Pour une Bretagne libre et solidaire dans l’Europe des peuples, votons non à la constitution Européenne !
Réunis en assemblée générale les 18 et 19 décembre derniers les militants d’Emgann-MGI ont pris la décision de lancer une importante campagne dans le cadre du débat sur la constitution européenne. Nous appelons les Bretons et Bretonnes à voter « non » . En effet, rien dans ce projet de Constitution européenne n’est prévu pour les nations qui telles la Bretagne n’ont aucun droit à maîtriser leurs destins et de surcroît elle contribuera à toujours plus affaiblir les droits des travailleurs.
Luttons pour une démocratie bretonne solidaire.
Les dernières élections européennes ont été marquées par une très forte abstention y compris en Bretagne. Nous nous en sommes réjouis ouvertement car le peuple Breton avait très clairement démontré ainsi son rejet d’un découpage territorial dans lequel notre pays, la Bretagne, avait disparu. Ce découpage reste pour nous un obstacle de plus à l’unité territoriale de la Bretagne tout comme l’est le maintien de la Loire Atlantique dans la région Pays de Loire. Si en 1992 le « Oui à Maastricht » avait été clairement majoritaire en Bretagne, nous estimons que de nombreux Bretons ont depuis acquis une certaine défiance vis à vis des institutions européennes. Il y a donc un espace politique dans la société Bretonne dans lequel notre campagne peut remporter un certain écho, et de part la même renforcer la conscience nationale du peuple Breton. Car nous nous donnerons les moyens de nous faire entendre afin que notre « Non » ne soit pas assimilable à celui des souverainistes, pas plus qu’a celui de l’extrême droite ou de l’extrême gauche française. De nombreux Bretons comprennent qu’il nous faut exister en tant que nation, qu’il nous faut un tel pouvoir politique breton, à nous d’en convaincre d’autres à travers une telle campagne ! Si nous partageons les critiques de certains sur le caractère ultra-libéral de la Constitution européenne, nous n’en sommes pas moins étonnés de leur silence sur le fait que cette constitution nie le droit à l’autodétermination nationale de tant de peuples sans État y compris au sein de l’État français. De même notre attachement à la notion de service public n’est en rien assimilable à une éventuelle adhésion à la position commune à la gauche française qui fait de la défense des « services publics » une défense acharnée du centralisme parisien.
Nous devons affirmer à travers notre campagne pour le « non » , notre volonté de se servir de notre territoire national historique pour construire une véritable démocratie de proximité, une démocratie bretonne solidaire qui ne pourra trouver de traduction dans le cadre institutionnel français, ni dans la construction du grand marché libéral européen que défendent le PS et l’UMP.
Construisons l ‘Europe des peuples libres et solidaires face à l’Europe des États et du capital !
De fait nous serons les seuls à faire campagne en soulignant le fait que la constitution européenne nie le droit des nations sans états à l’autodétermination. Si de nombreuses petites nations ont su trouvés leurs places au sein de l’Union Européenne ,comme la Lituanie, la Lettonie, l’Estonie, la Slovénie, Malte ou Chypre qui sont toutes des nations comparables à la Bretagne en termes de population ou de territoires et qu’elles y siègent comme états indépendants, la Bretagne elle subit un déficit démocratique important de part la négation de son existence même, et de part l’absence de pouvoir politique Breton. Les lieux de décision politiques déjà bien éloignés de nous du temps où ils étaient uniquement à Paris, s’éloignent encore plus de nous à Bruxelles ou Strasbourg.
En tant que mouvement soucieux du destin national du peuple Breton et de la démocratie nous affirmons à travers notre position pour le « Non » à cette constitution Européenne le droit à l’égalité absolue entre les nations, qu’elles soient « grandes » ou « petites » . Dans l’Europe en construction, et pour pouvoir faire face au libéralisme le peuple Breton et la Bretagne doivent pouvoir exister en tant que nation souveraine, de fait la négation de l’existence de notre territoire national est un obstacle à l’exercice du droit du peuple Breton à l’autodétermination nationale et de par là-même à son indépendance. De surcroît le projet de constitution européenne assoit les pouvoirs de la commission européenne, organe non élu au suffrage universel et composé de hauts fonctionnaires, véritables représentants des lobbies libéraux et technocratiques. Ce n’est pas d’un Parlement européen fantoche, ni d’une commission européenne qui n’aura comme seul souci véritable que de construire un grand marché libéral, dont nous avons besoin, mais d’un vrai Parlement breton doté de véritables compétences et assurant notre représentation au niveau international.
Dans le cadre européen tout comme dans le cadre hexagonal nous lutterons sans relâche contre les découpages et constitutions, française ou européenne, qui nient l’existence de notre territoire, tout comme celle de la nation Bretonne. C’est pourquoi nous appelons dans le cadre du référendum sur la Constitution européenne à faire campagne pour un « non, breton, indépendantiste, social et internationaliste » afin de contrer les projets de celles et ceux qui veulent asseoir, grâce au futur traité constitutionnel, une Europe niant l’existence de nations sans état à l’image de la Bretagne, une Europe sous la coupe de l’OTAN et du lobby militariste et impérialiste, une Europe sans droits sociaux pour les travailleurs et détruisant les services publics.
C’est autour du slogan « Pour une Bretagne libre et solidaire dans une Europe des peuples, votons non à la constitution européenne » que nous déclinerons nos propositions et feront nos valoir la pertinence de nos arguments. Il va de soi que nous mènerons une telle campagne avec dynamisme et de concert avec nos partenaires politiques européens notamment issus des autres petites nations car dans les Pays Catalans, en Asturies, au Pays Basque, en Galice, en Occitanie, en Écosse, au Pays de Galles, en Irlande et ailleurs d’autres nationalistes font la même lecture que nous de cette Constitution européenne.
Emgann-MGI, le premier janvier 2005.