Louis Dujardin médecin de campagne (1885-1969), par Noëlle Irvoas-Chapel, 2024.
Je viens de lire le livre de Noëlle Irvoas-Chapel sur son grand-père, le docteur Louis Dujardin ce médecin de campagne de Saint-Renan, intellectuel breton, passionné par la matière de Bretagne, la langue et la culture, et j’ai passé quelques bonnes heures.
Noëlle Irvoas-Chapel a eu accès aux carnets inédits de son aïeul « qui dormaient dans sa bibliothèque » et dans lesquels il notait au cours des années sa vie quotidienne. Elle offre au lecteur une biographie de cet homme exceptionnel élevé par une tante dans la ferme de Coat-an-éd, sa mère étant décédée à la naissance et son père marin parti faire la guerre au Tonkin. À son retour, ce dernier qui s’établit comme placier sur les marchés de St Renan et de Lesneven, et utilise ses talents de sculpteur pour divers travaux de restauration, peut ainsi financer les études de ses deux enfants. Louis en particulier, après des études chez les Frères, au collège de Lesneven ensuite et à Rennes en SPCN (année préparatoire aux sciences) entreprend des études de médecine et les termine à Montpellier. Les carnets (annotés et commentés par Noëlle Irvoas-Chapel ) racontent ces premières années de vie avec des détails sur la vie de cette époque : jeux de petits campagnards, la scolarité, le service et les études supérieures, le travail pour gagner son argent de poche (à Ouest-Éclair)…
Montpellier lui permet une découverte essentielle : le Félibrige. Immédiatement, il pense à sa Bretagne et revient plein d’idées et décidé à défendre cette langue bretonne qui lui tient à cœur. En 1912, il soutient sa thèse : Basse Bretagne et Bas Bretons en matière d’hygiène.
Suivent ses carnets de guerre de 1914 à 1919. Le jeune médecin est incorporé après un stage de chirurgie et il fera toute la guerre. Ses carnets sont une source inappréciable de renseignements pour l’historien et l’amateur d’histoire. Les notes, les documents (photos, fac-similés, explications) sont d’un apport exceptionnel car ce médecin est de tous les secteurs de la guerre jusqu’au 13 mars 1919 où il sera démobilisé.
De retour en Bretagne, il se consacrera à son métier de médecin de campagne et l’érudit bretonnant qu’il est laissera une œuvre importante (pour ses écrits en breton il portait le pseudonyme de Loeiz Lok).
Ce livre est un document indispensable sur un personnage trop peu connu et surtout, Noëlle Irvoas-Chapel, par une écriture agréable, a su mettre en valeur les aspects les plus intéressants de sa vie, ses rencontres, ses correspondants, ses idées. Les documents qu’elle a choisis avec soin, ainsi que les explications érudites qu’elle fournit offrent au lecteur un large panorama de la vie d’un Breton passionné par son rêve de Bretagne et par son rôle de médecin de campagne.
En vente chez l’auteur, Tel. 0298783756 ou Dialogues, Librairie-Café Les Déferlantes, Morlaix
François Labbé
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