Qu’en est-il vraiment ? Dans un récent entretien à France 3 Pays de Loire, l’historien moderniste, Alain Croix, mentionne qu’Anne de Bretagne (1477-1514) appartenait à la féodalité. Qu’en est-il vraiment ? La
Qu'en est-il vraiment ?
Dans un récent entretien à France 3 Pays de Loire, l'historien moderniste, Alain Croix, mentionne qu'Anne de Bretagne (1477-1514) appartenait à la féodalité. Qu'en est-il vraiment ? La féodalité a reposé sur le système de la vassalité conjuguée au fief (le plus souvent l'obtention d'une terre). Le plus souvent, on pense que la féodalité est liée au Moyen Age, c'est oublier facilement qu'elle a perduré en France jusqu'à la Révolution. Ce que l'on ne sait que trop peu est que le duché de Bretagne relevait du duché de Normandie depuis le Xe siècle, mais, comme ce dernier fut conquis, avec l'aide des Bretons, au tout début du XIIIe siècle, par le roi Philippe-Auguste de France, les ducs de Bretagne devaient prêter hommage aux rois de France. Cet hommage était une formalité, les rois de France et ducs de Bretagne étant très proches parents. Dans la première moitié du XVe siècle, cela se passait toujours bien, les administratifs (la Chancellerie) royaux de France exigeaient l'hommage lige au duc de Bretagne, qui refusait cette soumission (il fallait se mettre à genoux) et cela finissait par l'intervention du roi de France, impatient d'aller à son banquet, qui remettait cela à un autre jour. Et puis le roi avait si besoin des troupes bretonnes pour combattre les Anglais. Nous étions alors en pleine guerre de Cent ans. Avec le roi Louis XI et sa fille, la régente Anne de Beaujeu, les choses changèrent. Ils affirmèrent leur autorité de monarques féodaux en exigeant l'hommage des ducs de Bretagne, usant très souvent de la force pour l'obtenir. François II, battu, dut obtempérer. Par ailleurs, Anne de Bretagne vit son mariage avec Maximilien d'Autriche annulé sous prétexte qu'elle n'avait pas eu l'autorisation de son seigneur supérieur, le roi de France. Ce rappel à l'ordre féodal s'explique aisément par le contexte. La monarchie féodale de France se trouvait particulièrement menacée par les progrès de ce que l'on nomme les
principautés : la Bourgogne (en fait de la Hollande à la Franche-Comté) à l'Est (dont le régent fut Maximilien d'Autriche) ; au sud-ouest, Foix-Navarre (appartenant à la famille maternelle d'Anne) ; au sud-est, la Provence et, bien sûr, à l'ouest, la Bretagne.
Les ducs de Bretagne, les souverains d'une principauté
En Bretagne, dans la seconde moitié du XVe siècle, les ducs de Bretagne, ce fut bien sûr le cas d'Anne de Bretagne, se faisaient couronner en la cathédrale de Rennes par l'évêque de Rennes et se titraient ducs par la grâce de Dieu. A la mort de son première époux, Charles VIII, alors veuve, Anne de Bretagne reprit son titre de duchesse de Bretagne par la grâce de Dieu. Cette évolution était appuyée par un nouveau personnel peuplant l'administration, la Justice, les finances et l'armée bretonne dont l'organisation était de plus en plus efficace, comme le montrent les documents d'archives. Par ailleurs, ces principautés étaient souvent riches et ouvertes sur le monde. Le mariage de la mère d'Anne, Marguerite de Foix-Navarre, avec son père, François II, ne doit rien au hasard. Sa mère était une très proche cousine des très riches rois de Portugal, de Castille et d'Aragon, en passe de dominer la Méditerranée et de faire la conquête du Monde. Il ne faut pas oublier qu'Anne était vivante lorsqu'elle apprit que Christophe Colomb envoyé par sa cousine Isabelle la Catholique de Castille avait découvert l'Amérique. Ces principautés ne faisaient guère confiance à la féodalité, pour elles pas assez efficace et, surtout, pour ses plus riches membres, bien trop proches des rois de France qui les pensionnaient, sans compter leurs immenses biens qu'ils disposaient dans le royaume de France. Leurs princes, dont François II et Anne, peuvent se considérer comme des souverains, car ils préféraient s'adresser à leurs sujets qu'à leurs vassaux.
Anne, la dernière souveraine du duché de Bretagne
Lorsqu'Anne comprit que son second époux, Louis XII, refusait le mariage de leur fille Claude avec Charles d'Autriche (cousin d'Anne), ce qui permettait à la Bretagne de rester ouverte sur le monde, Charles étant l'héritier du plus grand empire commercial du monde, elle partit en Bretagne dans son duché, pour y faire le «
tour », ce que l'on nomme en breton le Tro Breizh. Son but était bien sûr politique. Elle voulait démontrer ainsi à son royal époux qu'elle avait le soutien de ses sujets. Si elle avait été une simple princesse féodale, elle aurait, et c'était son droit, convoqué ses vassaux immédiats (c'était tout ce qu'elle avait droit de faire) en un lieu, comme le fit son ancêtre, Jean II, en 1294, à Ploërmel, alors considérée comme une sorte de «
capitale du duché ». Mais elle ne le fit pas, car elle savait que ces vassaux n'allaient pas venir avec leurs propres vassaux, d'autant plus qu'un certain nombre demeurait à la cour de France ou, tout simplement, n'appréciaient pas le comportement justement guère féodal de la duchesse-reine. En effet, elle s'adressait directement à leurs propres vassaux, passant au dessus de leurs têtes, considérant tous les Bretons comme ses sujets.
Commentaires (3)
Pour ce que j'en sais, les souverains bretons étaient et ont toujours été considérés comme des rois et compris comme tels par l'ensemble de l'Europe!
Le titre de Duc serait un retour à la création militaire de la Bretagne continentale, directement issue des Légions Romaines Bretonnes basées sur le continent. A l'époque romaine, un Duc était le commandant d'une région militaire, c'était un personnage de tout premier plan quand un roi n'était qu'un barbare (un non citoyen romain).
Du fait de l'historique romain de l'art militaire breton, il semblerait qu'Alain II, suite à la victoire militaire pour libérer la Bretagne des Vikings, aurait utilisé ce titre plus que celui de roi (les 2 termes auraient été utilisé pour le définir), un Duc (chef militaire) étant estimé plus glorieux que celui de Roi.
Il semblerait que cette notion de supériorité du Duc sur le Roi perdure encore en Roumanie (pays issu également de l'empire romain) mais également en Italie, se souvenir de Mussolini prenant le titre de Duc (Duce) après la chute du Roi (Attention à ne pas faire d'amalgame sur la chronologie historique, les romains n'étaient pas des fascistes, mais les fascistes fantasmaient sur l'empire romain).
Un duc de Bretagne est donc un roi, ce qui n'est pas le cas d'un duc de tradition germanique comme en France, en Bourgogne ou au Luxembourg.
A vérifier, mais il existerait une trace d'un dialogue intéressant entre des soldats anglais et François 1er.
François 1er était duc consort de Bretagne du fait de son mariage avec Claude (avant qu'il ne devienne roi).
Des Anglais le nommait "M. le Duc", ce qu'il prit pour une insulte!
Il aurait dit : "Pourquoi me donnez vous du "duc", alors que vous n'êtes que cela vous même!"
Offensé, les anglais auraient répondu : "Mais, ce n'est point pareil, c'est que vous êtes duc de Bretagne, le plus grand duché de la chrétienté!"
Suite à cet événement, François 1er se serait fait appeler "duc" même après son couronnement de roi, avant que l'envie d'annexer le pays de sa femme ne devienne trop pressant!
Je laisse aux historiens le soit de vérifier!
Il est plus que vraisemblable que les rois de Bretagne prirent le titre royal (Nominoé, Salomon, Erispoé) avec l'autorisation de l'empereur carolingien. Très puissant, ayant militairement intervenu en Bretagne l'empereur, qui avait d'autres choses à faire, se contenta de reconnaître le prince breton comme roi de Bretagne, comme il y avait un roi de Lombardie, un roi de Bavière, etc...
pour la définition de l'origine du titre ducal, vous avez parfaitement raison.
Connaissant personnellement la fille du roi de Roumanie, le titre ducal en Roumanie, comme en Italie (et Dieu sait qu'il y a beaucoup de ducs)est très loin d'être supérieur au titre royal.
Le duc de Bretagne n'est pas un roi. Au XVe siècle, le duc se disait "roi en son pays", c'est-à-dire à cette époque de la naissance des principautés, qu'il était souverain en Bretagne...
Je ne connais pas les sources de cet échange entre François Ier et les Anglais. Avant d'être roi de France, il faut savoir que François était François d'Angoulême et était duc de Valois. Lorsqu'il épousa Claude est duchesse de Bretagne en janvier 1514 et épouse en mai 1514 François d'Angoulême, duc de Valois et alors héritier du trône de France... mais le père de Louis XII, veuf d'Anne de Bretagne, vient de se remarier (à une vitesse surprenante) avec la jeune Marie Tudor, mais épuisé par sa jeune épouse, il meurt en janvier 1515. Donc, François d'Angoulême est duc de Bretagne de mai 1514 à janvier 1515. En Bretagne, les époux des duchesses sont ducs : Hoel de Cornouaille pour Berthe de Bretagne, Geoffroy Plantagenet et Guy de Thouars pour Constance de Bretagne, Pierre de Dreux pour Alix de Bretagne (il sera régent ou baillistre pendant la minorité de son fils Jean Ier), Charles de Blois pour Jeanne de Penthièvre, duchesse de Bretagne. Donc François pendant quelques mois était duc de Bretagne, mais pas duc consort. En Bretagne, il n'y a jamais eu de consort... c'est un terme bien trop moderne...