Lettre ouverte du 14 février 2010 de Pascal Dazin, président de "l'Alphabet du Respect des Enfants", à Élisabeth Badinter, philosophe féministe.
Madame,
Il y a trois jours, vous avez été l'invitée de la radio publique France Inter, dans le cadre de la promotion de votre nouveau livre :"Le conflit, la femme et la mère".
Oui, Madame Badinter, il est juste de nous mobiliser pour que femmes et hommes soient égaux en capacité d'exercice des libertés et responsabilités humaines.
Il est juste de se battre pour que femmes et hommes puissent trouver du travail salarié, fournir des efforts professionnels, et si possible sans la souffrance récente que les troubles identitaires professionnels génèrent (chez les femmes comme chez les hommes), et je termine par le principal, élever librement leurs enfants communs.
Il est licite de se mobiliser pour que la force physique de l'homme ne se retourne jamais contre les femmes, mais les épaule dans des destinées communes ou pas, mais en tous cas respectueuses et librement consenties.
Mais du haut de votre âge et de votre expérience, ne pouviez-vous élever le débat ?
Vous revendiquez le féminisme. Pourtant, ce concept est insensé, brandi comme un passeport, un blanc-seing - ou une couche-culotte, si je vous ai compris - par l'ensemble des chefs d'État, surtout issus du monde judiciaire, par Évelyne Sullerot comme par vous-même, par George Sand, maîtresse de son avocat divorciste, comme par l'ensemble des avocats et magistrats des affaires familiales, par Julien Clerc et Carla Bruni, etc.
Vous constatez l'involution récente du statut de la femme. Mais n'avez-vous pas le respect équivalent pour leurs co-créateurs, les hommes, la compassion de faire à leur sujet le même constat ?
Croyez-vous que les troubles identitaires professionnels, familiaux, sexuels, idéologiques, frappent plus sévèrement les destinées des femmes que celles des hommes ? Regardez un peu les statistiques des suicides, et vous serez moins catégorielle. Allez compter les SDF femmes et les SDF hommes, et vous serez moins certaine des injustices clivées qui semblent vous obséder.
Vous revendiquez sur les ondes publiques (France Inter) cette vieille idée de « culpabiliser les hommes ». Merci, Madame, on a déjà donné, à travers cette machine infernale voilée derrière le masque, l'apparence, de la légalité derrière quoi se cache la hideuse « justice aux affaires familiales », violant quotidiennement la Convention Européenne des droits de l'Homme depuis 1970 et deux conventions ratifiées depuis 1990. Avant de parler du voile de mille femmes, il conviendrait de parler du masque d'une institution terrorisante, norlisnt toute une société.
Vous affirmez que les femmes n'auraient pas naturellement ce que l'on appelle « l'instinct maternel ». Cessez de cliver l'humanité, Madame Badinter. Certains hommes aussi ne sont pas naturellement dotés de cette faculté instinctive. A contrario, tout être aimant et responsable se découvre un instinct au profit de tout être aimé, quand celui-ci est dans le besoin. L'instinct paternel est aussi présent que l'instinct maternel, ni plus, ni moins.
Vous déplorez les statistiques sur le partage des tâches ménagères, sans faire celles des gens satisfaits ou pas par ce clivage des rôles, sans faire de statistiques sur le bricolage, du jardinage ou que sais-je encore, sans annoncer l'ignominie des statistiques judiciaires sur la difficulté de rester père face à la machine noire à faire de l'argent par normalisation post-familiale, sans parler des suicides et meurtres commis par des pères durant cette normalisation dé-responsabilisante pour les uns, et lucrative sans risque pour les autres.
Pourtant, Madame Badinter, votre mari doit très souvent vous rappeler qu'il participa à l'abolition de la peine de mort légalisée, en France, en 1981 (puisque régulièrement les médias lui permettent de le rappeler). A l'époque, quelques criminels ayant mérité leur passage en justice subissaient alors ce traitement indigne de l'idée que l'on se fait de la civilisation. Et à ce jour, la machine judiciaire tue cent fois plus, mais plus lentement, au sortir d'un cabinet d'avocat divorciste, à réception d'une ordonnance, ou quelques mois voire années après, au fur et à mesure des procédures humiliantes. Et elle tue des hommes qui n'avaient pas mérité d'être culpabilisés, ni même judiciarisés. Elle tue des gens dont les procureurs, à seule fin de clore le débat, de classer l'affaire, dressent régulièrement l'éloge funèbre sur les ondes : « il était déprimé », ou « c'était un forcené ».
A l'heure où droites et gauches ont mixé leurs nuances dans des petits pots manufacturés et stérilisés, que sont nos idéaux devenus ? Sous prétexte de conquête d'égalité, jamais les appels aux discriminations n'ont été si puissants. Ces idéaux de jadis ne sont-ils plus que leurs suintements, des idéologies stériles cachées par des couches-culottes, ou servies au biberon des médias complaisants ?
Votre culpabilisation des hommes qui ne partagent pas les tâches ménagères me fait penser au doigt que l'on regarde quand il pointe la lune. Culpabilisez les institutions dévoyées, n'en déplaise au surpuissant lobby judiciaire infiltré dans les trois pouvoirs républicains, et vous serez (du moins est-ce mon diagnostic) bien plus utile aux gens, aux femmes et aux hommes, victimes communes de la grande moulinette procédurière qui tire les gens vers le bas et l'individualisme théorisé, au lieu de les aspirer vers l'idéal d'une conquête de la fraternité et même de la découverte entre femmes et hommes.
Je vous remercie pour votre attention à la présente et pour votre réponse.