Le but de ABP n'a jamais été de concurrencer la presse régionale — nous n'en avons ni la prétention, ni les moyens —, mais plutôt d'informer sur des sujets souvent autocensurés, évités ou mal couverts. L'un de ces sujets tabous est le montant des subventions que la presse reçoit de l'État (aucun média ne publie le montant de l'aide qu'il reçoit).
Les aides publiques à la presse ont toujours été sujettes à controverse. L'une des principales critiques est que des journaux appartenant à des milliardaires, à la tête de grands groupes industriels, en bénéficient également, au nom de l'égalité. D'un autre côté, certains médias, comme L'Humanité, reçoivent des aides disproportionnées par rapport à leur faible tirage (ça serait parce que les recettes publicitaires d'un journal communiste sont trop faibles) .
À une époque où le gouvernement Barnier envisage des économies de 60 milliards d'euros pour éviter la faillite de la France en raison d'une dette nationale colossale de 3 200 milliards d'euros, ces aides soulèvent des questions. Certes, il s'agit aussi de protéger des emplois, notamment ceux des journalistes, mais une réduction progressive de ces subventions pourrait être envisagée.
La législation européenne interdit les aides d'État aux industries, y compris la presse. En outre, les lois européennes régissant le marché commun interdisent qu'un groupe se constitue en association, comme l'a fait Ouest-France. Le groupe SIPA est supervisé par l'Association pour le soutien des principes de la démocratie humaniste (ASPDH), contrôlée par la famille Hutin. Pourquoi cette structure ? Parce qu'elle permet à une entreprise d'acquérir ses concurrents — ce que SIPA a fait en rachetant presque tout, sauf Le Télégramme — mais, en tant qu'association, elle se protège des rachats. Ce n'est pas un marché équitable, comme diraient les Anglo-Saxons : une protection à vie contre les prises de contrôle hostiles. Cela a permis au groupe SIPA de se constituer en monopole de fait, laissant juste Le Télégramme comme unique concurrent sur certains départements, sans doute afin de nier l'existence d'un cartel.
Le nombre de médias rachetés par le groupe SIPA est impressionnant. Le total des subventions allouées à tous ces titres, qui gardent souvent leur nom, atteint plus de 14 millions d'euros (14 615 998 €), dont 6 872 189 € pour le seul Ouest France. Le groupe SIPA serait propriétaire de 75 titres aidés, selon le ministère de la Culture. Le tableau Excel publié par ce même ministère pour l'année 2023, que nous mettons à disposition en PDF, annonce un total de 194 millions d'euros d'aides à la presse pour 809 médias. Près d'un titre sur 10 appartient au groupe SIPA. À noter que le montant total des aides pour l'année 2022 n'était que de 110 millions d'euros.
Parmi les médias contrôlés par SIPA figurent Actu.Fr, Bretons, Presse Océan et bien d'autres (liste complète incluse). Ce vaste réseau de titres de presse, tous soutenus par des subventions publiques, continue de bénéficier d'une structure unique qui les protège contre les rachats et les pressions du marché.
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Le Télégramme a reçu 2 639 568 € d'euros. Le Poher, qui fait partie du groupe Le Télégramme, 21 319 €; Le Mensuel de Rennes (groupe Le Télégramme) 5000 €. Le Peuple Breton 3311 €. Ya ! l'hebdomadaire entièrement en breton reçoit 21 523 euros. Même le New York Times, édition internationale à reçu 52 261 € ! Selon cette liste, aucun webmédia n'a reçu d'aide, pas même Mediapart qui toutefois bénéficie maintenant de la TVA à 2,1% comme pour la presse écrite.
La région Bretagne finance des médias. Il s'agit de radios souvent en breton et d'un web media dénommé KUB à hauteur de 206 667 € pour l'année 2023. La TV en ligne brittophone Brezhoweb a touché 489,516 € pour l'année 2022. Les chiffres pour 2023 n'ont pas été publiés.
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