L’Observatoire de l’immigration et de la démographie vient de publier, le 24 septembre 2024, un rapport intitulé : L’immigration dans les territoires, quinze ans de bouleversement (2006-2021). La Bretagne est désormais sur le podium des territoires dont l’immigration a le plus progressé ces dernières années. Les chiffres parlent d’eux-mêmes.
La part des immigrés dans la population générale en France est ainsi passée de 8,1% en 2006 à 10,2% en 2021 (atteignant 10,7% en 2023). Un constat clair peut être établi au regard des données historiques de l’INSEE, qui remontent jusqu’au début du XXème siècle. Il n’y a jamais eu autant d’immigrés en France qu’aujourd’hui, avec une croissance spectaculaire depuis la fin des années 1990.
Mais tout d’abord, qu’est-ce qu’un immigré ? Selon l’INSEE, un immigré est une personne née étrangère à l’étranger et résidant en France. Une personne devenant française par acquisition de la citoyenneté continue à être considérée comme immigrée.
La hausse rapide et forte de la population immigrée a été portée par une croissance conjointe des flux migratoires.
Titres de séjour : le nombre annuel de primo-titres de séjour accordés à des ressortissants hors Union Européenne, Suisse et Royaume-Uni, a augmenté de moitié entre 2006 et 2021 (+41%), passant de 183261 à 273360. Il a quasiment triplé entre 1997 et 2023 (+175%), pour atteindre 326954 primo-titres en 2023.
Asile : le nombre annuel de primo-demandes d’asile reçues en France a été multiplié par 3 entre 2009 et 2019, passant de 42000 à 138000 demandes. Ayant connu une baisse conjoncturelle liée au Covid en 2020-2021, il a ensuite repris sa dynamique pour atteindre 145000 personnes en 2023.
Immigration clandestine : le nombre de bénéficiaires de l’aide médicale d’Etat - réservée aux étrangers en situation irrégulière - a doublé entre le 1er janvier 2006 et le 1er janvier 2021 passant de 189284 à 382899 usagers, attestant de la dynamique plus globale de l’immigration illégale. Ce nombre a même triplé en moins de vingt ans (2004- 2023), pour atteindre 466000 personnes en fin d’année dernière.
Sur l’intervalle des quinze années concernées par l’étude, la population immigrée en France a augmenté de 1,8 million de personnes. Elle est passée de 5,136 millions en 2006 à 6,932 millions en 2021, pour atteindre finalement 7,282 millions en 2023. Le nombre d’immigrés résidant en France a donc augmenté de 35% sur cette période d’étude.
La volonté de l’Etat français de répartir les immigrés, notamment en Bretagne, fait que de nombreuses villes bretonnes se retrouvent avec des taux de progression les plus forts des 34955 communes de l’Hexagone ! La Bretagne est sur le podium !
Parmi les 10 villes de plus de 100 000 habitants les plus touchées, on retrouve Brest, Rennes et Nantes. Brest est en 2ème position en termes de progression, avec 7,7 % d’immigrés en 2021, et un coefficient multiplicateur de 2 sur la période étudiée. Rennes en 6ème position, 12 %, 1,68. Nantes en 7ème position, 11, 6 %, 1,64.
Parmi les 25 villes moyennes, entre 20000 et 100000 habitants, les plus touchées, plus de la moitié sont bretonnes, ayant toutes doublé le nombre d’immigrés en 15 ans.
La-Chapelle-sur-Erdre, 1ère place, 5,1%, 2,97 ; Vertou, 2ème, 4,2%, 2,78 ; Carquefou, 3ème, 5%, 2,65 ; Fougère, 4ème, 5,1%, 2,56 ; Rezé, 6ème, 7,2%, 2,48 ; Bouguenais, 8ème, 5,7%, 2,35 ; Saint-Sébastien-sur-Loire, 9ème, 6,1%, 2,31. Lorient, 12ème, 9%, 2,18 ; Orvault, 16ème, 7,8%, 2,11 ; Saint-Nazaire, 17ème, 8,3 %, 2,10 ; Concarneau, 21ème, 2,6%, 2,10 ; Couëron, 22ème, 4,1%, 1,99 ; Vannes, 25ème, 7,1%, 1,99.
Pour les petites villes, entre 3000 et 20000 habitants, la progression est encore plus spectaculaire. La Bretagne bat tous les records ! Sur les 25 premières villes, 17 sont bretonnes (68%). Prenons le temps de les énumérer :
La-Guerche-de-Bretagne, 1er place, 11,1%, 8,25 ; Vézin-le-Coquet, 2ème, 11,8%, 6,02 ; Saint-Méen-le-Grand, 3ème, 5,4%, 6,02 ; Le Rheu, 6ème, 8,9%, 4,62 ; Maen Roch, 7ème, 4,8%, 4,44 ; Orgères, 9ème, 6,3%, 4,19 ; Saint-Gilles, 10ème,4,6%, 4,14 ; Montgermont, 11ème, 5,5%, 4,09 ; Lamballe-Armor, 12ème, 4,3%, 3,98 ; Chavagne, 15ème, 5,3%, 3,89 ; Corps-Nuds, 16ème, 4,6%, 3,78 ; Pontivy, 17ème , 8,5%, 3,65 ; Mordelles, 18ème, 3,8%, 3,64 ; Noyal-Châtillon-sur-Seiche, 19ème, 8%, 3,60 ; Saint-Méloir-des Ondes, 22ème, 2,1%, 3,52 ; Loudéac, 24ème, 10,3%, 3,47 ; Châteaubourg, 25ème, 4,1%, 3,46.
Qu’en sera-t-il dans les 20, 30, 50 ans à venir ? Pour l’instant, la majeure partie de la mouvance bretonne pointe du doigt la population parisienne et française qui choisit de vivre en Bretagne, notamment concernant les problèmes - bien réels - de logement, sachant que la moitié des propriétaires de maisons secondaires en Bretagne sont Bretons. Les problèmes de l’immigration en Europe sont connus et documentés : logement, identité, chômage et bas salaires, insécurité culturelle et violence physique, modification du corps électoral, islamisation et montée du patriarcat, difficultés du maintien et de la transmission du récit national et de la culture du pays d’accueil. Mais en Bretagne, rien de tout ça évidemment ! Pas étonnant que les électeurs préfèrent les partis français - qui plus est, ultra-jacobins - qui, eux, prennent en compte le nombre important d’immigrés qui ne permet plus l’assimilation à la population d’accueil, encore moins en Bretagne où, en plus d’être Français, on leur demanderait aussi d'être Bretons, alors que nous-mêmes nous avons des difficultés à être toujours Bretons. Encore un article que ne manquera pas d’être mis à l’actif de l’extrême-droite. Non, non, je ne suis pas d’extrême-droite ! Je vois tout simplement la réalité des chiffres donnés par l’Observatoire de l’immigration et de la démographie, un organisme officiel français.
Emile Granville, le 10 octobre 2024.
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