l'identité bretonne et de l'arrivée en Bretagne du navire construit... oui, en Pays de la Loire (qui n'existaient pas en 1896), cela ferait un tantinet déplacé... pensent certains. Surtout quand on veut affubler de l'identité " ligérienne " le département de Loire-Atlantique en lui confisquant son identité bretonne.
Comme en témoigne http://www.voilesnews.fr/fr/info_468_20956.html de VoilesNews.fr du 25 mai 2009 : Extrait : " Nantes renforce son accueil maritime et se dote d'un nouveau ponton. Le ponton Anne de Bretagne sera installé courant juin, au pied du pont éponyme sur ce bras de Loire (le bras de La Madeleine), situé à quelques centaines de mètres du coeur de la ville (...) ".
Et, comme le précise la fiche technique (voir PDF) émanant de " Les Ports de Nantes Métropole " (3) modifiée le 10 avril 2012, à destination des plaisanciers, il sera accessible à partir de juin 2012. Alors à qui devons-nous ce tour de passe-passe pour le renommer Ponton Belem, en juin 2012 justement... ?
Car c'est bien de cela qu'il s'agit en Loire-Atlantique. La débretonnisation sournoise, continue, dont des infatigables militants de la réunification ont signalé ce dernier coup à ABP.
Exit aussi l'immeuble Anne de Bretagne en diagonale de l'autre côté du pont. Il a changé de nom.
Au fait, pour être un peu sarcastique, il n'y a pas encore de pont Olivier Guichard à Nantes, mais encore un pont Anne de Bretagne... jusqu'à quand ?
Quant aux rues aux noms très bretons de l'île de Nantes, alors qu'elle se nommait encore Île Sainte Anne, patronne des Bretons, elles subissent des amputations.
Deux exemples :
–– le quai Fernand Crouan, armateur breton, père du Belem, nous l'avons vu (2), a été rebaptisé en quai François Mitterrand en face du Palais de Justice. Sur les courriers, c'est plus parlant et moins breton. Ne gardant son nom d'origine qu'en aval du pont où il n'y a pas de domicile, donc pas de courrier, sauf peut-être le nouveau ponton, verrue contestée, du bar-restaurant-réceptions de l'architecte Olivier Flahaut en face du ponton Belem.
–– la rue La Noue Bras de Fer, plus exactement François de La Noue dit bras de fer –– n'’eut-il pas été plus respectueux et instructif de le nommer de son vrai nom, ajoutant " dit Bras de Fer " –– natif de La Chapelle-sur-Erdre... a laissé une partie de sa rue à la rue des Architectes (mais quels architectes ? (4)) près de la nouvelle école d'’architecture.
Il est à noter que certaines plaques de l’'Île de Nantes sont très peu informatives :
– La place François II, le dernier duc de Bretagne (5), sans la mention sur ses plaques de duc de Bretagne a valu une belle erreur à un journaliste (sans lunettes ?) qui s'’est cru place François Ier.... La coupure de presse vantant la boulangerie qui s’'y trouve était encore en vitrine en mars 2009 (voir photo 18) !
Mais, en l’'absence de précisions, et puisque le mot " Bretagne " et ses symboles dérangent tant la Ville : ce François II sans plus pourrait être aussi bien le roi de France François II, qui régna peu de temps, du 10 juillet 1559 jusqu'à sa mort le 5 décembre 1560 (son père était Henri II, un petit-fils d’'Anne de Bretagne, par sa mère Claude de France). Ou un autre des six ou sept ducs François II que comptent les dictionnaires courants... Cette occultation est néfaste et peut porter, on le voit, à confusion.
–– Remarquons aussi la plaque rue Arthur III. De même, ni dates (1393-1458) ni mention de Duc de Bretagne, ou de Connétable de Richemont, il est quasiment anonyme... Son titre est Arthur III de Bretagne. Toutefois il a une statue en pierre à Nantes en symétrique de celle d’'Anne de Bretagne, au sud du Cours Saint-Pierre, récemment restaurées (6).
(1) Du jeudi 11 au dimanche 28 octobre 2012, http://www.nantes.fr/decouverte/actualites-decouverte/escale_du_belem Accès : Tramway ligne 1, arrêt Chantiers navals.
(2) http://www.fondationbelem.com/histoire_1896-1914_l_antillais_de_nantes.htm de la Fondation Belem, page Histoire du Belem. Extrait : Le 23 décembre 1895, Fernand Crouan, de la maison Denis Crouan Fils, armateurs à Nantes, commandait à Adolphe Dubigeon, directeur des chantiers du même nom à Chantenay-sur-Loire, la construction d'un trois-mâts barque à coque d'acier. Il s'appellerait Belem, du nom d'un port du Brésil où les Crouan avaient fondé au début du XIXe siècle un comptoir commercial. Il allait servir au transport de marchandises, notamment de cacao pour le compte du célèbre chocolatier Menier.
(3) Les Ports de Nantes Métropole, Capitainerie, Île de Versailles, 44000 Nantes. Tél. (+33)2 40 37 04 62, les3ports [at] nge-nantes.fr et http://www.ports-nantes.fr/
(4) mais quels architectes ? : un nom de rue aussi banal que rue des Colibris ou des Mimosas...
(5) François II de Bretagne, né le 23 juin 1433 à Clisson, mort à Couëron le 9 septembre 1488, père d'’Anne de Bretagne.
(6) Wikipédia ne peut être ni parfait, ni complet. Le nom de cette place n’est pas récent. Or la page Liste des places de Nantes http://fr.wikipedia.org/wiki/Liste_des_places_de_Nantes ne le mentionne pas, malgré une Dernière modification de cette page le 7 novembre 2012 à 16:31 – ou encore le 23 mai 2013 à 03:14, vu lors de la mise à jour des photos ici – ce qui ne veut pas forcément dire, on le voit, Mise à jour. Les rues et quais montrés ici en photo sont listés, sans article spécifique.
Maryvonne Cadiou