L’une des plus représentatives et brillantes figures de la scène de la musique bretonne contemporaine, plus précisément ancrée dans son registre pop-rock celtique, manquait, très sérieusement à la collection de nos chroniques, exclusivement rédigées suite à la réception physique des CD et à leur très attentive écoute, donc, par évidence, recevant en grand nombre, mais pas tout, non exhaustive.
Coop Breizh a eu l’excellente idée de nous adresser, cette fois, le dernier opus de cette Princesse d’Armorique qui, depuis des années, sur scène, se vêtant des somptueuses créations du brodeur quimpérois Pascal JAOUEN, vibre, cent pour cent, sang pour sang… breton et chante, principalement, dans sa maternelle langue, mais aussi, en français et en anglais.
Bienvenue, degemer mat, GWENNYN, sur cette présente page de Culture et celtie, l’e-MAGazine avec votre 6ème album dénommé « New Andro » et sous-titré : « Best of » !
Cette seconde notation nous ravit, car elle semble, soudainement, nous permettre de rattraper le temps perdu à ne point évoquer, suffisamment, dans nos colonnes en ligne, votre déjà long, riche et très intéressant parcours, pétri d’un réel, original et si spécifique talent !
GWENNYN, Gwennyn LOUARN… Pour notre part, nous l’avions découverte, dès 2000, chantant aux côtés d’Alan STIVELL, dans « Rêves » (Hunvreoù) et « Iroise » (Irwazh, Mor ouezeleg), deux excellents titres du non moins excellent disque « Back to Breizh » signé du harper hero et produit par Franck DARCEL (voir le site) .
Y figuraient deux esthétiques interventions vocales de GWENNYN œuvrant auprès de cette figure, ô combien, emblématique qui sait, également, révéler de jeunes et prometteurs talents.
Le visage, la séduisante silhouette, le charme et la forte personnalité, néanmoins, en la circonstance, quelque peu intimidée, de cette chanteuse rennaise, résidente finistérienne, nous ont été dévoilés lors de la prestation d’Alan, sur la grande scène des « Vieilles Charrues », en juillet 2000, dont 45 minutes sont fixées sur le film de Serge BERGLI, figurant sur le DVD Parcours (voir le site) .
Puis, c’est, à Nantes (44-Bzh), en septembre 2008, lors de la Festimanif revendiquant une Bretagne réunifiée à 5 départements, que nous avons eu la chance d’écouter, pour la première fois, GWENNYN et d’échanger, en sortie de scène, quelques mots avec, comme, le mentionne la légende d’une photo de l’artiste, prise à cette occasion (voir le site) , cette « voix bretonne qui monte, qui monte… GWENNYN ! ».
Il faut préciser, qu’en juin 2008, l’artiste venait de remporter, avec sa chanson « Bugale Belfast » (Les enfants de Belfast), le prix du public du concours interceltique d'Inverness Nòs Ùr, en Ecosse, lors du festival du chant des minorités.
Cette première récompense lui ouvrait, alors, en octobre de la même année, les portes de la représentation de la Bretagne et des pays celtiques, à l’occasion de la finale du chant en langues minoritaires de Luléa, en Laponie suédoise, où elle obtenait une deuxième place.
A cette occasion, sur Culture et celtie, l’e-MAGazine, Xavier DANIEL lui consacrait un informatif, substantiel et fort chaleureux article que nous vous recommandons de lire… ou de relire, relatant, ainsi, dans ce cadre, les traces d’un parcours encore naissant mais, déjà, fort dense (voir le site) .
On le voit, par ces précédentes notes, GWENNYN avait, déjà, une place sur nos pages et dans notre cœur.
Mais offrons-lui, cette fois, notre UNE, avec ce disque qui, de fait, retrace, déjà, plus de dix ans de carrière et de scènes vécues sur les plus beaux plateaux de Bretagne ou d'Europe et, même, du monde entier, comme, récemment, en Asie !
En plus d’une décennie GWENNYN a donné, pas moins, de 500 concerts et a composé 50 chansons originales, dont une, « Ahès » (personnage légendaire breton), écrite pour l’album « Ô filles de l'eau » de Nolwenn LEROY, paru en 2012 !
Ce présent opus, « New Andro », c’est 18 titres, dont 16 issus des 5 CD studio, précédemment enregistrés par l’artiste. Nous nommons : « En tu all » (Coop Breizh - 2006), « Mammenn » (Seniprod/Keltia Musique - 2009), « Kan an Tevenn » (Seniprod/Keltia Musique - 2011), « Beo » (Coop Breizh - 2013) et « Avalon » (Coop Breizh -2016).
A noter que cette compilation est, ici, remasterisée, par Simon CAPONY de Basalte Studio (voir le site) entité qui travaille, régulièrement, avec SONY MUSIC, ce qui apporte, vraiment, une nouvelle dynamique sonore évidente, différente des années passées.
Les trois premiers Compact Disk de la liste sus-énumérée sont, suite à leurs francs succès, depuis longtemps, épuisés et nombre de personnes réclamaient les premiers morceaux, toujours interprétés, sur scène, avec un chaleureux accueil du public par la chanteuse. Coop Breizh a, alors, proposé à GWENNYN de concevoir un best of, plus qu’une réédition de ces 3 « manquants ».
GWENNYN a sélectionné seize chansons, puisées dans sa discographie, un délicat et suave panachage des titres plébiscités par son public et de ses propres préférences qui ont marqué son parcours, en privilégiant les chansons chantées en concert.
Cinq titres sont chantés en français, un en anglais, les douze autres, en breton.
C’est ainsi que nous retrouvons dans cette subtile et, de fait, difficile sélection, « Tristan et Yseult », « Bravig », composé sur un air traditionnel, « Kan ar Bed », « Deux voiles blanches » et l’incontournable « Bugale Belfast », mais, aussi des « standards traditionnels », comme « Ev Chistr ‘ta Laou » (Son ar Chistr), « An Hini a garan » et « E ti Eliz Iza ».
Les compositions sont, souvent, cosignées par GWENNYN et le guitariste Patrice MARZIN, les textes sont, très majoritairement, de GWENNYN, mais aussi de la harpiste douarneniste, membre du groupe de musique celtique franco-grec, Sedrenn, de 1994 à 2000, Cristine MERIENNE (La cavalière - Océane) et Gérard MANSET (Deux voiles blanches, extrait de son disque « Prisonnier de l'inutile » (1985) (voir le site) et repris par GWENNYN sur son propre album, Beo).
Pour les traditionnels arrangés et le titre anthologique « Bugale Belfast », nous pouvons retrouver des noms bien connus, comme Robert LEGALL, Jean-Louis CORTES, l’auteur Youenn GERVALAN, le défunt guitariste breton, Fred RUNARVOT ou Yann HONORE.
Pour cette nouvelle parution, GWENNYN, souhaitait nous offrir une « cerise sur le gâteau », « une fève dans le kouign-amann », en nous livrant deux nouvelles chansons où elle nous distille un nouvel aspect de son expression artistique, en rebondissant sur le contexte actuel, plus que sur les légendes, sources principales de ses projets antérieurs.
L'artiste y traite de l'actualité, notamment de l'écologie et de la libération de la voix des femmes.
C’est ainsi que deux inédits, le titre éponyme « New An Dro » (cette fois, écrit en trois mots) qui ouvre l’album et, en plage 4, « Océane » viennent donner à cet enregistrement rétrospectif, la note actuelle de la chanteuse.
« New An Dro » apparaît comme un titre electro-pop-celtique, évidemment, basé sur l’an dro mais teinté de rythmes antillais qui font groover cette danse traditionnelle bretonne. On peut, au choix, danser sur cette chanson ou, simplement, l’écouter à la radio ou en concert, en constatant que la langue bretonne sonne merveilleusement avec la musique actuelle et métissée.
« keit ‘vo bugale o kanañ
Ton an nevez-amser
Keit ‘vo brezhoneg e ma bro
Ene breizh a veo ».
« Tant que résonnera le chant des enfants
Un air de printemps
Tant que résonnera la langue bretonne
l’âme de Bretagne vivra ».
« Océane » (nous remarquerons la féminisation du mot océan) chanté(e) en français, sur un texte de Cristine MERIENNE est, également, un morceau electro-pop, mais, cette fois, plus doux, plus aérien, quelque peu, éthéré.
Cette très belle chanson interroge sur notre avenir et met en parallèle la montée de la marée et la libération de la voix de la femme, notamment, dans le contexte écologique.
C’est aussi, un parallèle avec la tradition celtique et la religion druidique, où l’eau est l’élément de la femme, le semestre humide, symbolisant la féminité, débutant le 1er novembre, le second semestre, sec, symbolisant l’homme, commençant le 1er mai. L’eau, la pluie, les fontaines sont des lieux féminisés. Pour GWENNYN, la montée des eaux est inexorable, comme la montée de la voix des femmes.
« J’ai composé cette chanson avec la lueur d’espoir d’un mouvement de fond qui puisse changer le monde, une impulsion féminine qui se construit pour demain. Nous avons une énergie qui permet de déplacer des montagnes, notamment, pour défendre l’avenir de nos enfants », précise GWENNYN dans l’une de ses interviews.
« Une vague d’humanité
Océane aux yeux glacés
Soleil d’été sans pitié
Libère les eaux nouvelles ».
Le disque est présenté dans une élégante jaquette cartonnée de couleur sablée, dont la conception graphique est signée de Bastien COURLAY et en façade de laquelle une très belle photo d’Eric LEGRET, traitée à la limite du dessin, portraitise GWENNYN au sein d’une surimpression de volutes brodées de la main de Pascal JAOUEN. Ce beau contenant interpelle, d’entrée, votre intérêt.
Au-delà de l’esthétisme, cet écrin enserre un livret de 25 pages sur lesquelles figurent, dans leur ordre de programmation, tous les textes chantés.
Il est, toujours, agréable et pédagogique, pour les non locuteurs, de bénéficier, en regard du breton, de la traduction des textes interprétés dans cette langue qui sonne si bien avec la musique actuelle et, d’ainsi, en comprendre le fond. Faut-il qu’il en ait ?… C’est le cas avec GWENNYN… Il y en a !
Finalement, très pop actuelle, avec la modernité de sa musique qui donne à ses créations une portée universelle, GWENNYN, avec sa voix identifiable entre toutes, défend la langue bretonne et apparaît comme une ambassadrice de choc et de charme de la culture bretonne, celtique, contemporaine.
Nous soulignerons, l’efficience et l’excellence des musiciens qui, principalement, entourent cette chanteuse d’exception et citerons, parmi d’autres : l’excellent guitariste et compositeur, directeur artistique, Patrice MARZIN, Manu LEROY, à la basse, Yvon MOLARD, aux Percussions, Kévin CAMUS, à l’Uilleann-pipes, low whistles et flûtes irlandaises, David PASQUET, à la bombarde.
Amis lecteurs et auditeurs, nous vous conseillons, très vivement, ce panoramique opus qui vous réserve de doux instants qui, de surcroît, vous révéleront l’évolution vocale et artistique de cette très séduisante créatrice qu’est GWENNYN !
Pour votre future création studio, chère GWENNYN, qui, selon quelques sources, aurait pour fil conducteur un voyage vers le Grand Nord, dès sa parution, envisagée dans 12 ou 18 mois à venir, pensez à l’adresser à Culture et celtie, l’e-MAGazine.
Ne promouvant que la qualité, vous êtes, sur nos pages en ligne, vraiment, la bienvenue, l’indispensable !
Gérard SIMON
Illustration sonore de la page : GWENNYN - Album "New Andro" - Best of - New An Dro - Extrait de 01:00.
Site Internet de GWENNYN : (voir le site)
D'autres extraits sonores sur Culture et celtie, l'e-MAGazine :
Les titres du CD « New Andro » - Best of
01 - New Andro - 03:26 - (inédit).
02 - Tristan Et Yseult - 04:33 - ( 4).
03 - Excalibur - 04:19 - ( 5).
04 - Oceane - 05:02 - (inédit).
05 - Let The Storm - 04:26 - ( 4).
06 - Beo - 03:46 - ( 4).
07 - La Cavalière - 02:51 - ( 4).
08 - Bravig - 03:08 - ( 5).
09 - Ev Chistr 'Ta Laou - 03:37 - ( 5).
10 - An Hini A Garan - 05:00 - ( 5).
11 - Kan Ar Bed - 04:55 - ( 4).
12 - E Ti Eliz Iza - 04:19 - ( 5).
13 - Madrés - 04:20 - ( 3).
14 - An Emzivadez - 03:23 - ( 3)
15 - Kenavo - 04:15 - ( 2)
16 - We Can Plinn - 04:29 - ( 2).
17 - Deux Voiles Blanches - 05:08 ( 4).
18 - Bugale Belfast - 03:17 - ( 1).
Durée totale : 74:14.
Albums originaux de référence :
2006 : En tu all (Coop Breizh) - ( 1).
2009 : Mammenn (Seniprod/Keltia Musique) - ( 2).
2011 : Kan an Tevenn (Seniprod/Keltia Musique) - ( 3).
2013 : Beo (Coop Breizh) - ( 4).
2016 : Avalon (Coop Breizh) - ( 5).
CD "New Andro" - Best of
Parution : 19 octobre 2018
Réf : 4016275
Distribué par : COOP BREIZH - (voir le site)
© Culture et Celtie