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L'universitaire Jean Ollivro parie sur le mariage de la proximité 
et de révolution numérique pour enfanter une nouvelle économie 
des territoires.
L'universitaire Jean Ollivro parie sur le mariage de la proximité et de révolution numérique pour enfanter une nouvelle économie des territoires.
- Dépêche -
Pas de pétrole mais des idées... Jean Ollivro rêve d'un autre monde

Le prix de l'essence flambe, le numérique change notre relation aux territoires, la planète est lancée dans une course de vitesse. Voilà le tableau que décrit Jean Ollivro dans La Nouvelle économie des territoires. Dans ce livre clair et bien écrit, l'universitaire nous plonge dans la mondialité. Il y dessine le nouveau visage de nos sociétés, ouvre le débat et propose des stratégies pour renouer avec les territoires

Ronan LE FLÉCHER pour ABP le 4/03/11 18:22

Le monde n'aura peut-être bientôt plus de pétrole, mais Jean Ollivro a des idées. Il le démontre dans son ouvrage - « La Nouvelle économie des territoires » - qui dessine le profil du monde qui s’annonce. Cet ouvrage tombe à pic alors le prix de l'or noir flambe.

Entre ses cours d'amphi à l'université européenne de Bretagne ou à sciences po Rennes et ses conférences, Jean Ollivro a trouvé le temps d'écrire un 10e livre. Il ouvre sa réflexion par une description de la mondialité que nous vivons, sorte de tryptique associant mondialisation, instantanéité et localité. Selon lui, « ce processus précède la nouvelle économie des territoires ». Car, la fin de l’énergie bon marché pourrait bien signer le glas de l’économie circulatoire à tous crins.

Dans la première partie du livre, le chercheur envisage l’essor numérique en lien avec ce mouvement de mondialité et le renchérissement simultané des coûts de l’énergie. Cela n'aura échappé à personne que le prix du baril de brent, le brut de référence, s'est installé depuis plusieurs semaines au-dessus de la barre des 100 dollars. « D’ici 2012 ou 2015, il est possible de voir un prix du baril être multiplié par deux, cinq, ou pourquoi pas dix », prévient Jean Ollivro. Le géographe se fait historien lorsqu’il rappelle que « dans l’histoire de l’humanité, plus le coût de l’énergie augmente, plus le périmètre de la vie des gens se restreint ».

Un nouveau choc pétrolier est peut-être plus proche que l’on ne pense, et c’est l’humanité tout entière qui en subira les conséquences. « Cette crue déclenchera inéluctablement une pénurie et une modification de la mobilité, une mutation totale des économies », estime Jean Ollivro. Il décrit l’explosion des communications à distance et le renforcement de la vie interactive au fur et à mesure que se généralise une civilisation Web à l’échelle planétaire. « La planète est de plus en plus animée par des gens entretenant des relations à distance avec moins d’échanges en direct », observe le chercheur qui met en exergue un paradoxe. Il réside en ceci que des populations de plus en plus libres dans les usages numériques seront de plus en plus contraintes dans leurs navettes quotidiennes. Voilà donc l’homme devenu internaute obligé de réduire sa mobilité lors des vingt prochaines années.

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Vos 4 commentaires
  Jef Monnier
  le Mercredi 9 mars 2011 19:17
Jean est en train de faire sa révolution écologique. Il était mur pour ça (mais il était temps aussi). Le fan que je suis est vraiment très content.
Il lui reste cependant un peu de chemin à faire : intégrer le fait que les nouvelles technologies (telle qu'elle se présentent aujourd'hui) sont elles aussi dépendantes du pétrole et de la mondialisation; arrêter de penser que la science ne va pas forcément régler la situation; se dire que les "idéologues" sont peut-être tout simplement des gens qui ont perçu les "nécessités" avant les autres.
Dans son livre, Jean parle assez peu d'agriculture. Même si ce qu'il en dit va plutôt dans le bon sens (pour l'écologiste que je suis evel just) on aurait aimé qu'il en dise un peu plus (je précise que je suis à la moitié du dernier chapitre), à fortiori lorsque l'on sait qu'il a l'habitude de prêter l'oreille au lobby productiviste (dont on connait la forte dépendance du modèle vis à vis du pétrole et de la mondialisation).
Bien que Jean ne soit pas économiste (mais moi non plus) on aurait aimé aussi qu'il aborde un peu la question de la sortie de la croissance. On va dire que ce sera pour la prochaine fois. Je pense qu'il y a une synthèse très intéressante à faire entre Jean Ollivro et Tym Jackson (http://www.rue89.com/planete89/2010/09/24/tim-jackson-on-est-au-bord-du-gouffre-ecologique-167846)
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  Lan Gouël
  le Jeudi 10 mars 2011 14:53
Géographe. Il me semble que la profession de Jean Ollivro est géographe.
Le géographe précéde le militaire, du moins dans les siecles précédents de découverte de territoires. Découvrant de nouveaux espaces, l’administration remerciant chaudement le géographe envoyait rapidement des militaires pour discipliner l’espace, des scientifiques aussi pour évaluer la valeur de l’espace nouveau, son utilité commerciale et ensuite des fois, des colons.
La colonisation de l’imaginaire et des représentations des individus, dans un monde fini et dans les nouveaux espaces virtuels ouverts serait le nouveau Eldorado qui revient toujours au même : trafiquer les consciences et faire en sorte que des valeurs implicitement vécues par des individus sur leur territoire se déplacent subtilement (mouvement) et se posent ou se sédimentent (immobilité) dans les formes institutionnellement considérées “bonnes” ou plutôt “utiles” généralement par l’institutionel ou des personnes dites autorisées.
Conscient de l’importance de changements dans les styles de vie qu’il serait bon que nous ayons, conscient aussi du réchauffement climatique et des gaspillages d’un économie qui nous donne à consommer des produits et articles rapidemment obsolètes, je m’interroge en premier lieu sur le grand écart de concepts vulgarisés qui me semblent s’annuler l’un et l’autre et sur les effets de secondaires de ce déplacement de valeurs et de représentations.
Passer effectivement de :“Bretagne belle, prospère, solidaire, ouverte sur le monde “ à : “ Cette crue (cf choc pétrolier) déclenchera inéluctablement une pénurie et une modification de la mobilité, une mutation totale des économies” reléve effectivement du grand écart, évoque un chant du cygne du “mouvement”, annule le premier message et nous amène à penser qu’il y a eu “un chemin de damas”, des circonstances apocalytiques, ou quelque chose qui aurait à voir avec la révolution ou finalement ce qui est évoqué en dans le premier paragraphe et resterait fidèle à la gymnastique des géographes principalement au 19 ième siècles.
Nous serions en fonction des circonstances actuelles liées aux questions écologiques, de sortie de la croissance et de développement durable amener éthiquement et moralement et afin de faire passer une pilule amère concernant la limitations du mouvement à gommer ou du moins sous-évaluer ainsi de nos mémoires historiques un certain nombre de représentations littéraires, culturelles et historiques chers aux bretons, justement liées au voyages, au mouvement, à la découverte de l´autre, au rêve.
Déconseillons ainsi en premier lieu, la promenade sur la plage et le regard sur l´horizon, “Bretagne est univers” de Saint Pol Roux, la lecture des “Bretons au Brésil”, Victor Segalen et l´exotisme, n´en parlons pas, mais aussi “Délivrance” de Alan Stivell..,etc. Ceci est un choix personel.
La réduction de la mobilité et le concept utilitaire, morale des économies de proximité concernant le territoire “Bretagne” ne pourrait qu´affecter les bretons dans leur sens de la représentation d´eux-mêmes et aussi et surtour de leur lien avec leur mémoire.
Comment passe-t-on en si peu de temps de “Bretagne belle, prospère, solidaire, ouverte sur le monde à “une nouvelle économie des territoires basée sur les économies de territoires? Mystère, circonstances, maturité, révolution...autres.
Les autres qualificatifs du premier concept restent-ils d´actualité ?
J'avais cru comprendre qu'un entrepreneur breton allait commercialiser des voitures électriques? Est-ce toujours d'actualité?
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  Hervé Cadiou
  le Vendredi 11 mars 2011 14:28
France 3 avait invité hier soir Jean Ollivro pour défendre son nouveau bouquin. Je suis content de voir le géographe s'aventurer sur d'autres terrains de jeu que la Bretagne et aborder la mondialisation, avec ses bons et ses mauvais côtés.
Attention aux raccourcis rapides ! La nouvelle économie des territoires qu'il envisage n'est pas synonyme de protectionnisme, d'autarcie ou de repli sur soi. Jean Ollivro prévoit qu'Internet donnera aussi cette ouverture sur le monde aux territoires.
Rendons nous à l'évidence: le pétrole et l'essence sont de plus en plus chers et nous sommes déjà nombreux à rationner nos pleins et nos trajets. Tant que l'alternative aux énergies fossiles ne sera pas retrouvée la plus grosse partie de la population devra recommencer à changer sa mobilité et à développer l'économie locale. C'est un peu le se sens de la campagne Je Relocalise de Produit en Bretgane ?
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  Keriadenn
  le Dimanche 20 avril 2014 12:18
J'ai été ravie d'écouter pour la première fois Jean Ollivro aux Assises de la construction durable qui se sont déroulées à Saint-Brieuc récemment.
En écho au premier commentaire, dommage que l'écologie (hors politique - et même si c'est manière d'éviter le devenu galvaudé) soit abordée en creux, dans un ensemble enthousiasmant.
On ne peut oublier le massacre agraire, pour ne parler que de lui, qui se déroule aujourd"hui sous nos yeux : assister (de vivre en campagne à 100%) et écouter un peu les Bourguignon (Claude et Lydia), Gérard Ducerf, et pas mal d'autres sont accablants. Les pratiques agricoles hyper-majoritaires usent et abusent des terres, de la Terre aujourd'hui, exsangues en Bretagne (comme ailleurs, hélas).
Comment imaginer un avenir serein et fertile à la Bretagne en détruisant aussi systématiquement son sol ?
Le bocage est quasi-ruiné, de plus, tandis que le phénomène de concentration des exploitations ouvre en effet la voie d'un open-field désastreux et antinomique à la tradition bretonne (humaine et profondément opératoire).
Problématique aussi, la propriété du foncier rural - avec une appropriation qui pourrait conduire à diversifier les approches et techniques agricoles (bio, certes, mais aussi vers l' "agriculture naturelle" en référence à l'admirable Masanobu Fukuoka, ou encore la permaculture) -, aux seules mains des agriculteurs trop souvent héritiers, peu novateurs en terme d'évolution alternative (le modèle dominant est techniciste voire technologique, et dépendant du pétrole, de méthodes et groupes industriels pas toujours recommandables et enfin des banquiers qui se pourraient devenir eux les vrais propriétaires de demain, par l'excès d'endettement et le recours imposé à l'hypothèque en cours), sans doute aussi versés dans l'accumulation, la mégalomanie éventuellement ?
Revanche de l'Histoire pour eux, si dure à leur endroit ? Faillible et fragile cependant.
Toute explication est bienvenue, et je suis petite fille de "cultivateur" de la Bretagne "profonde".
Toute lucidité requise de pair.
Quant aux normes, et au combien les normes....
Ici dans l'agriculture, là dans le bâtiment, la santé, l'école, la vie courante...
Normes obligatoires, normes suivies par simple conformisme.
Merci monsieur Ollivro, de débusquer atouts et faiblesses du pays, avec affection pour lui.
PS : La journaliste Ruth Stégassy mène un travail salutaire depuis plusieurs années, et notamment ces derniers mois (France Culture, Terre à terre), en observant les structures mentales et légales qui sous-tendent la normalisation pandémique ainsi que les personnes et les faits autrement innovants qui émergent en Bretagne, et partout... dans le monde.
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