A l’occasion de la Nuit Européenne des Musées et de la Fête de la Bretagne, le Musée de la Carte Postale de Baud (1) a fait appel, pour présenter son intéressante exposition, à une originale animation muséographique. Au lieu des traditionnelles visites et des discours convenus et souvent doctoraux des “guides” de musée, c’est à une visite burlesque et à un discours débridé, servis par deux excellentes clownes des compagnies “Née au Vent” et “Hop Ad Hop” (2) (3), qu’il était possible d’assister lors des 2 séances organisées ce samedi 19 mai.
Mais un discours éclairé sur les réalités culturelles bretonnes, légendes de l’Ankou, histoires comparées de Bécassine et d’Anne de Bretagne…, discours détournant les sempiternels et parfois humiliants clichés régionaux si chers aux Français, restes d’un colonialisme dont on trouvera à l’occasion une cruelle illustration dans l’exposition concernant l’Afrique.
De fait, le Musée programme simultanément une exposition “ExplorAfrique”, voyage à travers les collections photographiques et de cartes postales qui témoignent du colonialisme français à travers l’oeil de photographes, d’éditeurs de cartes postales mais aussi d’un cinéaste breton bien connu, René Vautier.
Réalisateur du premier film anticolonial français, Vautier était en Afrique Occidentale Française (AOF) pour répondre à une commande de la Ligue française de l'enseignement destinée à montrer aux élèves la mission éducative menée dans les colonies françaises. Il raconte : “ Dès le début du tournage, je me suis heurté aux interdictions du pouvoir français: le film a été condamné à la destruction par le Tribunal colonial de Bobo-Dioulasso, les négatifs... ont été détruits et j’ai été condamné à un an de prison. J’ai pourtant réussi à sauver et monter un tiers des bobines”. “Afrique 1950” a toujours été diffusé clandestinement ; le film n’a jamais obtenu de visa et il est resté interdit en France jusqu’en 1996.
Une remarque : si la collection de cartes postales du Musée est riche, la présentation n’évite pas l’erreur culturelle, malheureusement commune aujourd’hui dans les établissements culturels en Bretagne, de présenter une carte de la Bretagne administrative (voir ci-dessous) en lieu et place de la carte historique.
(1) (voir le site)
(2) (voir le site)
(3) (voir le site)