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Exposition coloniale Paris 1931 source : À l'époque des zoos humains | CNRS Le journal
- Chronique -
Expositions coloniales Paris, Rennes : une longue tradition française
LA Bretagne celtique ? Les expositions françaises au travers d'époques différentes ont toujours cette continuité : démontrer l'infériorité de peuples pas assez français et/ou nier simplement leur existence. A Rennes au Musée de Bretagne la tradition coloniale perdure.
Par Alan-Erwan CORAUD pour alan coraud le 17/10/22 12:06

Avec des collègues de Bretagne Réunie, comme nous avions notre conseil d’administration à Rennes, nous en avons profité pour aller voir cette « fameuse » exposition « celtique ? » au musée de Bretagne.

Nous avons pu constater notre inexistence en tant que peuple. Cependant, nous sommes bien des indigènes de la République dans l’esprit des expositions universelles de Paris et d’ailleurs.

Nous ne correspondons pas au Français type. Un gros travail républicain reste encore à faire pour que notre assimilation soit totale et parfaite.

Exposition le juif et la France Paris 1941

Contrairement à l’exposition « le juif et LA FRANCE » au palais Berlitz à Paris en 1941, nous ne sommes tout de même pas voués à l’élimination physique.

Un travail républicain de lobotomie est parfaitement pratiqué à partir des écoles sur nos cerveaux d’enfants.

Ce travail a été également réalisé sur les peuples indigènes en Afrique et ailleurs

Comme en témoigne, entre autres écrivains, Amadou Ampâthé Bâ, dans son livre mémoire « Amkoullel, l’enfant Peul » le crâne de petit mammifère porté par les enfants surpris à parler leur langue afin de les humilier nous renvoie au sabot des petits bretons.

Humilier et mépriser ceux et celles qui n’étaient pas assez Français, y compris dans les expositions universelles serait donc une constante française, même de nos jours ?

Si l’on en croit la création du Village Bamboula au Safari Parc en Pays de Retz devenu Planète Sauvage on peut répondre positivement. En 1994, des femmes, enfants et hommes ivoiriens sont amenés au parc dans un village de huttes reconstitué et les visiteurs peuvent les regarder vaquer à leurs occupations africaines entre les girafes et les singes. Les enfants sont retirés à leurs parents et le directeur se vante d’être allé lui-même sélectionner les individus dans la brousse.

Le soutien que l’État et ses réseaux lui a apporté face à ce scandale aide à comprendre le silence des médias à l’époque.

A la retraite, retiré dans ma commune de la Remaudière il a été choisi par les partis politiques français pour me battre aux élections, puisque j’étais maire.

Me revient alors en mémoire mon enfance en banlieue nantaise. Imaginez ce que moi le petit breton né en 1958, ayant donc subi des instituteurs et institutrices arrivant de l’Algérie ex-française, j’ai pu subir comme mesures vexatoires et punitions physiques, moi le fils de patriotes bretons soutenant logiquement le FLN et qui clamait haut et fort que les Bretons feraient comme les Algériens ?!

Donc, revenons à cette tradition française d’expositions qui sont faites pour mettre en évidence les pires clichés des peuples qui n’ont pas l’heur de plaire à nos maîtres car pas parfaitement intégrés et trop différents. Pour nous Bretons, nous sommes servis dans cette exposition !

Des ploucs, des collabos et des images de personnages repoussants voire ridicules.

Les trois illustrations qui sont jointes à cet article valent mieux que nos mots.

A travers les générations les mêmes manipulations idéologiques perdurent.

Finalement, la tradition fasciste en France depuis les années trente revient en force, nourrie du nationalisme suprémaciste d’un Maurice Barrès -1862-1923- qui était enseigné à Science Po jusque dans les années 1950 et qu’un « grand » journaliste Franz-Olivier Giesbert auteur de l'ouvrage intitulé Histoire intime de la Ve République – Le Sursaut, souhaiterait que l’on enseigne de nouveau.

La volonté de cette exposition était de nier notre identité celtique afin de faire de nous des « Français standards compatibles » allant dans le sens de leur volonté assimilationniste et suprémaciste.

Finalement, la violence de ces clichés dessert la cause « nationale » qu’ils comptaient défendre.

Décidément notre résilience bretonne en énerve plus d’un !

C’est bon signe, ils ont peur, nous sommes sereins.

Voir aussi sur le même sujet : Expositions coloniales Paris, Rennes
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