Quelques jours ont passé depuis le démontage des scènes et l’ensemble des structures techniques sur la prairie de Kerampuilh. Le Festival Motocultor a vécu une année charnière en déménageant à Carhaix cette année. Et ce n’était pas une mince affaire que de le réaliser en dix mois. En cet après midi du 20 août 2023, Yann le Baraillec, fondateur de ce raout métalleux, et le maire Christian Troadec, qui participa à la création du festival des Vieilles Charrues, ont fait ensemble un point presse pour parler d’avenir, salle Glenmor. Celle qui surplombe la prairie. A côté les groupes partagent un catering, s’affairent avant de monter sur scène. La salle Glenmor est l’un des indéniables atouts « confort » du déménagement, pour les loges aussi.
Réunis à la même table, le maire et le directeur du festival sont contents. Le deal est en effet profitable aux deux parties. Juste un an avant de démarrer dans le prolongement de cette même salle Glenmor le chantier d’une salle multi fonctions et de spectacle d’une capacité d’entre cinq et dix mille personnes, (qui bénéficiera en plus d’un roof top d’une capacité de deux mille places), Carhaix, avec ses huit mille habitants, continue d’afficher de façon insolente les ambitions d’une ville qui attire la culture. Et le Motocultor, pour sa quatorzième édition, en un été, rejoint la Ligue 1 des festivals Européens de Metal. Il était temps ! En dix mois donc, mais cette efficacité au final ne tient pas du hasard, elle tient aussi à cette longue expérience de la municipalité de Carhaix en matière d'événementiel en plein air. D’une certaine maîtrise et d’un sang froid d’un élu qui fut aussi en son temps fondateur puis développeur des Vieilles Charrues. Le maire a en outre souligné la présence à toutes les réunions avec la préfecture et autres relais décisionnels de Jacqueline Mazéas, première adjointe à la mairie et première vice-présidente à Poher Communauté, il y a donc un vrai engagement de la part des élus locaux.
Ce recul de quelques jours permet d’observer pas mal de réactions sur les réseaux, sur la page Motocultor officielle et aussi sur celle de Breizh-metal Openair (Motocultor Chronicles), tenue par Pierrick Morin, remercié aussi par le maire pour avoir allier les métaux de façon alchimique en Centre Bretagne et créer ce High Poher Voltage. Celui-ci a en effet assuré la transition du festival vers Carhaix avec la mise en avant d'aspects touristiques, historiques, linguistiques du Poher. Et là encore ça matche avec le Metal, c’est peu de le dire. Plusieurs idées pour agrémenter ce sujet sont en cours de préparation d’ores et déjà en 2024. Allez aussi sur la page Breizh-metal Openair pour découvrir « ils sont les 1000 ». Soit des courts montages vidéo des équipes bénévoles et professionnelles du festival, couvrant toute l’organisation. Les réseaux sociaux ont aussi cette année été largement entretenus par une ribambelle de photographes de talent. Yann Landry, de « La tête de l’artiste », reprend aussi le secteur relations presse, avec une équipe sympa et pro. Le site a permis d’agrandir le secteur vip – presse, à deux pas des scènes. Cet article met en ligne plusieurs post rédigés après le fest.
L’A.B.P connait très bien Kerampuilh, et il est clair que si cette première année de transition est plutôt réussie en termes d’aménagements, campings, parking, toilettes, bref la routine, elle laisse surtout entrevoir un potentiel énorme une fois cette édition analysée en terme de commodités pour les festivaliers.
Avec 54000 spectateurs en cumulé sur quatre jours, la manifestation est donc reconduite pour 2024, ce sera du 15 au 18 août. Le seuil l’année prochaine sera fixé à 16000 entrées / jour pour rentabiliser et sécuriser l’avenir. Ce serait aussi un choix que de garder cette jauge pour conserver un esprit « village » sur le site et pas dirons-nous, « métropole » comme les festivals Wacken, Graspop ou tout simplement le Hellfest avec une jauge de plus de 60000 jours. Yann le Baraillec confirme les facilités dont le festival a bénéficié cette année, de ce que le site offre en termes de confort matériel, électrique, logistique.
« En un an, on a eu ce que l’on espérait en dix auparavant, je ne sais même pas quoi demander de plus pour l’année prochaine ». Grâce au réseau des élus plusieurs entreprises travaillant avec le Festival du Bout du monde et des Vieilles Charrues ont proposé une aide spontanée. Du côté des bénévoles, 80% des Morbihannais ont suivi. Toutes les nouvelles demandes en 2023 n’ont pu être acceptées. Les quelques commentaires négatifs de la part de ceux-ci répertoriés en amont du festival ont pu laisser un tout petit temps croire à ce que la malédiction des bénévoles mécontents allait encore s’abattre (s’ABBATH !!!) sur l’orga mais une fois le festival démarré, tout est rentré dans l’ordre. Et le Macumba dans le camping a battu son plein.
Le Finistère confirme donc sa prédilection à faire la fête l’été et être le plus gros pourvoyeur de festivals en France. Voilà pour moi la meilleure nouvelle de cette année, le rock’n’roll revient enfin en force en Finistère avec un vrai festival, dédié à un public passionné. Par rock’n’roll il faut traduire ce que les festivals Elixir et Tamaris ont laissé de souvenirs et de frustrations à leur arrêt. Christian Troadec a prononcé le mot « le Hard » deux fois pendant la conférence. Il a aussi appuyé sur la « qualité musicale des groupes ». Oui, cet élu qui énonce «le Hard » deux fois, à l'ancienne, incarne la génération bretonne qui a vécu à l’adolescence et à la fin des années 70 avec Led zeppelin, Deep purple et autres Black Sabbath, Scorpions, Queen ou AC/DC, la transition avec la « new wave of british metal » des années 80. Mais si dès 1982 le genre hard-rock et heavy metal va clairement se concrétiser par un festival à Castle Donington en Angleterre avec « MONSTERS OF ROCK », les bretons, voire le reste de l'Europe toujours sous influence celtico-woodstockienne, vont fonder les premiers festivals en Finistère en gardant cet esprit post 70, rock. Ainsi Elixir, qui passera de John Martyn et Fairport convention à Echo & the Bunnymen, Joe Jackson, Nina Hagen pour finir avec Clash. Puis Tamaris, à Carantec et Morlaix, enfoncera le clou. Mais toujours sous cette influence rock et rock indé international, des Lords of the new church jusqu’au Cramps, sans oublier la vague française et le courant alternatif. Les Transmusicales, certes en plus pointu, ou le festival Art Rock de Saint-Brieuc et la multitude de festivals estivaux dédiés au rock ne feront pas autre chose non plus. Nirvana, Tool ou encore Garbage seront quand même programmés aux Trans, qui reste une tête chercheuse. Les Vieilles Charrues seront un mix de tout ça dans les premières années et certains acteurs de ces festivals rejoindront même l’équipe, d’autres fonderont des sociétés de production audio-visuelle et évènementielles puis reprendront d’autres festivals. Je pense à Gérard Pont et Jean-Philippe Quignon en particulier. Gérard Pont a consacré un film et un livre à cette épopée avec « le jour où les Clash sont venus chez nous », sociologiquement très intéressant mais aussi sur l’évolution que va connaître ce business qui aujourd’hui est une économie à part entière et dont lui et l’équipe autour des frères Billant, agriculteurs (comme à Glastonburry), ont été pionniers. Le rock qui va se transformer en pop internationale, le r'n'b,le rap et l’électro gagnant des parts de marché pour les renverser à terme, continueront d’alimenter les festivals que l’on appelait rock autrefois en des festivals devenus généralistes et familiaux, la fête de l’Humanité peut revendiquer ce genre en premier.
Pendant ce temps, le public international hard, heavy, new heavy metal puis trash metal, hair metal, death, puis black puis folk metal puis etc etc, a, lui, continué sa course tranquille, les graisseux des années 80 de Motorhead, Venom et Iron Maiden pour le royaume uni ou Kiss, Motley Crüe, Metallica et autres Pantera pour les US ont développé une communauté mondiale aisément identifiable et qui adore arborer ses codes.
Si le phénomène reste modeste modeste en Bretagne dans les années 80 et 90 au niveau du terrain évènementiel, Benjamin Barbaud de Clisson et Yohann le Nevé (morbihannais) vont se charger au début des années 2000 d’expliquer qui sont les petits enfants du rock au 21e siècle en créant le Fury Fest puis le Hellfest à Clisson. Yann le Baraillec, morbihannais lui aussi, prendra la suite. Ils ont en commun d'être nés début 80 et d'être adolescents au milieu des années 90, période charnière où Alice in Chains, Nirvana, Faith no More, Soundgarden, Pearl Jam vont souder le rock et le Metal. Puis Deftones. Et toute la scène punk hardcore qui les a en partie influencé. Bref plus de règles. C'est en partie une raison du succès du Hellfest. Outre le développement intelligent de ses infrastructures, d'une façon unanime vers 2012, 2013, les groupes majeurs internationaux vantaient l'affiche de Clisson pour son éclectisme et les différentes scènes, dont la WARZONE était le point d'orgue des influences de Benjamin Barbaud.
Ainsi cette communauté métal passionnée, exigeante avec ses groupes, ouverte, décalée et curieuse, (non je ne consacrerai pas un chapitre aux polémiques), incarne une liberté de ton et d’attitude qui colle assez bien avec l’esprit festif breton. Le carrousel de photos en haut de l'article reprend l'esprit du public présent. Les publics du Hellfest et du Motocultor sont, on verra ce que l’avenir réserve, un peu différents néanmoins, moins d’étrangers, une moyenne d’âge plus jeune. Sur les 120 hectares de potentiel, un peu plus de 30% sont utilisés pour le moment. Imaginez le potentiel. Maintenant il faut être réaliste, le Motocultor n'échappera pas non plus dans son développement au phénomène "touriste" que le Hellfest a connu,la curiosité va déferler et l'année prochaine il sera intéressant de voir l'exponentialité du phénomène, dès les mises en vente très probablement. Ainsi le suivant à récupérer les vases communicants, dans une moindre mesure que le Hellfest vers le Motoc', certes, sera très certainement le Courts of Chaos de Plozevet dans les deux à trois années à venir.
Le Motocultor inscrit donc sa marque (commerciale aussi) cet été, il va falloir assumer maintenant ce M Majuscule. Au pays Metal des queues de cheval, des t-shirts sans manches, des pichets de bière et des tatouages, des circle pit et du slam, l’esprit du rock est revenu en force en Finistère et cela fait plaisir qu’il soit incarné par un morbihannais et son équipe. Après tout Lemmy, enfant de Little Richard et des Beatles ne disait pas autre chose en intro de leurs concerts, « We are Motörhead and we play Rock’n’roll ». Et le bassiste de Motörhead reste l’influence majeure de tout le metal moderne. Quant à Christian Troadec, avec les quatre lettres AC/DC dans son nom, lui qui sait depuis longtemps saisir les bonnes opportunités, il va finalement proposer à la rentrée à Poher Communauté le projet d’une société publique locale (SPL), au lieu d’une société d’économie mixte (SEC), pour la gestion du site et le développement du "Breizh Park", site dédié à l’évènementiel tous azimuts. Ce rebondissement, auquel le bureau des Vieilles Charrues n’a pas encore réagi fait suite à la convention d’occupation du site pour 5 ans signée avec l’association des Vieilles Charrues et le Motocultor afin de les sécuriser et apporter une visibilité sur l’avenir.
En lien la rencontre d'enfants avec les suédois de AVATAR le dimanche 20 août, sur la page Facebook de Breizh-metal Openair
https://www.facebook.com/100000988809764/videos/846597070407583/
En une cliquer sur la photo pour dérouler les 16 vignettes du carrousel
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