L'Agence Bretagne-Presse a produit une dépêche le 12 août dans laquelle Mme Clare Smith, responsable du pavillon écossais au Festival interceltique, a produit la déclaration suivante : « la venue de notre ministre de la culture, Linda Fabiani, représentait pour nous un évènement très important et symbolique ; il faut bien dire que l'accueil qui lui a été réservé à Lorient a été un peu « rafraîchissant » sinon un peu froid dans la mesure où il n'y a pas eu de réelles réunions de travail à quelque niveau que ce soit et que les rencontres avec les politiques bretons se sont limitées à de la pure courtoisie . Nous sommes un peu déçus à ce niveau là mais il s'agit sans doute là aussi d'un manque de préparation et de communication de notre part avant le festival ».
Je souhaiterais apporter les éléments de réponse suivants: A l'occasion de l'édition 2007 du Festival interceltique la Région Bretagne a particulièrement apprécié l'investissement personnel de Mme Fabiani, ministre des affaires culturelles, européennes et étrangères du nouveau gouvernement écossais, qui a séjourné plusieurs jours à Lorient.
Ce séjour, qui s'est fait à l'invitation du Festival interceltique, n'avait pas de dimension politique. Pour autant le président de la Région a logiquement souhaité rencontrer la ministre, ce qui fut fait le 3 août dans un cadre convivial. En ce qui me concerne, j'ai rencontré Mme Fabiani à deux reprises, le 2 août en compagnie des responsables du FIL puis le 5 août pour un tête à tête qu'il nous fallut malheureusement écourter en raison de l'évacuation du palais des congrès suite à la découverte d'un colis suspect.
Ces trois rencontres se sont faites par l'intermédiaire du service de communication du FIL qui était l'invitant. Mme Clare Smith doit savoir que les rencontres institutionnelles se déroulent selon des règles protocolaires connues de tous les gouvernements nationaux ou régionaux.
Ces règles sont nécessaires pour une définition correcte des objectifs politiques et du programme de visite qu'ils déterminent. Une rencontre institutionnelle n'a jamais été à l'ordre du jour de la visite de Mme Fabiani ; la Région Bretagne n'a donc pas été contactée par le gouvernement écossais.
Le contexte estival et le cadre festif du Festival interceltique ne l'auraient d'ailleurs probablement pas permis. Seuls des échanges informels pouvaient s'envisager, ce qui fut fait. Liés depuis 2004 avec le Pays de Galles par un accord de coopération la Région Bretagne ne se désintéresse pas pour autant de l'Ecosse. Pour preuve les deux déplacements officiels que Jean-Yves Le Drian a effectués à Edimbourg depuis son élection à la présidence du Conseil régional.
En outre, après la création en 2006 par le secteur international de la Région Bretagne d'un dispositif de soutien aux initiatives visant à développer les relations interceltiques au-delà du seul champ culturel, l'association Bretagne - Ecosse (1) a été une des premières à en bénéficier dans le but de moderniser son site internet.
Les entretiens informels que j'ai eus avec Mme Linda Fabiani nous ont permis de convenir que l'Ecosse était insuffisamment connue des Bretons, comparativement aux relations que ceux-ci ont nouées avec l'Irlande ou le Pays de Galles (2), et que la Bretagne était encore plus mal connue des Ecossais. Nous avons convenu qu'une intensification des échanges culturels et touristiques devrait combler ces lacunes. Nous avons également émis le vœu que nos représentations respectives à Bruxelles développent leurs relations, notamment pour se positionner ensemble sur des appels à projet de l'Union européenne. Pour le reste, il faut être conscient que la Région Bretagne et l'Ecosse « ne jouent pas dans la même division » pour employer un langage sportif.
Avec un budget d'à peine un milliard d'euros la Bretagne administrative est une région de droit commun dans le cadre jacobin français qui n'autorise aucune initiative régionale sur un plan législatif ou réglementaire. A contrario l'Ecosse dispose depuis 1999 d'une des plus larges autonomies en Europe qui lui permet de légiférer dans des domaines comme le développement économique, l'éducation, l'environnement, la santé, le sport ou la culture (3), de siéger au Conseil des ministres de l'Union européenne quand ses compétences sont en jeu et de disposer d'un budget de 38 milliards d'euros. Il est notoire que le nouveau gouvernement écossais ne se satisfait pas de cette large autonomie et aspire à ce que l'Ecosse devienne un membre à part entière de l'Union européenne au même titre que l'Irlande. Si l'interceltisme offre le grand avantage de réunir les « nations celtes » sur un pied d'égalité dix jours par an à Lorient, il ne doit pas pour autant nous faire perdre de vue la réalité d'une très grande disparité dans les pouvoirs d'action de leurs institutions.
Si l'on a la volonté de changer la donne en Bretagne, il faut donc savoir d'où l'on part.
(1) (voir le site)
(2) La Bretagne à cinq départements a développé 111 jumelages avec l'Irlande, 42 avec le Pays de Galles et, selon mes informations, un seul avec l'Ecosse.
(3) (voir le site)