C'est en 2000, que l'Unesco a classé au patrimoine mondial de l'Humanité, le « Val de Loire entre Sully-sur-Loire et Chalonnes ». Le site protégé traverse les départements du Loiret, Loir-et-Cher, Indre-et-Loire et Maine-et-Loire, et c'est fort logiquement qu'il s'arrête aux confins du massif armoricain.
Hélas, certains élus se sont appropriés le label protégé, pour y intégrer des châteaux et abbayes qui ne sont pas dans le « Val de Loire », dont le château des ducs de Bretagne de Nantes, au motif de bénéficier du développement touristique autour du site classé.
En réalité, il sert une cause moins noble de destruction de l'identité bretonne de la Loire-Atlantique et de ses monuments. Le château des ducs de Bretagne de Nantes a déjà payé un lourd tribut à cette politique « illégale ».
Le musée des Arts et Traditions Populaires a été supprimé. Il était pourtant avec ceux de Quimper et de Rennes, l'un des plus importants de Bretagne. Le musée des Salorges, trop maritime et pas assez fluvial, a également été supprimé. L'histoire du duché de Bretagne et des ducs de Bretagne sur plus de six siècles a été occultée. Et enfin le Conseil municipal de Nantes a refusé la proposition des autres départements bretons d'intégrer la société d'exploitation du Château.
Lorsque l'on sait que les Archives départementales de la Loire-Atlantique conservent un trésor : « Les Registres de la Chancellerie du Duché de Bretagne », que le Musée Dobrée possède une formidable collection de pièces de monnaies des Ducs de Bretagne, on peut s'interroger sur les aménagements du château des ducs de Bretagne, et la volonté politique de cacher l'histoire des Nantais jusqu'au XVIe siècle.
Visiblement, l'intégration du château des ducs de Bretagne dans le « Val de Loire » était préméditée, et toute son histoire, ses collections devaient disparaître, au profit d'un musée municipal.
L'association Bretagne Réunie a pu prendre connaissance d'une plaquette intitulée « Châteaux de la Loire, Vallée des Rois, Dames de Touraine » estampillé du logo de l'Unesco Patrimoine Mondial, incluant le château des ducs de Bretagne.
L'association Bretagne Réunie, avec l'Institut Culturel de Bretagne, le Collectif Breton pour la Démocratie et Eurominority, a donc adressé le 6 juin dernier un courrier aux membres du Comité du patrimoine mondial de l'Humanité de l'Unesco, pour demander que le secteur classé « Val de Loire » soit protégé de toutes ingérences politiques.
Par son action, Bretagne Réunie souhaite rappeler que le droit à son histoire et à sa culture fait partie intégrante des droits et libertés fondamentales protégées par de nombreuses conventions internationales.
Bretagne Réunie souhaite également rappeler les termes de la Recommandation 1283 (1996) du Conseil de l'Europe, relative à l'histoire et à l'apprentissage de l'histoire en Europe, qui devrait guider les décisions de nos élus dans ce domaine.
1. Tout individu a le droit de connaître son passé ainsi que le droit de le désavouer. L'histoire est un des moyens de retrouver ce passé et de forger une identité culturelle. C'est aussi une porte ouverte sur l'expérience et la richesse du passé et d'autres cultures. L'histoire est une discipline qui développe l'approche critique de l'information et l'imagination contrôlée.
3. La connaissance de l'histoire est importante pour la vie civile. Sans elle, l'individu est plus vulnérable, sujet à la manipulation, politique ou autre….
8. Les hommes politiques ont leur propre interprétation de l'histoire, et certains sont tentés de la manipuler. Presque tous les systèmes politiques ont utilisé l'histoire pour servir leurs intérêts et ont imposé leur version des faits historiques ainsi que leur définition des bons et des méchants dans l'histoire….
14-ii. Le contenu des programmes d'histoire devrait être très ouvert. Il devrait comprendre tous les aspects des sociétés (l'histoire sociale et culturelle aussi bien que l'histoire politique). Le rôle des femmes devrait être reconnu. L'histoire locale ainsi que l'histoire nationale (mais pas nationaliste) doivent être enseignées, ainsi que l'histoire des minorités. Les événements controversés, sensibles et tragiques devraient être équilibrés par rapport aux influences positives mutuelles.
La Bretagne possède sa propre histoire, que tous les Bretons y compris ceux de la Loire-Atlantique ont le droit de connaître.
Les découpages administratifs, même artificiels, ont l'obligation de la respecter et de la faire connaître.
Le Comité du patrimoine mondial de l'Unesco se réunira à Séville du 22 au 30 juin prochain. Espérons que ses membres sauront remettre un peu d'ordre en demandant le retrait de cette plaquette des présentoirs afin que le site protégé du « Val de Loire » soit respecté, et que nos ducs puissent retrouver la place qu'ils méritent à Nantes.
Le secrétaire du comité local nantais de Bretagne Réunie, Paul Loret.
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