Déjà certifié utilisable en agriculture biologique, le compost issu de la collecte séparée des bio-déchets, produit sur la plate-forme « la Lande de Libourg » à Guignen (Ille-et-Vilaine), vient de recevoir le label ASQA (Amendement Sélectionné de Qualité Attestée).
Après les plateformes du Syndicat Centre Hérault, près de Montpellier, et du SMICVEL Libournais Haute Gironde, le site de la Lande de Libourg est la troisième en France à en bénéficier.
Le label, créé par le réseau Compostplus avec le soutien de l’Association permanente des chambres d’agriculture (APCA) et de l’ADEME, est la seule démarche qualité reconnue par le monde agricole.
Le label ASQA reprend un référentiel plus poussé que la norme française afin d’apporter aux agriculteurs bio ou inscrits dans une démarche éco-responsable une garantie sur la qualité du compost utilisé sur leurs sols. Le compost doit être issu d’une collecte séparée des bio-déchets. Un double contrôle des intrants doit être pratiqué au moment de la collecte et de la réception en plate-forme. La traçabilité du produit depuis le producteur de déchets jusqu’à l’utilisateur agricole doit être assurée par la définition de lots. La stabilité du produit doit également être garantie. Les conditions de mise en oeuvre de ce référentiel sont vérifiées par des organismes indépendants. Le site de la Lande de Libourg est ainsi contrôlé par le cabinet Bureau Véritas Certification.
Ainsi, le compost n’est plus seulement un produit, mais le résultat de tout une chaîne de production qui démarre dès le tri à la source. Outre la qualité du produit, la qualité de la filière repose sur la qualité du tri, de la collecte, des opérations de traitement et sur l'utilisation du produit lui-même. Jusqu’à présent, il n’existait pas d’outil qui permette de contrôler l’ensemble de cette chaîne. Le label ASQA permet ce contrôle, rendu nécessaire pour une meilleure transparence de la filière, afin de sécuriser l’agriculteur-utilisateur et d’asseoir solidement sa confiance.
Le label ASQA répond à un enjeu fort
La matière organique est une ressource pour le monde agricole. Épandue sur les sols, elle libère une partie des éléments fertilisants nécessaires à la croissance des plantes, et améliore la structure des sols, leur conférant une meilleure résistance à l’érosion et à la sécheresse. Pour éviter que cette ressource ne s’épuise dans les sols, il est nécessaire d’en apporter régulièrement. Or, certaines régions ne disposent pas des quantités suffisantes pour subvenir aux besoins de leur agriculture et dépendent alors de l’utilisation de fertilisants minéraux pour maintenir les rendements. Les collectivités territoriales, chargées de la collecte et du traitement des déchets ménagers, détiennent une partie de ce gisement. D’après les chiffres de l’ADEME, plus de 30 % des déchets résiduels produits par les habitants sont d’origine organique, soit un gisement de près de 5 millions de tonnes par an. Valorisé sous forme de compost, ce gisement permettrait d’entretenir près d’un million d’hectares de sols agricoles (à raison de 15 tonnes/ha/3 ans). Mais cela suppose aussi une capacité à produire un compost de qualité, répondant aux exigences toujours plus fortes imposées au monde agricole.
La plate-forme de compostage, créée en 2014 et gérée par le Smictom des Pays de Vilaine, produit un compost utilisé par une vingtaine d’agriculteurs du territoire, dont trois en agriculture biologique.
C’est notamment le cas des frères Diotel, producteurs de blé et de sarrasin bio, cultivés, moulus et transformés à la ferme. Pains et galettes de sarrasin sont cuits sur place, puis vendus à la ferme et sur les marchés. Les frères Diotel viennent de lancer une gamme de chips de sarrasin « Celti Croc’ ». Leur ferme se trouve à moins d’un kilomètre de la plate-forme de compostage. En utilisant ce compost de haute qualité issu du tri à la source des bio-déchets des habitants, leur démarche s’inscrit pleinement dans l’économie circulaire favorisée par le Smictom des Pays de Vilaine.
L’obtention du label ASQA devrait permettre à la plate-forme de compostage de séduire davantage d’agriculteurs présents sur son territoire mais aussi rassurer les riverains sur la qualité du travail mis en œuvre pour réduire les nuisances de l'activité de compostage.