Le monde n'aura peut-être bientôt plus de pétrole, mais Jean Ollivro a des idées. Il le démontre dans son ouvrage - « La Nouvelle économie des territoires » - qui dessine le profil du monde qui s’annonce. Cet ouvrage tombe à pic alors le prix de l'or noir flambe.
Entre ses cours d'amphi à l'université européenne de Bretagne ou à sciences po Rennes et ses conférences, Jean Ollivro a trouvé le temps d'écrire un 10e livre. Il ouvre sa réflexion par une description de la mondialité que nous vivons, sorte de tryptique associant mondialisation, instantanéité et localité. Selon lui, « ce processus précède la nouvelle économie des territoires » . Car, la fin de l’énergie bon marché pourrait bien signer le glas de l’économie circulatoire à tous crins.
Dans la première partie du livre, le chercheur envisage l’essor numérique en lien avec ce mouvement de mondialité et le renchérissement simultané des coûts de l’énergie. Cela n'aura échappé à personne que le prix du baril de brent, le brut de référence, s'est installé depuis plusieurs semaines au-dessus de la barre des 100 dollars. « D’ici 2012 ou 2015, il est possible de voir un prix du baril être multiplié par deux, cinq, ou pourquoi pas dix » , prévient Jean Ollivro. Le géographe se fait historien lorsqu’il rappelle que « dans l’histoire de l’humanité, plus le coût de l’énergie augmente, plus le périmètre de la vie des gens se restreint ».
Un nouveau choc pétrolier est peut-être plus proche que l’on ne pense, et c’est l’humanité tout entière qui en subira les conséquences. « Cette crue déclenchera inéluctablement une pénurie et une modification de la mobilité, une mutation totale des économies » , estime Jean Ollivro. Il décrit l’explosion des communications à distance et le renforcement de la vie interactive au fur et à mesure que se généralise une civilisation Web à l’échelle planétaire. « La planète est de plus en plus animée par des gens entretenant des relations à distance avec moins d’échanges en direct » , observe le chercheur qui met en exergue un paradoxe. Il réside en ceci que des populations de plus en plus libres dans les usages numériques seront de plus en plus contraintes dans leurs navettes quotidiennes. Voilà donc l’homme devenu internaute obligé de réduire sa mobilité lors des vingt prochaines années.