Notre photo : lors de la rave party de Botmeur, les journalistes ont été tenus à l'écart. France 3 a fait son plateau devant la file des véhicules des teufeurs
C'est décidé ! C'est sur l'aérodrome de Vannes Meucon qu'aura lieu le tecknival breton 2006. Près de 50.000 teufeurs sont attendus sur le site entre le 30 juin et le 3 juillet. A une semaine de ce grand rendez-vous, il convenait de faire le point sur les rave-party en Bretagne.
Un site aménagé et des moyens importants
Le site de l'aéroport de Vannes Meucon va être totalement fermé, et des espaces seront organisés dont notamment une halte-garderie, et un chenil. Un plan du site et des aménagements, dont le coût est estimé à près de 100.000 euros, a été diffusé par la préfecture. "13 sites ont été analysés par les services de la préfecture" a précisé Elisabeth Allaire. Le ministère de l'intérieur estime que c'est le site le plus apte à recevoir ce type de rassemblement dans de bonnes conditions de sécurité.
Le dispositif annoncé par Elisabeth Allaire, préfète du Morbihan est imposant : 1100 personnes seront mobilisées. Le dispositif policier comptera 350 gendarmes et 200 CRS. Quant aux pompiers, ils seront près de 200, et recevront le soutien des pompiers de Paris.
Des riverains et des élus locaux inquiets
Malgré tous les engagements des autorités, les habitants, comme les opposants, sont inquiets. Ainsi, ce gérant de camping qui annonce au journal de TF1 qu'il va rembourser les clients qui ont réservés pour cette période. De même, les plus proches voisins de l'aérodrome craignent des débordements aux abords du site.
Les riverains ne sont d'ailleurs pas les seuls a montrer leur opposition. Le conseiller municipal UMP de Vannes, Yves Bienvenue, vient de démissionner de son poste de délégué UMP de la 1ère circonscription du Morbihan. Yves Bienvenue dénonce une décision qui "va à l'encontre de l'intérêt général du pays de Vannes, de ses habitants et plus précisément des riverains", et estime ne plus pouvoir représenter au niveau local un parti dont "le président, en tant que ministre de l'intérieur, fait fi des élus et militants locaux".
Enfin, l'église, par le voix de Mgr Raymond Centene, évêque de Vannes, s'inquiète de la santé des jeunes teufeurs. Dans un communiqué, il dénonce ce choix qui "consiste à organiser, pour le profit de quelques uns, et aux frais des contribuables, une zone de non-droit au coeur de laquelle toutes les déviances et tous les trafics sont favorisés". L'évêque de Vannes appelle par la même occasion tous les organes de l'église à s'inquiéter du sort des teufeurs et à aller vers eux.
Le drame de Carnoët dans les mémoires
Comme si cela ne suffisait pas, l'actualité ramène sur le devant de la scène le drame qui s'est joué lors de la rave-party de Carnoët dans les Côtes d'Armor, il y a un an. Lors de ce tecknival, Mathilde Croguennec, une jeune fille de 18 ans, était retrouvé morte à l'orée d'une sapinière, à proximité immédiate du tecknival. Elle avait été tuée de plusieurs coups de couteaux, le 26 juin 2005. L'interpellation jeudi dernier d'un jeune homme recherché par les gendarmes depuis plusieurs mois renvoie cette affaire sur le devant de la scène médiatique.
L'enquête, qui dure depuis maintenant un an, est menée par la gendarmerie sous le contrôle du parquet de Guingamps. Le jeune homme interpelé était présent en compagnie de la victime sur une photo prise quelques heures à peine avant le drame. Il aurait été reconnu par un collègue sur la photo d'un avis de recherche dans un commissariat. D'après Le Télégramme, il s'agirait d'un ancien marin d'état en poste à Brest à l'époque des faits.
A Botmeur, 10.000 teufeurs, un mort
Plus récemment, la rave-party de Botmeur, qui avait réuni près de 10.000 personnes pendant un week end en Centre Bretagne, avait, elle aussi, été le théatre d'un décès. Un homme de 27 ans avait été victime d'une crise cardiaque sur le site après avoir absorbé un mélange de whisky, amphétamines, ecstasy et héroïne. Transporté dans un état grave à l'hôpital de Brest, il devait décéder quelques jours plus tard.
Ce rassemblement avait bien montré les limites de la gestion de ces rassemblements. Dans quelle mesure peut-on protéger les riverains des débordements ? Comment peut-on éviter que, dans la folie de la fête, des jeunes gens prennent des drogues, et risquent leur vie ? Si le technival de Vannes Meucon veut être un exemple, il devra déjà, grâce aux bonnes volontés des teufeurs, des organisateurs et des autorités, éviter qu'un décès ne soit à déplorer.
JPT / ABP