On commence à célébrer les quarante ans de la mort du poète journaliste Xavier Grall né à Landivisiau et mort à Quimperlé dès le mois de novembre, et à la librairie Penn da benn hier, les invités ont permis de mieux connaître celui que certains qualifient, de façon réductrice, de "barde national breton"...
Dans la salle d'exposition de la librairie Penn da benn où les magnifiques oeuvres de Rachel la Prairie sont présentées, Marcel le Lamer joue le "maître du temps". Ami de Thersiquel, il garde la nostalgie du temps où Pont-Aven résonnait des pas de Grall, Huart et Glenmor, amis de bamboche mais aussi infatigables gouailleurs, créateurs, ... Aussi, avec Pierre Tanguy, qui a connu Grall qui relisait ses textes et l'accompagnait dans son oeuvre poétique, et quatre intervenantes qui ont lu sa poésie, les 25 personnes attentives ont pu mieux connaître celui qu'on appelle simplement "Xavier".
Plus de quatre biographies ont été écrites à son sujet : Loisel, Kerdraon,... et ses oeuvres feront bientôt l'objet d'une édition "complète" (mais y aura-t-il tous ses articles du Monde ? De Témoignage chrétien ? De "la chronique de mon oeil" ? De la vie catholique, où il a écrit les Billets d'Olivier, les Vents m'ont dit, chronique du Logéco... ) .
Poète et journaliste, il découvre la Bretagne, il découvre qu'il est breton, après des études classiques (latin-grec) en Algérie. Ébloui par le Maroc, et révolté par le sort que la France fait subir au peuple algérien, il revient révolté, ... et Breton. Sa quête va alors se tourner vers une Bretagne qui retrouve sa fierté, ses origines mais aussi son ouverture aux vents du monde, tout sauf refermée sur elle-même. Alors il revient, et passera les huit dernières années de sa vie à Botsulan, en Nizon, avec ses cinq filles et sa femme Françoise.
Et il continue à écrire, sur l'actualité des peuples opprimés, sur la vie en Bretagne, il rédige "Le cheval couché" en réponse à Per Jakez Hélias. Grall défend Lamennais, tout en critiquant les réformes de la religion, il est profondément chrétien. Il fustige les "barbus tristouilles" des mouvements bretons mais il est plus Breton que beaucoup, barde "imaginé", poète maudit qui se compare à Villon, à Verlaine. Excessif, malgré son emphyzème, il continue à boire, à fumer, à prendre ce qu'il appelle ses "drogues". Damné, mais breton, damné mais profondément chrétien malgré les conciles, malgré une Église qui oublie le sens du sacré (il aime le grégorien, les cantiques bretons). Il utilise le breton, même s'il ne connaît pas la langue. Il célèbre une Bretagne rêvée, "mythologisée" (Marcel le Lamer).
Mais laissons Pierre Tanguy nous le présenter :
" Poète à la foi chrétienne chevillée au coeur, profondément rebelle et révolté quand l'homme était atteint dans sa dignité, Xavier Grall a livré une oeuvre qui n'a pas pris une ride : "on ne naît pas Breton, disait-il, on le devient, à l'écoute du vent, du chant des branches, du chant des hommes et de la mer ".
Livre : Pierre Tanguy, Ici commence la musique du monde, L'enfance des arbres, 2021
Agenda des autres événements à venir :
- 11 décembre : rencontre avec Dan ar Bras à la médiathèque de Quimperlé
- 12 décembre : à l'auberge Gloanec, hommages à 11h (librairie) et à 15h (suite)
- 12 décembre : concert à Nizon à 17h avec musiciens et comédiens, Pont Aven
- 18 décembre : concert Dan ar Bras à Locunolé