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Aménagement de l’entrée sud de Pleurtuit : que d’originalité !
Il y a des modes dans l'art de bâtir, et si l'entrée de ville des années 90 était « brut de raw », panneaux publicitaires en distribil, tenues maraîchères plus
Par Louis Bouveron pour ABP le 29/04/12 21:25

Il y a des modes dans l'art de bâtir, et si l'entrée de ville des années 90 était « brut de raw », panneaux publicitaires en distribil, tenues maraîchères plus ou moins égarées en ville et autres façon plus ou moins brutes de repousser tout le laid de la ville contre la campagne, aujourd'hui, il faut des entrées de villes.


Avant : une traversée de voie ferrée en pleine campagne. Rien à déclarer.

Entrée de ville, c'est-à-dire que l'automobiliste doit s'apercevoir qu'il est sorti de la cambrousse où il pouvait rouler à cent à l'heure et qu'il entre dans un espace urbain hostile au tout-voiture, ou dans un village tortueux et dense où il ne dépassera pas l'allure du piéton, et encore, avec la grande magnanimité du bourgmestre de ladite bourgade. Une entrée de ville, c'est tout un art défini par des urbanistes de Paris, une fois pour toutes et pour l'édification de la province, pas pour l'usage de la capitale où de toute façon la place manque. Une entrée de ville c'est le respect. Des piétons (méga-trottoirs), des vélos (pistes cyclables très étroites que les vélos n'utilisent pas du reste), et un beau rond-point bien rond et bombé, bien gros mais pas trop, pour que surtout les camions et les bus chargés de desservir ce village perdu aient le plus grand mal à le prendre sans pouvoir non plus couper le fromage.


Entrée de ville, c'est partout pareil. Une route, un rond-point pour desservir l'inévitable lotissement de sortie de village, puis un autre pour le supermarché et son parking, ou le collège, et un autre enfin juste avant d'entrer dans le bourg. 18.000 ronds-points en France, la majorité dans les régions de l'Ouest, un chapelet de ronds-points sur nos routes et dans nos bourgs. Héric, Fay ou les banlieues de Nantes, c'est toujours pareil, une file de ronds-points à 500.000 € pièce fleuris ou sommés de pots, éventuellement d'écluses (Blain), de chaumières (Saint-Lyphard), d'ajoncs (Nantes) ou de la maisonnette de l'ancienne gare (La Plaine sur Mer).


Et maintenant Pleurtuit, 5455 habitants, près Dinard. Une église, deux chapelles restent encore à cette commune qui a donné naissance au Minihic-sur-Rance en 1849, à la Richardais en 1880. Aménagement de l'entrée sud, le meilleur endroit pour mettre le rond-point est pile sur l'ancienne voie ferrée, promue voie verte. Comme ça, si le train revient un jour entre Dinard et Dinan sous forme de tram-train, il aura déjà son rond-point à traverser, comme à Nantes. La voie verte sera du reste déviée pour traverser le rond-point dans les conditions optimales de sécurité d'après la société qui en assure la conception, GCA ingénierie. Pour installer l'œuvre d'art urbanistique, il a fallu raser une maison de garde-barrière. Puis se débarrasser en prime d'un lourd et épais quai en béton pentu de 100x20 m installé là par les Allemands en 1941 afin de décharger le matériel amené par voie ferrée et transbordé vers les chantiers de constructions de blockhaus environnants. Coût de l'opération : 800.000 €. Pour une réalisation dont la copie conforme existe sûrement à Pithiviers (Loiret), Mulhouse (Haut-Rhin), Lunel (Hérault) ou Pont d'Ain. Encore quinze ans d'entrées de villes, et elles seront plus efficaces que les instituteurs et les préfets de la 3e République…

Louis-Benoît GREFFE

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Cet article a fait l'objet de 1069 lectures.
Étudiant en droit-histoire expatrié en Orléans, passionné par l'histoire et le patrimoine de la Bretagne. S'intéresse aussi à l'économie bretonne et à l'actualité de Loire-Atlantique.
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Vos 4 commentaires
TY JEAN Le Dimanche 29 avril 2012 22:04
Et toujours dans le cadre de ces magnifiques réalisations,sans doute de haute qualité environnementales, on citera le rond-point carré au centre d\'Auray,2 ronds-points en périphérie, coût : 600 000+500 000 euros et cerise sur le gateau du gâchis , les superbes pontons de Locmariaquer défigurant l\'un des derniers plus beaux sites du littoral.Coût total des travaux en 2011: 2 millions d\'euros.Sur le compte des bretons.
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Louis BOUVERON Le Dimanche 29 avril 2012 23:59
@ Ty Jean : Antony L\'Héritier parlait déjà de pontons construits je ne sais où, mais qui avaient trouvé moyen de défigurer la grève <> pour les touristes. Le rond-point rectangulaire (à entrées asymétriques) qui se trouve près de Montbarey à Brest, si mon souvenir est bon, est à primer aussi. A moins que je ne le confonde avec une réalisation du même genre à Saint-Pryvé-saint-Mesmin (45), Mehun-sur-Yèvre (18), Coëx (85) ou Nangis (77), pour vous dire qu\'est-ce que c\'est un élément de reconnaissance propre à un bourg, un rond-point. Seules les protestations véhémentes de la société civile bretonne, et des contribuables bretons pourront y remédier. Ne jamais oublier que depuis l\'arrêt Casanova du Conseil d\'Etat (29/3/1901), un citoyen domicilié dans une commune ou une collectivité locale et qui y paye une taxe prélevée par cette même collectivité peut, comme je l\'expliquais ici ABP25443, émettre un recours en excès de pouvoir toute délibération du conseil municipal qui entraîne des dépenses pour la commune. Et 500.000 ou 800.000€ ce n\'est pas rien.
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Michel Prigent Le Lundi 30 avril 2012 06:02
Il me semble que la France détient le record d'Europe de rond-points à l'anglaise.
J'ai en mémoire un reportage de la revue Capital intitulé "Le financement occulte des partis...çà continue" (après des lois régissant "l'aide publique aux partis") incriminant les entreprises du BTP, titulaires de marchés publics (dont les fameux rond-points) et travaillant en "étroite symbiose" avec les collectivités...certainement des "menteries".
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TY JEAN Le Lundi 30 avril 2012 17:37
Sauf erreur,il semble que les premiers rond-points dits " à l'anglaise " apparurent en Bretagne, à Kemper au début des années 80.(Rond point de l'eau blanche).Louis Bouveron a raison les citoyens peuvent contester un projet porté par une commune et cela en créant une association.Cependant bien des habitants ne réagissent pas par crainte des pressions diverses ( elles existent ) surtout dans des communes ou tout le monde se connait...Pour les 2 ronds-points cités précédemment ils se situent en campagne, et actuellement en phase de finition. En 2012 on est en droit de se poser la question du choix entre l'essentiel pour la communauté, le bien pour tous et la futilité sinon la dépense scnadaleuse de fonds publics y compris européens ou sous forme d'impôts locaux.
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