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- Dépêche -
En Ukraine, l'histoire enseignée n'est plus la même à Kiev et à Donetz
En Ukraine, l'histoire enseignée n'est plus la même. Elle change selon la géographie, car l'Histoire, de tous temps, a été politique. Depuis la rentrée, les livres d'histoire de l'Ukraine ont été modifiés en Ukraine pro-Russe, comme dans l'Ukraine de Kiev.
Par Philippe Argouarch pour ABP le 13/05/15 15:33

En Ukraine, l'histoire enseignée n'est plus la même partout. Elle change selon la géographie. L'Histoire a toujours été politisée. Depuis la rentrée, les livres d'histoire ont été modifiés en Ukraine pro-Russe, dans la nouvelle République de Donetsk. On n'y apprend plus que la politique de collectivisation de l'agriculture des Soviets, couplée avec la vente à l'export de la production céréalière ukrainienne par les même Soviets de Moscou, sont la cause de la grande famine ukrainienne de 1932-1933, famine au cours de laquelle périrent de 3 à 5 millions d'Ukrainiens selon les sources, mais que cette famine est due à une crise économique générale dans toute l'URSS. (voir le site) du New York Time du 30 avril ou (voir le site) du Guardian du 20 avril 2015.

L'autre Ukraine, celle de Kiev, change aussi l'histoire enseignée et les devoirs de mémoire y sont différents. Les bons et les méchants ne sont pas les mêmes à Donetzk et à Kiev ! Le parlement ukrainien vient de passer une loi réhabilitant les nationalistes ukrainiens qui ont combattu pendant la Seconde guerre mondiale, d'abord contre la Pologne (dont une fraction de l'Ukraine faisait partie) et ensuite contre les Russes et, même, certains d'entre eux contre les Allemands et les Russes tout à la fois. Dans les deux cas, l'armée Insurrectionnelle ukrainienne (UPA) était alliée avec l'Allemagne nazie et a participé aux massacres de Juifs, en plus de Polonais et de Russes. D'après l'universitaire américain, Mordecai Paldiel, jusqu'à 220 000 Ukrainiens ont combattu du côté allemand. Ce n'est qu'après la déclaration de l'indépendance de l'Ukraine en juin 1941, que Stepan Bandera, le leader indépendantiste, ainsi que son gouvernement furent arrêtés et envoyés en prison en Allemagne (mais pas en camp de concentration). Le virage de Berlin à l'égard des nationalistes ukrainiens fut le même qu'à l'égard des nationalistes bretons. Tant que l'on pouvait les utiliser, c'était bon, mais pas plus. Aucun pouvoir politique ne sera accordé, car le Reich avait d'autres projets, en l'occurrence, la germanisation de tous les territoires conquis.

On construit aujourd'hui en Ukraine des statues en mémoire de Stepan Bandera, car s'il a collaboré avec les Nazis, beaucoup le considèrent comme un héros national d'autant plus qu'il a été assassiné par le KGB, en 1959, alors qu'il vivait exilé en Suisse. La loi qui vient de passer réhabilite tous les Ukrainiens et les organisations ukrainiennes qui ont combattu pour l'indépendance au XXe siècle. Dans le même temps, la nouvelle loi interdit les symboles nazis ou communistes : “Le régime communiste totalitaire s'était mis en tête de détruire délibérément l'identité nationale”, a déclaré Volodymyr Vyatrovych, l'historien qui dirige l'institut de la Mémoire nationale et qui introduisit la loi au parlement.

La propagande russe sur le caractère nazi du gouvernement de Kiev ne peut être en rapport avec le genre de gouvernement à Kiev, qui n'est en aucun cas fasciste, ce sont des démocrates, même plus démocrates que la Russie de Poutine. Certes les Russes n'acceptent pas la réhabilitation de Stepan Bandera et des vétérans encore vivants qui vont recevoir une pension mais il est évident qu'ils rejettent aussi le nationalisme ukrainien dans sa globalité de la même façon que la France a toujours nié ou rejeté le nationalisme breton.

MAJ du 14 mai 2015

Cet article a été modifié par son auteur