C'est un concert atypique que Dan a joué avec David er Porh à Locunolé ce samedi 18 décembre. Une grande première : renouer avec la guitare acoustique, les textes de Grall, mais aussi ceux de Clarisse Lavanant, Lemoine, Jean-Jacques Goldman...
L'idée est née en août 2021, lors du festival de Lorient. Et si, pour les quarante ans de la mort de Xavier Grall, le 11 décembre 2021, Dan remontait sur scène pour rejouer "Allez dire à la ville", cet album qu'il avait joué après le coup de foudre qu'il avait eu dans une librairie de Quimper, à la lecture de "La sône des pluies et des tombes"?
C'était ça qu'il voulait rocker, qu'il voulait jouer. Il commence alors, en 1977, un travail de retranscription, d'adaptation à la musique. Il demande dans la foulée à Xavier Grall, à sa descente du podium de Foulquier à Bénodet, l'autorisation de les adapter. Celui-ci lui donne "carte blanche". Et quand l'album est prêt, malgré les craintes de son producteur (la poésie "ça ne se vend pas", et la carrière de guitariste solo de Dan commençait bien, après la vague Stivell...), Dan va à Bostulan faire écouter le disque à Grall. Xavier garde alors sa main sur celle de Dan, pendant toute la durée du disque, pour lui dire ensuite qu'il est content du travail accompli. À la une du Monde, Grall, qui a assisté à un concert de Dan à l'auditorium de Brest redit le grand bonheur de voir ses textes adaptés à la scène : "Dan réinvente mes mots, il me réinvente".
Grâce à Dan ar Braz, la poésie de Xavier Grall se lit, s'écoute. Aussi quand Erwan Chartier oublie de mentionner son travail, quand les quotidiens régionaux n'en parlent pas, il pousse un coup de gueule sur ses "fesses de bouc", comme il le dit souvent.
Le public venu nombreux à Locunolé ne s'est pas trompé : Dan, pendant deux heures les a fait voyager, leur a raconté, et a invité à la table des mots Xavier pour dix poèmes, Clarisse, Lemoine, Jean Jacques Goldman, et pour finir, lors du rappel, ses propres textes.
À l'écoute de son public, il dédie ses chansons à son frère, à son père, à Catherine Grall, ... il a parlé de la Bretagne, d'agriculture, du dernier film de Soazig Daniélou "Noz", il a parlé des mots qui guérissent les maux, et à 72 ans, il a montré à quel point l'art n'a pas d'âge, les rides ne peuvent entamer son énergie, sa rage.
Et sur sa toute nouvelle guitare, avec David er Porh, il réinvente Grall, il n'en revient pas de découvrir de nouvelles pistes, de nouveaux textes.
En espérant que l'on pourra l'écouter ailleurs, sur d'autres scènes, pour redire un poète qui compte et qui parle aux jeunes que Dan avait rencontrés la semaine précédente à Quimperlé.
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