Pour la première fois dans l’histoire, la ville de Carhaix va accueillir le Congrès celtique international, à partir de lundi prochain. Des congrès celtiques se sont en effet déjà tenus à Saint-Brieuc (1867), Brest (1951), Tréguier (1962), Fougères (1968), Nantes (1974), Lannion (1981), Lesneven (1989), Lorient (1995) et Rennes (2001) mais c’est la première fois que le Congrès celtique a lieu en centre Bretagne. Il est vrai que la ville de Carhaix est devenue au fil des années un foyer particulièrement actif de la culture bretonne actuelle avec le lycée Diwan, l’Office de la langue bretonne, le Festival des Vieilles Charrues en juillet, le Festival du livre en Bretagne en octobre et bien d’autres réalisations.
Les travaux de ce congrès vont se dérouler principalement au centre culturel Glenmor, mais les congressistes prendront leurs repas au Centre de Kerampuil, à côté du manoir du même nom, et divers événements se produiront en d’autres lieux de la ville, dont un défilé de mode - c’est une nouveauté dans un congrès celtique - et plusieurs expositions de peintures et de sculptures, notamment à l’hôtel Noz-Vad (dont la superbe décoration intérieure est inspirée par la création bretonne). Le thème de travail des congressistes est en effet cette année Celtic influence in visual arts (l’influence celtique dans les arts visuels).
Plusieurs concerts, ouverts au grand public, auront lieu en soirée pendant le congrès : concert de Nolwenn Korbel le mardi 1er août, concert des jeunes des pays celtiques le mercredi 2 août, grand concert international le jeudi 3 août, et fest-noz le vendredi 4 août. Deux excursions auront lieu aussi pendant cette semaine, le mercredi au Faouët et le jeudi à Spézet.
Bref historique
La civilisation celtique a été dans l’antiquité la première grande civilisation commune à la majorité des habitants du continent européen. Elle s’est étendue du Portugal jusqu’aux rives de la mer Noire et de la plaine du Pô à l’Ecosse et à l’Irlande. Son héritage archéologique est donc un patrimoine commun à l’ensemble des habitants de l’Union Européenne d'aujourd’hui. En revanche, les langues celtiques n’ont survécu jusqu’à l’époque moderne et contemporaine que dans quelques extrêmités du nord-ouest de l’Europe : Bretagne, Cornouaille, Ecosse, Pays de Galles, Irlande et Ile de Man. Ce sont ces six pays, comptant aujourd’hui quelque 17 millions d’habitants (et une diaspora de près de 100 millions de personnes dans le monde), qui se retrouvent au sein du Congrès celtique international.
La prise de conscience de cette communauté linguistique et culturelle a commencé au XVIIIème siècle et on considère généralement que c’est l’Eisteddfod d’Abergavenny au Pays de Galles, du 9 au 12 octobre 1838, qui a été la première réunion interceltique des temps modernes. Le premier véritable Congrès celtique international de l’histoire eut lieu en Bretagne, à Saint-Brieuc, du 15 au 19 octobre 1867, à l’initiative de Charles de Gaulle, oncle du général. Théodore Hersart de La Villemarqué, l’auteur du Barzaz Breiz, et le grand historien Arthur de la Borderie en furent des participants très actifs. Des congrès eurent lieu ensuite à Dublin en 1901, à Caernarvon en 1904 et à Edimbourg en 1907, puis à nouveau dans l’entre-deux-guerres, mais c’est à partir de 1949 qu’une véritable organisation internationale a été mise sur pied,avec des branches dans chacun des six pays celtiques et un congrès organisé désormais chaque année dans un pays différent.
Chaque année, le congrès est l’occasion pour des responsables culturels de chacun des pays celtiques de se retrouver pour mieux se connaître et bien s’informer sur la situation des autres pays, pour partager leurs expériences, bâtir des projets communs et favoriser les échanges et les actions de solidarité entre les six pays celtiques. Chaque congrès est l’occasion de développer plus particulièrement un thème de travail.
Voici à titre d’exemples quelques-uns des thèmes étudiés au cours des 20 dernières années : 1987 : Langue maternelle, bilinguisme et identité celtique, 1988 : Le monde celtique et la mer, 1993 : La jeunesse dans les pays celtiques, 1994 : L’arc atlantique et les pays celtiques, 1995 : Les droits de l’Homme et les pays celtiques, 1996 : La culture et la littérature au XXème siècle dans les pays celtiques, 1997 : Les médias dans les pays celtiques, 1998 : L’économie des pays celtiques, 1999 : Les relations culturelles entre les pays celtiques : hier, aujourd’hui, 2000 : La renaissance celtique (en marche vers un nouveau millénaire celtique), 2001 : l’histoire aujourd’hui dans les pays celtiques, 2005 : le renouveau linguistique à travers les arts.
ABP/BLN
Philippe Argouarch