Les hommages à Michel Rocard ont été nombreux. Je m'y associe. En revanche je n'ai pas beaucoup entendu parler ceux qui se réclament de son héritage de son engagement dès les années 1960 en faveur d'une vraie régionalisation.
En tant que candidat régionaliste, en tant que Breton, je veux rappeler le discours qu'il avait prononcé en 1966 à Saint-Brieuc. Il l'avait intitulé : « Il faut décoloniser la province » . Cette véritable régionalisation, nous l'attendons encore. Ceux qui à gauche ou à droite saluent le travail réalisé par Michel Rocard oublient ce discours qui, cinquante ans après, est toujours d'une actualité évidente.
On pouvait y lire par exemple qu'il fallait (qu'il faut !) : « redonner aux régions de France la capacité d’innovation autonome qui leur manque. Cela suppose l’existence de trois facteurs : une volonté de développement, des institutions capables de permettre ce développement et l’infrastructure qui lui est nécessaire ».
Plus loin l'ancien Premier ministre propose la suppression des préfets en expliquant : « L’autorité du préfet est en fait une couverture commode pour l’apathie locale. La reconnaissance du dynamisme régional suppose la disparition de cet alibi. Il faut supprimer la tutelle et surtout le préfet ».
Enfin, à propos de la régionalisation, qu'il jugeait urgente et nécessaire, Michel Rocard expliquait : « Cela appelle une refonte complète de nos gouvernements locaux qu’en fait la majorité des notables installés refuse avec fermeté. Il y a au demeurant une étonnante complicité entre les forces politiques réactionnaires qui refusent le remodelage territorial du pays et un pouvoir central technocratique qui s’accommode fort bien de cette situation, ne cherche nullement à favoriser le dialogue démocratique avec les administrés, et se contente d’aménager ses structures administratives de décision en fonction des nouveaux besoins sans permettre une véritable participation des intéressés à la décision (...). Si le point de départ de la réflexion est économique, son point d’aboutissement est institutionnel, c’est-à-dire, purement politique ».
Les idées de Michel Rocard sont d'une actualité évidente surtout après la prétendue réforme des régions que nous venons de vivre.
Il est donc indispensable qu'un candidat à la présidence de la République remette dans le débat électoral toutes ces questions.
Christian Troadec