Quelle différence y a -t-il entre Mael de Calan -président du Conseil départemental du Finistère- Emmanuel Van Brackel -maire de Bouvron 44- et le Président Macron ?
Aucune ou presque. Tous tirent de la légitimité de leur élection, le droit de ne pas répondre aux attentes sociales. C’est comme si le pouvoir, une fois acquis de haute lutte démocratique, offrait le droit à son libre exercice et sans la moindre contrainte.
Mael De Calan, interpellé publiquement via la PQR sur la débretonnisation du collège de Kerhallet à Brest, s’offre le droit de ne pas répondre. Or les requérants ne voulaient qu’une seule chose : qu’il se questionne, lui et ses services, sur la débretonnisation ordinaire de notre territoire et qu’il mette en cohérence ses actions avec ses bonnes intentions affichées à l’égard de notre langue en difficulté. Peine perdue. Ces grands élus professionnels ne songent qu’à jouir de la situation acquise, telle la noblesse d’avant, sans trop d’égard pour le bas peuple et sa culture.
Emmanuel Van Brackel a choisi de détruire le manoir du 15ème siècle, haut lieu patrimonial et historique de Bretagne, pour y construire une supérette. Il n’a jamais pensé un seul instant que les Bretons, dont l’existence est légalement contestée en Loire-Atlantique par les vertus d’un découpage absurde, donneraient de la voix. Il passe en force et refuse même de recevoir les manifestants. Du jamais vu, je crois. Il ne songe qu’à gagner du temps pour mener à bien la démolition. Qu’il ait son idée sur ce que doit être l’aménagement d’un bourg de campagne, c’est-à-dire, comme partout ailleurs dans une société mondialisée – supérette, logement social- passe encore, il n’est pas le seul dans ce cas. Mais qu’il refuse d’entendre, de dialoguer, voire même d’esquisser la possibilité d’un compromis, doit nous interroger. Même au plus bas niveau de l’action politique, le pouvoir devrait maintenant s’exercer de manière absolue ? Qu’il se rassure. Le Préfet de Loire-Atlantique légalement saisi pour interrompre les travaux , dans le cadre d’une instance de classement, ne répond pas davantage, pour l’instant, aux nombreuses associations culturelles et patrimoniales bretonnes qu’il l’ont interpellé et sollicité pour un rendez-vous.
Ici, nous sommes dans le mépris institutionnel classique d’une république française hostile à tout ce qui relève de la Bretagne. Cet événement me fait dire qu’il est temps que la Bretagne s’émancipe et gagne son autonomie pleine et entière. Ne serait-ce que pour ne plus réagir comme Loig Chesnais-Girard : « je ne peux rien faire ». Monsieur « je ne peux rien faire » semble ignorer les vertus de la politique pensée comme l’art d’affronter les choses importantes, comme ce patrimoine breton de Loire-Atlantique que les forces conjuguées de l’Etat et de la région des « pays de la Loire » sont en train de détruire. Les Bretons ont besoin de responsables capables de penser et d’agir Bretagne historique. Si le manoir de Bouvron venait à être rasé, ce sera le résultat du « je ne peux rien faire ».
Alors le Président Macron, me direz-vous ? Il passe en force. Certes, la question des retraites est importante et fait partie des questions qu’un chef de l’Etat doit affronter. Mais lorsque le peuple se rebelle, il faut l’entendre. L’exercice du pouvoir ne doit pas être absolu, malgré le principe de la souveraineté non moins absolue chère à l’esprit français. La crise actuelle me fait dire que nous connaissons un épuisement démocratique marqué pas la disparition du lien social, miné par des discriminations colossales et structurelles. La république égalitaire n’a fait que créer et intensifier les inégalités. Et lorsque le lien social disparaît, ne reste plus que la « violence légitime » et la contrainte sociale. Nous en sommes-là aujourd’hui. Et si l’on mettait un peu de justice et de démocratie dans tout ça ? Les marchés me direz-vous ? Si ce sont les marchés qui font la loi, l’action politique n’a plus le moindre sens, pas plus que le lien social. Il faut alors tout reconstruire.
Yvon ollivier
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