Dans la superbe salle de la tour du Fer à cheval du château des ducs de Bretagne, les invités à cet anniversaire, accueillis en musique par le groupe nantais «Esquisse», étaient nombreux à se retrouver ou faire connaissance et écouter les discours de l'ouverture officielle de cette «dixième Fest Yves Gouel Erwan». Ils partagèrent ensuite un buffet bien garni, avant de découvrir la nouvelle muséographie du château dont la visite était proposée par Marie Hélène Jouzeau, conservatrice en chef.
«Jean Louis Jossic», conseiller municipal, représentant le député-maire de Nantes Jean Marc Ayrault ainsi que Yannick Guin, adjoint à la culture et au patrimoine, souhaite la bienvenue à tous et fait remarquer que, «avec le celtisme, et l''irlandisme', nous manquions un peu de 'bretonisme', ce qui est fini dorénavant», constatant l'ampleur que cette fête des Bretons a prise depuis dix ans.
«Patrick Mareschal», président du Conseil général du département, «salue les militants culturels bretons bénévoles qui ont permis cet événement», soulignant qu'en Loire Atlantique leur énergie est naturellement grande du fait du découpage actuel des régions qui renforce la notion d'identité là où on craindrait de la perdre.
«Jean Pierre Le Bihan» président de l'Association Fest Yves Gouel Erwan, disant s'adresser aussi aux «journalistes, archivistes spontanés de notre mémoire», avoue que «ce n'est pas sans émotion que nous ouvrons dans le château des ducs de Bretagne (...) la dixième édition de la Saint Yves / Gouel Erwan (...).
Née à Nantes, dans cette cité cosmopolite qui cherche quelquefois sa bretonitude, elle est le fruit de la réflexion d'un Breton, Yves Averty, d'une Mancelle Claudie Poirier et d'un Savoyard, Gilles Atrux, tous deux devenus Bretons de coeur.
La Saint Yves / Gouel Erwan a depuis essaimé et traversé les océans, un simple baluchon sur l'épaule sur les traces de tous ces Bretons voyageurs. C'est ainsi que, sans artifice, sans vraiment de budget, mais avec une conviction du diable, petit à petit elle chemine, conviviale et rassembleuse.» (Voir son discours complet en pdf ci-dessous).
«Yann Ber Thomin», vice-président du Conseil régional de la région Bretagne, délégué à la politique linguistique, représentant ici, avec Kristian Guyonvarc'h, le président Jean Yves Le Drian, commence en breton car il a «plaisir à faire résonner cette langue au château des ducs de Bretagne à Nantes». Il célèbre «ur gouel evit an holl Vretonned e Breizh Izel, Breizh Uhel, en diavaez Breizh hag e peurrest ar bed.»
Il célèbre aussi «la Bretagne ouverte au monde», dont la culture s'y répand, et salue «Produit en Bretagne, la tête de pont de notre économie, qui est là aujourd'hui et témoigne que notre économie vaut autant que notre culture. L'union de toutes ces composantes fait une Bretagne forte, connue dans le monde entier. Bravo à tous, à Claudie Poirier et aux organisateurs, de la part du Conseil général de Bretagne qui apporte son soutien. Cette fête est un 'mot d'amitié' à tous les Bretons du monde. Je souhaite une très belle Saint Yves à tous et à toutes.»
«Kristian Guyonvarc'h», vice-président du Conseil régional de la région Bretagne aux affaires européennes et internationales, évoque, «en tant qu'ancien Nantais, le plaisir que j'ai à me retrouver ici en ce lieu symbolique de l'histoire de la Bretagne, la Bretagne dont l'internationalité va croissant.
Celle de la Saint Patrick a nourri la notoriété de l'Irlande, maintenant la Saint Yves se fête jusqu'en en Chine... En 2006, à Pékin, après l'initiation des Chinois aux danses bretonnes, il y avait 750 personnes au fest noz de la Fest Yves, la moitié du public était composée de Chinois et Chinoises... La région Bretagne a créé des dispositifs de soutien aux Bretons du monde qui portent leurs fruits.»
«Alain Esnault», directeur des Salines de Guérande et président de «Produit en Bretagne» depuis mars 2006, à la suite de Xavier Leclercq, déclare «la Saint Yves a gagné le reste du monde, la Chine, le Japon, elle ne nous appartient pas. 'Produit en Bretagne' s'y joint pour favoriser la promotion de nos produits. C'est une association de savoir-faire bretons, dans l'agro-alimentaire, les produits du terroir et le domaine culturel.
En effet, il n'y a pas d'économie sans culture et réciproquement ; c'est l'un des principes fondateurs de 'Produit en Bretagne' qui s'est fixé comme objectif de contribuer à la dynamique économique et culturelle de la Bretagne ; d'ailleurs notre vice-président est aussi le président de la Commission culture.» [«Jakez Bernard», Label productions, Quimper, une des 17 entreprises de la sélection 'Culture et Création'].
Quelques 'confidences' :
«Jean Pierre Le Bihan» est né en Tunisie, breton par son grand père bigouden bretonnant, flamand de la Flandre française par sa grand mère paternelle, d'ascendance britannique de Malte du côté de sa mère. Il n'a jamais vécu en Bretagne. Installé à Tours, depuis toujours intéressé par la Bretagne, il est 'tombé vraiment dedans' lors d'un fest noz à Tours en 1999. Avec la danse, la musique, puis la langue qu'il apprend, il se nourrit alors de toute la culture bretonne qu'il trouve et décide de transmettre.
C'est ainsi qu'il contribue à renforcer à Tours le noyau culturel breton déjà conséquent, (et qui, à lui seul, mériterait un autre article), en fondant «une association pour l'enseignement du breton», qu'il transmet aux débutants, en installant «une émission hebdomadaire de deux heures de musique celtique sur les ondes de 'Radio béton'», en organisant les «Rencontres de Touraine du Kan ar Bobl»... En 2001, ils ont fêté la Saint Yves 'tout seuls à Tours sans savoir qu'elle existait déjà aussi ailleurs' ! Puis il prend connaissance de l'association, il adhère de Tours et le voilà président.
«Armel Vion», président des «Bretons du Havre» de 1982 à 1995 est parmi les invités. Il habite maintenant en Loire Atlantique, car «tous les Bretons du Havre espèrent revenir en Bretagne un jour, le premier qui y arrive a gagné !» Au Havre les Bretons ont fêté la Saint Yves dès 1983, évidemment dans le quartier St François, mais Armel Vion n'en revendique pas spécialement la paternité, car il n'y avait rien d'officiel à l'époque, et encore moins le réseau mis en place peu à peu depuis dix ans.
«Temporis», une entreprise d'intérim par franchise, est partenaire de la Saint Yves «par conviction et par souci d'apporter un soutien économique à un événement qui n'est pas seulement culturel et avec l'idée de rendre l'utilisation de la langue bretonne plus large dans la vie sociale.»
Dans le même sens, à l'occasion de la Fest Yves, la «Distillerie Warenghem, de Lannion» décline la langue bretonne en lexiques de conversations par thème : après «Kaozioù karantez» et «Komzit brezhoneg en ostaleri !» voici publié «Kaozioù war ar dañsoù hag ar sonerezh.» [Dernière photo].
«Quand je pense,» dit une dame «que juste après la guerre, le curé de notre quartier parisien n'a pas voulu baptiser mon frère du prénom Yves, disant à mes parents que ce n'était pas un vrai saint, et qu'il l'a baptisé de son deuxième prénom François ; le pauvre curé, il doit se retourner dans sa tombe maintenant !» C'est une illustration du chemin parcouru par les Bretons en soixante ans, en forme de conclusion.
Rappels :
( voir notre article ) : ouverture officielle. ( voir notre article ) : Breizh Parade à Nantes. ( voir notre article ) : la Saint Yves partout dans le monde... ou presque. ( voir notre article ) : la Saint Yves en Loire Atlantique, le programme.
Pour en savoir plus :
Fest Yves Gouel Erwan : http://loic.lenezet.free.fr/index.html
Produit en Bretagne : http://www.produitenbretagne.com/
Discours de Jean-Pierre Le Bihan :