Plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées hier dimanche 25 février sur la place de la mairie de Carhaix en soutien à l'hebdomadaire Le Poher, menacé depuis plusieurs semaines par des lettres anonymes et une alerte à la bombe.
On a pu y voir des journalistes, des syndicalistes, des élus et de simples citoyens. Le maire de Carhaix, hospitalisé à Brest suite à un infarctus, était absent. Jean-Michel Le Boulanger, ancien vice-président le la Région et auteur de plusieurs ouvrages sur la Bretagne y a fait une intervention remarquée contre l'intolérance. Il a énuméré une longue liste de victimes y compris la rédaction de Charlie Hebdo et dernièrement en Russie, le cas de la journaliste russe Maria Ponomarenka condamnée à six ans de prison pour un article dénonçant la guerre en Ukraine. Il a rappelé que la liberté de la presse est un combat sans cesse renouvelé.
Ces menaces contre le journal Le Poher ont suivi le traitement de troubles et d'affrontements à Callac par l'hebdomadaire. Callac est une commune des Côtes d'Armor dont la mairie avait accepté le projet d'une association, basée en Île de France, de mettre sur pied à Callac un centre d'accueil de réfugiés. Un projet contesté par la majorité des habitants qui a été abandonné depuis par la mairie. La mairie avait refusé par ailleurs d'organiser une consultation des habitants de la commune. La majorité des habitants de Callac, contre ce projet, n'est pas forcement xénophobe ou raciste. Etre contre l'arrivée de réfugiés dans votre village alors que vos enfants diplômés ont dû partir à Paris, voire à Montréal ou ailleurs au bout du monde, pour trouver des emplois à la hauteur de leurs diplômes, ne fait pas de vous un fasciste.
Ce qui a frappé l'opinion bretonne dans cette affaire c'est les tentatives de récupération par des partis politiques 'nationaux'. À Callac, le parti d'Eric Zemmour Reconquête était très présent. À Carhaix samedi, on voit sur la photo ci-dessus, une flopée de drapeaux rouges du Mouvement de la Jeunesse Communiste.
Quelque soit son opinion sur cette affaire, un journaliste a parfaitement le droit de traiter le sujet comme il l'entend. Ce droit est la base de la liberté, la fondation même de la démocratie.
Des plaintes ont été déposées par le journal Le Poher et son dirigeant Erwan Chartier, mais personne ne sait si les menaces sont le fruit d'un individu isolé ou d'un groupe politique organisé. Les propos racistes et xénophobes des menaces indiquent clairement que l'auteur se situe à l'extrême droite de l'échiquier politique français.
Tout cela est si fragile… Rien n'est acquis ! Rien n'est jamais acquis ! L'histoire est peuplée d'atteintes et de coups portés à la liberté d’expression et notre actualité en déborde... Alors qu’à Carhaix, Le Poher était menacé, il y a quinze jours, le 10 février, était créé un comité de soutien au journaliste Mortaza Behboudi, détenu en Afghanistan depuis le 7 janvier par les Talibans. Le 14 février : descente de Talibans dans les locaux d’une chaîne de télévision à Kaboul. Le personnel est frappé, des journalistes emprisonnés. Le 16 février : la journaliste russe Maria Ponomarenka est condamnée à 6 ans de prison pour un article dénonçant la guerre en Ukraine. Dans la Russie d’aujourd’hui, les fausses informations sont passibles de 15 ans de prison. Le 18 février : sortie sur Arte TV de l’enquête de Reporter sans frontières sur l’exécution sommaire par l’armée russe du journaliste ukrainien Hakx Levin. Le 21 février, cette semaine, en Ethiopie, suspension de 15 médias étrangers.- Jean-Michel Le Boulanger
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