Deux experts impliqués dans la contre-expertise du projet d'aéroport de Notre-Dame-des-Landes, lors du débat public, rentrent dans le débat. Ils dénoncent la trop grande proximité de Nantes/Naoned, l'entêtement à vouloir poser l'aéroport sur des terrains partiellement achetés il y a 30 ans et une situation géographique qui ne favorise pas l'action interrégionale : « Nous attirons solennellement l'attention des décideurs sur l'erreur grossière qui consisterait à situer un aéroport international à 17 km du centre de la ville de Nantes, dont la proximité est appelée à considérablement s'urbaniser ».
Christian Roger, président de l'observatoire des nuisances aériennes, était un des quatre experts chargés d'analyser le projet de Notre-Dame des Landes, lors de la contre-expertise sommaire du débat public. Il a alerté le premier ministre français par un courrier en ces termes : « Roissy est à 23 km du coeur de Paris, et il suffit de constater les nuisances provoquées par les mouvements actuels pour savoir ce que seront celles du projet de Notre-Dame-des-Landes dans 20 ans, c'est-à-dire demain. Il n'est rien de pire que de ne pas tirer les leçons des erreurs passées ».
Pour lui le projet n'a rien d'inter-régional non plus : « Un tel investissement est lourd et il ne doit pas être celui d'une ville, mais celui d'une région, ce qui implique un intérêt pour les principales villes, ce n'est pas le cas du projet de Notre-Dame-des-Landes. Les limites administratives territoriales ne doivent pas être un frein à une ambition régionale élargie. Le centre de gravité de la région du grand ouest se situe plus au nord de Nantes ».
Joseph Gouranton est lui aussi membre de la commission d'expertise du débat public. La décision du ministre français a motivé la démarche de cet ingénieur chargé de l'aménagement du territoire pour la CCI d'Amiens qui a longuement travaillé sur le dossier du 3e aéroport d'Île-de-France. Il se montre très sévère sur la manière dont on les a fait travailler à Nantes/Naoned : « Nous avons eu juste 30 000 € pour mener cette mission, c'est dérisoire face à des études et des comparaisons où tout le monde se copie depuis des années sans rien remettre en question. Mais nous sommes face à une bêtise économique et intellectuelle : on va remplacer un aéroport à 7 km du centre par un nouveau à 17 km. Demain, des milliers de personnes vont en subir les nuisances ».
Selon lui, « On ne peut pas faire un investissement de cette nature, qui engage pour au moins 50 ans, parce qu'on a acheté la moitié des terrains nécessaires il y a 30 ans, c'est d'une incroyable stupidité, avec des conséquences incalculables. Il faut une véritable étude, sérieuse et comparative entre plusieurs sites, avec des paramètres d'aujourd'hui. Un autre site plus au nord permettait d'avoir un jour une liaison ferroviaire. Dans ce cas présent, elle sera trop coûteuse et ne se fera pas ».
Un pavé dans la marre qui n'est pas pour déplaire à un certain nombre de décideurs politiques de Rennes/Roazhon sceptiques vis-à-vis de ce projet pour lequel la région administrative serait certainement mise à contribution pour le financement ...
Réaction dépitée sur Internet (liste de discussion Ar Vro) de membres du mouvement breton Emgann qui déplorent cet "aéroport du grand-ouest" voulu par les autorités françaises qui se traduira par le "bétonnage de plusieurs milliers d'hectares de terre et donc l'explosion de l'expansionnisme urbain à l'Est de la Bretagne". Emgann avait, avec des associations locales, proposé une solution alternative, la mise en réseau des aéroports bretons existants, solution alliant le soucis écologique et l'aménagement équilibré du territoire breton.