Le cri qui monte de nos campagnes se fait entendre jusqu’à Paris
Le pouvoir des villes alors s’interroge : Mais comment peuvent-ils encore défendre leur modèle agricole et remettre en question ce que l’on a jugé bon pour eux ?
Les forces dominantes - je veux parler ici du pouvoir des villes- sont gouvernées par deux représentations collectives majeures :
Le sacro-saint libre échange, expression de l’argent roi.
Et la certitude que l’humanité est en péril et que la transition écologique doit s’imposer à ceux qui ont pollué sans compter.
Ces représentations sont si puissantes qu’elles aboutissent à la situation paradoxale actuelle. Les productions agricoles à moindre coût sont les bienvenues sur nos marchés, alors que nos paysans pollueurs sont soumis à des normes et à des contrôles plus drastiques.
N’ont-ils pas dégueulassé leur campagne si belle par ailleurs ?
Ente les villes et les campagnes, on ne se comprend plus. On ne parle plus la même langue. Les gens des villes tiennent à leur cadre de vie et aiment à jouir de nos campagnes.
Ils ont la dent dure pour ceux qui troublent leur repos.
Ceux des campagnes y travaillent et s’efforcent d’y vivre. Si la révolution productiviste a abîmé le lien que les paysans entretenaient avec leur terre, ils l’aiment néanmoins et ne conçoivent pas vivre ailleurs. Bien sûr, on peut leur faire reproche d’avoir joué le jeu de la production à outrance et du libre-échange, mais n’est-ce pas ce que l’on a exigé d’eux ?
Les gens des villes ne voient dans nos campagnes qu’un cadre de leur vie passionnante, lorsque que ceux des campagnes y voient leur terre.
Ceux des villes, qui n’ont jamais charrué la moindre parcelle, ont la leçon facile pour les « bouseux » qui ne comprennent rien aux nécessités de l’heure. Ne seraient-ils pas un peu « attardés » comme les amateurs de festoù-noz ?
Je me souviens des déclarations des Verts voulant en finir avec l’esprit du Celib en Bretagne, comme si un peuple n’avait pas le droit d’espérer vivre au pays décemment et devait se résoudre à la mobilité mondialiste. Les donneurs de leçons se sentent si forts qu’ils ne rechignent pas aux pires anachronismes.
Même la langue des « bouseux » n’a pas droit de cité pour les insoumis des villes. Il faudra m’expliquer comment LFI peut saboter le développement de Diwan pour mieux défendre les écoles islamiques comme Averroès.
Les « bouseux » n’ont qu’un seul tort, ils sont d’ici !
Les bien-pensants sont en train de les jeter dans les bras de l’extrême droite.
L’avenir n’est pas dans la haine ou la rancœur, mais dans le lien retrouvé entre le peuple et sa terre. Tout est affaire d’esprit. Seuls les peuples enracinés sont capables de prendre soin de leur terre.
Yvon Ollivier
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