Promis-juré, on ne recommencera plus ! (c’est Paris qui parle, NDLR)
Paris et sa région mangeaient la France. Donc, « on va rééquilibrer la France » disaient-ils. Je vous dirai comment dans 30 lignes.
Moralité, regardez Paris sur la carte : (plus c’est rose, plus ça augmente). Les départements limitrophes, ça gonfle : 93, 77, 94, 91, 95. (L’Oise, dép 60, est moins impactée car plus éloignée) ; quant aux 78, 92, départements bourgeois de l’ouest parisien, non, ce n’est pas les mêmes quartiers. Donc, on n’y construit pas, on se protège.
La ville de Paris, elle, se vide, toujours et encore depuis 30 ans. Ben oui, comment habiter à Paris quand louer un logement de moins de 70 m² pour une famille est impossible pour qui ne gagne pas 8000 € par mois ! (prix moyen du m² pour 70 m² = 30 € par m² par mois).
Donc rejet. Rejet vers la banlieue, mais pas la riche, non. Celle du croissant nord-est-sud de Paris. Là, la population explose (en nombre). Les logements suivent-ils ? Autre solution, se déporter vers le nord de Paris (pas le sud, trop cher). Et on s’installe à Creil, Beauvais. Mais devinez quoi ? Que deviennent les locaux ? Rejet encore plus vers le nord, et on observe une hausse des prix difficile vers Amiens du fait de populations rejetées à cause du Grand Paris.
Solution n°1 à 35 milliards, le Grand métro ÎdF ou le Grand Huit (officiellement : prix annoncé en 2017, mais on en reparlera).
Devinez qui va payer ce super métro-parisien ? Indispensable, pour désenclaver les transports parisiens. Ben oui, on fait les emplois à La Défense, mais les logements à Créteil. Faut bien les bouger, ces braves gens.
C’est pas les Parisiens qui vont payer ce Grand-Huit, ben non, car désenclaver Paris, c’est désenclaver la France. Donc les autres. Donc les Bretons vont payer aussi les erreurs commises depuis 50 ans, c’est la « solidarité nationale » (française) mais double, car il fallut payer, alors les infrastructures de plus en plus gigantesques. Chiffrage 2017 officiel : 35 milliards, contre 20 initialement prévus. Et nous ne sommes pas en 2030, fin des travaux ! Ah-Ah, il doit se retourner dans sa tombe Fulgence Bienvenüe, père du métro parisien. Et nous ne parlons pas des JO et du surcoût pour l'État français, donc des contribuables... aussi non parisiens.
Continuons la visite de la France
Il n’échappera à personne que les zones fortement rougées sont loin de Paris, mais qu’entre deux, c’est le vide, la dépopulation. La politique d’aménagement du territoire a été construite en deux temps : favoriser le TGV, puis développer la métropolisation. Ah, joli mot que celui-là. Tout parisien.
Le constat est simple, Paris étouffait, il fallait rééquilibrer. Mais comment ? Comme vous et moi aurions fait ? Que non point. Puisque la France est devenue forte grâce à Paris, elle le deviendra encore plus grâce à des mini-Paris. Des métropoles. Ainsi Paris a « bousté » des agglomérations comme Lyon, Montpellier, Toulouse, Bordeaux, Nantes, Rennes.
Tiens, la France est passée dans le même temps de la 4e à la 7e puissance mondiale. Et Nantes ou Rennes ne seront jamais des métropoles au niveau mondial.
Agglo-centre ou pays alentour ?
La logique parisienne s’installe donc dans ces agglomérations, avec un pouvoir politique accru, en partant du principe que si la ville-centre rayonne, cela profite à toute sa région, et rééquilibrera.
Mais encore erreur : les emplois se sont créés en ville, puis dans leur proche périphérie, chassant les commerces du centre, ou déshumanisant ces centres, chassant à chaque fois les habitants condamnés à être des néo-ruraux à 30-40 km. Qui consomment des routes à construire, au détriment de terres bien arables, qui sacrifient la vie de bourg des ex-communes de campagne avec la vie de son Sam-Suffit et vident leur bourg, car oui, on fait les courses au L*** sur le chemin du retour, et on ne va plus dans les petits commerces. Ces routes nouvelles qui sont accidentogènes, qui empêchent l’absorption des eaux pluviales, qui limitent aussi la vie culturelle.
Revenons à la carte de France, plus précisément vers la Bretagne
Le lecteur verra donc ici cette carte si explicite de la politique parisienne de la destruction des régions en créant des métropoles. Cette carte de l’Insee, organisme indépendant et rigoureux qui en fournit d’autres et donne tous les chiffres au niveau local, cache un second phénomène. D’une part, la métropolisation, mais aussi l’héliotropisme et l’iodotropisme (néologisme).
Est-il possible pour des jeunes qui vivaient jusqu’alors en sud-Bretagne, non loin de la mer, de trouver une maison à moins de 10 km de leur lieu de naissance et de vie ? D’une part, l’emploi disparaissant (voir plus haut) au profit des métropoles, d’autre part la diminution des résidences principales. Tout sur la côte devient résidence secondaire (multiplication des abris-côtiers). Certes, les Parisiens qui les achètent se revendiquent de souche bretonne pour beaucoup, mais. Mais. Avec un pouvoir d’achat immobilier cinq fois plus fort que le nôtre (possibilité d'acheter un m²), les prix atteignent des niveaux invivables. Nos côtes se vident de Bretagne !
Les départements rose foncé sur cette carte en fait sont soumis à deux phénomènes, la métropolisation, et la secondarisation.
Il est temps d’agir, car les villages d’indiens côtoyant des résidences secondaires, c’est dans pas longtemps. Et on ne veut pas !
Où est la solution ?
Assurément pas en gardant la même politique « nationale-parisienne ». L’heure est à l’autonomie, pour une vraie politique de développement de la Bretagne. Nous sommes capables d’un bel aménagement du territoire, nous sommes capables d’une politique des logements, des transports de l’emploi. Nous sommes aussi et surtout capables d’une vraie politique de notre environnement.
Quel beau pays avons-nous entre les trois grands centres : Brest, Nantes, Rennes, lé réseau de villes intermédiaires : Saint-Nazaire, Vannes, Lorient, Saint-Brieuc, et le maillage des villes intermédiaires, et les villes de proximité. Le tout est encore équilibré, si on le défend. Exemple récent avec l'hôpital de Carhaix. Battons-nous pour maintenir cet équilibre, avant que le centralisme ne le détruise.
Une politique du logement se fait dans chacun de nos bourgs, de nos bassins de vie
Il est grand temps que l’autonomie de la Bretagne arrive, et s’accompagne de structures administratives proches des habitants et de leurs préoccupations : la Bretagne pour les grandes infrastructures, les bassins de vie, de communautés de communes (à redéfinir), pour les équipements de santé, de commerce, d’emploi et donc aussi d’habitat et de développement local et environnemental.
Ne laissons plus faire Paris, ses Préfets, ou ses maires de métropoles qui sont les valets de son centralisme déshumanisant
Et bien sûr, nous parlons de la Bretagne, pas de celle-là limitée à la région administrative actuelle. Vous êtes d'accord, Monsieur Loïg Chesnais-Girard ?
Contrairement à ce que l’on croit, un logement social est un logement surtout pour les familles locales. Des jeunes veulent s’installer sans avoir encore un vrai boulot ? Une personne âgée, devenue seule, dans un logement devenu trop grand et trop énergivore ne serait-elle pas mieux dans un logement plus adapté, au milieu du bourg ? Sans ces logements aidés, c’est le rejet pour la jeunesse, l’isolement pour nos aînés.
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