Il y a 20 ans, Ronan le Flécher et moi-même lancions un webmedia, le premier en fait en Bretagne, du nom de Agence Bretagne Presse. C'était, oui, le 13 octobre 2003. Cette date est la date du premier article qui est toujours dans nos archives, comme d'ailleurs 43 880 autres, autant de photos, et 8 600 vidéos (pas toutes archivées).
Dès le début il y a eu des tentatives de sabotage. Un certain Claude Guillemain a carrément repris une dépêche de l'AFP et l'a postée sur le site en 2005. Un certain Philippe Parisse a fait la même chose en 2008. Publier l'AFP sans abonnement c'est du 5000 euros d'amende. À ce sujet, l'AFP a refusé en 2017 que nous déposions la marque Agence Bretagne Presse. Elle est intervenue au près de l'INPI pour bloquer la procédure avec deux arguments : ABP profiterait de l'aura de la marque AFP, et, les lecteurs pourraient penser que ABP est une succursale de l'AFP. Donc voilà, la marque Agence Bretagne Presse n'est pas enregistrée mais rien, ni personne, ne peut nous empêcher de publier et c'est le principal.
Nous avons eu deux poursuites judiciaires pour diffamation que nous avons gagnées et merci à Skoazell Vreizh qui nous a aidés et à Me Yann Choucq qui nous a défendus. Nous avons aussi eu deux crises éditoriales majeures. Celle autour de la publication des communiqués du parti d'ultra droite Adsav qui avait entrainé le départ de feu Bernard Le Nail et celle autour de l'infiltration dans l'équipe d'une agente du nom de Laurence Desneaux, alias Marie Duvell, alias Melize Danet. Partie avec les rédacteurs de l'ABP dans le but de la détruire, dont Fabien Lécuyer et Jacques-Yves Le Touze, elle a disparu avec le site concurrent qu'elle avait lancé : 7seizh.info. ABP est toujours là et durer c'est gagner.
Un autre webmedia est apparu en 2014, il s'agit de NHU lancé par Rémy Penneg. Nous entretenons des relations cordiales avec NHU mais aucune tentative de coopérations ou d'échanges n'ont abouti. C'est dommage. Aucune syndication n'existe. NHU a parfaitement le droit de streamer nos nombreuses vidéos qui sont publiques sur youtube mais ils ne le font pas. Refus aussi de collaborer avec ABP de la part d'Erwan Chartier-Le Floch quand il a lancé Le Journal de la Bretagne en 2018 alors que le directeur de l'information du Télégramme, qui finançait en partie le projet, lui en avait fait la demande. Dommage. Cet échec est malheureux car il y a une demande réelle pour un journal papier distribué sur les 5 départements de la Bretagne historique.
Nous avons trois fois plus de lecteurs que NHU selon l'entreprise Similar web . ABP a 180 000 visites sur 3 mois et NHU 64 000. A titre comparatif Le Télégramme a 40 millions de visites sur la même période, et sans compter le papier. Les chiffres sont étonnants pour le webmedia d'ultra-droite et très conciliant avec les thèmes de l'ultra droite française et avec la Russie dirigée par la mafia-kégébiste de Poutine : Breizh-info. Avec 1.4 million de visites sur la même période, il se place en tête de tous les webmédias bretons. Le scope de Breizh info est bien plus large, il couvre l'actualité régionale certes, mais aborde aussi le "national" et l'international selon les incidences avec leur thème de prédilection qui est l'immigration qui, oui, est devenu un thème populaire. Ce thème leur a permis de surfer allègrement sur une vague porteuse car les problèmes liés à l'immigration ont longtemps été ignorés par la presse régionale et nationale. Les médias ne se définissent pas uniquement par ce qu'ils publient mais tout autant par ce qu'ils ne publient pas.
Même si des personnes ont été menacées récemment en Bretagne pour avoir écrit, ou pas écrit, certaines choses sur le projet d'un centre d'accueil d'immigrants à Callac, ou sur l'agro-business et les algues vertes, cela reste des menaces locales ou du moins anonymes et individuelles. Contrairement à ce qui se passe dans d'autres pays, la liberté de la presse n'est pas remise en cause dans les institutions ou par l'État. Elle reste en France une liberté fondamentale et constitutionnelle ! Les limites comme l'apologie du terrorisme ou le négationnisme ne remettent pas en cause les fondamentaux.
Les contributeurs de contenu sur ABP sont bénévoles. ABP est structurée en association. Les finances sont gérées par l'Association Bretonne pour les médias numériques ou ABPMN, une asso loi 1901 déclarée à la préfecture de Rennes. ABP a un minimum de revenus mais pas suffisants pour avoir des salariés. Les abonnements à la revue de presse sont devenus gratuits depuis deux ans. Toutes les autres newsletters et nous en avons quatre sont gratuites. Quand ABP a besoin d'argent, elle fait appel aux militants et ça marche. Mon ordinateur, mon outil de travail, est aujourd'hui un Macbook Pro super performant. Une merveille. Tout notre équipement, photo et vidéo, a aussi été renouvelé en 2023 grâce aux dons des lecteurs. Voir la qualité des images de ( voir notre article ) comparée avec notre première vidéo faite en 2006 ( voir notre article ) . Les progrès des technologies de l'image numérique ont mis le cinéma à la portée de tous avec une qualité inimaginable il y a 20 ans. Et de nouveaux algorithmes ont démocratisé et généralisé aussi l'écrit .
Le breton occupe de plus en plus de place sur le site grâce aux publications régulières de Fanny Chauffin et même à celles de notre lointaine correspondante en Géorgie : Anna Mouradova. Sans oublier les annonces de la télévision en ligne brittophone Brezhoweb. En 2020 nous avons lancé la première newsletter quotidienne intégralement en breton. Tro ar mediaoù bemdez e brezhoneg annonce dans cette langue les titres et les liens vers tout ce qui a été publié sur internet la veille.
ABP participe dorénavant au développement de nouvelles technologies de traduction et de sous-titrages et surtout à la construction du corpus breton qui permettra, grâce à l'intelligence artificielle, de sauver cette langue et toutes les langues minorisées mais dotées d'un corpus conséquent. Pour comprendre les enjeux, voir la conférence de Mélanie Jouitteau que nous avons filmée au Festival Interceltique de Lorient.
Les BOTS (un mot américain qui vient de robot) de l'ABP sillonnent en quasi permanence les réseaux à la recherche d'info pertinentes pour vous en avertir. En janvier 2023, ABP a lancé le premier webmedia breton intégralement en anglais et il est maintenant référencé par le moteur de recherche de Google dans la sphère anglophone. Ce nouveau media a besoin de contributeurs, donc si vous êtes anglophone, n'hésitez pas. Si vous ne l'êtes pas complètement ou si vous voulez internationaliser votre produit ou votre combat, n'hésitez pas non plus, car nous avons une correctrice qui vous reliera. Ne pas oublier que ChatGPT et google translate font de très bonnes traductions du français à l'anglais.
Bon anniversaire et longue vie à ABP ! Merci à toutes les contributrices et tous les contributeurs de contenu, nos correctrices et correcteurs, nos traductrices et traducteurs, sans oublier nos donateurs !
Philippe Argouarch