Pari difficile que celui de faire écouter de la poésie à 14h sous le soleil, et de plus, en breton et en français, ou en gaélique, anglais et français. Mais chaque année, ils reviennent et nous font découvrir de nouveaux textes, de nouveaux auteurs.
Ce jour-là, c'était le tour de deux poètes bretons, l'un de langue française et l'autre, bretonnant. Leur point commun ? Ils sont morts entre 28 et 30 ans, avaient une sensibilité poétique hors du commun. Autant Yann Ber est attaché à son île de Groix, à ses parents, autant Tristan Corbière observe la Bretagne avec détachement et un certain humour noir. Qui ne se souvient pas de cette admirable "Rapsode foraine" où le pardon de ste Anne la Palud est décrit sans concession, avec les mendiants et les bigotes, tous les personnages qui défilent sous le porche de l'église ? Et "Le crapaud", souvent étudié en classe, son "pareil, son frère", un sonnet à l'envers où le poète renverse les règles de la poésie classique tout en la connaissant parfaitement.
Alors fermez les yeux, faites abstraction du bruit, et écoutez Tristan, ce poète malheureux de ne pas trouver sa muse, inadapté, qui dormait dans un bateau à l'intérieur de sa maison et que les gens qui le croisaient appelaient "l'Ankou"...