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le territoire breton est coupé en deux par une fermeture éclair
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- Chronique -
2 février 2019 : la décentralisation, cinquante ans après le fameux discours du général de Gaulle à Quimper
Dressons le constat d'échec de la décentralisation française. Elle est devenue le voile de formes de domination redoutables et structurelles. Sortons du système pour exiger le statut particulier adapté à la Bretagne.
Par Yvon Ollivier pour Yvon Ollivier le 1/02/19 7:23

Le 2 février 1969, le général de Gaulle prononçait son fameux discours de Quimper sur la nécessaire décentralisation. Non qu’il faille idolâtrer le personnage, qui ne portait pas particulièrement les Bretons dans son coeur - « Les Bretons sont des cons, mais ils m’ont suivi en Angleterre » aurait-il dit à l’un de ses proches - mais l’analyse qu’il avait donnée de la France était la bonne. Pour ne pas se défaire, la Nation est condamnée à trouver le chemin d’un pouvoir décentralisé.

Où en sommes-nous cinquante ans après ? Il est des moments dans l’histoire où l’on doit faire le bilan. Il est catastrophique.

La langue bretonne agonise. La politique linguistique de la région bretonne est indigne . Moins de 1 % du budget dérisoire de la région est consacré à la politique publique la plus importante pour nous Bretons, puisqu’il s’agit de sauvegarder de ce que nous sommes. Le nombre de nos enfants scolarisés en langue bretonne demeure dérisoire. Il ne progresse plus vraiment. Un échec sur toute la ligne alors que ça fonctionne ailleurs, au Pays basque, en Alsace, en Corse. Qu’est-ce qu’une décentralisation qui ne permet pas à un peuple de sauver sa langue ? Et nos élus sont contents de ce qu’ils font alors qu’ils devraient démissionner en bloc pour ne plus légitimer de leur présence une telle catastrophe annoncée.

Après des décennies à nous faire croire qu’il allait contribuer à l’émancipation des Bretons, le parti socialiste vient de fermer la porte à la réunification de la Bretagne. Et ce, dans un désaveu flagrant de la démocratie en refusant de faire droit à la demande légalement formée par plus de cent mille habitants de Loire-Atlantique, désireux d’être consultés sur la question. A Paris, personne ne s’en offusque alors même que le RIC est plus que jamais dans le débat public.

Loin de déléguer des compétences législatives ou réglementaires, Paris recentralise et s’appuie sur les métropoles pour maintenir son emprise au détriment des régions victimes du système. Le gouffre entre Paris et « la province » ne cesse de s’accroître sur tous les plans. Le dérapage financier du métro du grand Paris « treize milliards d’euros » représente plus de dix années de budget pour la région Bretagne. Ce fossé est au coeur du système France. Lorsque l’inégalité devient monstrueuse, plus personne ne la voit. Elle fait partie du paysage. Au nom de l’égalité, la France a conçu le système le plus inégalitaire qui soit, sur tous les plans. Il bénéficie à la technocratie toute puissante comme aux habitants de Paris et des grandes métropoles.

Nos élus ont renoncé à la Bretagne. Voilà le drame. Ils en porteront la responsabilité devant l’Histoire. Et pire encore, une part significative des militants semblent aussi avoir jeté l’éponge. Plus rien ne bouge, ou presque.

J’avoue que j’ai peine à comprendre, sauf à se dire que l’esprit de renoncement est plus fort que tout, qu’il a essaimé de nos élus incorporés au système jusqu’à nos militants désormais corsetés par les subventions pourtant modiques. Le clientélisme est un fléau qui est au coeur de tous les processus de colonisation. J’ai peur que nombre d’entre nous ne soient rongés par ce mal qui s’aggrave à l’approche des élections. Les Bretons se seraient-ils résignés aux « épluchures » conformément à l’odieuse comptine ?

Ouvrons les yeux ! Au sein du système France, nous sommes morts. Nous sommes condamnés à le faire bouger, ou à bouger pour obtenir notre dû et ne pas mourir.

Mais pour cela encore faudrait-il vouloir se faire entendre. Le fossé économique, social et culturel entre Paris et nos territoires est en lien direct avec la révolte des gilets jaunes, et pourtant la question bretonne n’apparaît nulle part. Le Gwen ha du flotte au vent, oui, mais pourquoi ? Pourquoi ce silence assourdissant lorsqu’il est question de grand débat national ?

Les Bretons veulent-ils seulement se faire entendre ? Ont-ils intériorisé la secondarisation de leur Pays et admis l’inéluctable éradication de leur culture à droit et moyens constants ?

Le sentiment premier que nous devons retrouver est celui de l’indignation devant autant d’injustice, de doubles discours, de vaines promesses et de trahison.

Dressons le constat d’échec de la décentralisation française. Elle n’est qu’un voile démocratique jeté sur le système le plus discriminatoire, et qui repose largement sur la complicité des élites locales.

C’est le système qu’il faut changer par l’obtention du statut particulier qui nous rendra l’autonomie et l’unité de notre territoire millénaire. Tout le reste est vain. Regardons ailleurs en Europe, du côté de ces régions autonomes qui connaissent le succès économique et sauvent leur culture.

Le système France n’a jamais été aussi faible. La France est une nation fracturée, minée par ses propres contradictions.

Nous ne sommes pas condamnés aux « épluchures ». Il suffit juste de vouloir. Une plateforme bretonne vient d’être constituée pour exiger le statut adapté à notre pays, la réunification et la sauvegarde de notre culture par une politique enfin digne de ce nom. Signons-là ! : (voir le site)

Yvon Ollivier

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Yvon OLLIVIER est juriste, auteur de l'ouvrage "la désunion française essai sur l'altérité au sein de la République" ed l'harmattan 2012 et membre de la coordination des juristes de Bretagne blog associé desunion-francaise.over-blog.com
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Vos 4 commentaires
Reun Allain Le Vendredi 1 février 2019 10:25
A propos du "Débat National" je reste assez surpris du silence radio de nos mouvements politiques et culturels concernés par tous ces sujets évoqués dans l'article. C'est un peu comme si au nom de l'affirmation de notre identité britto-bretonne nous ne serions pas concernés par les affaires intérieures "françaises". Le problème est que si nous ne nous en préoccupons pas, les affaires intérieures s'occupent de nous ou plus exactement la passivité et l'inactivité de nos élus parlementaires joue contre la Bretagne, ce qui est bien le sujet ici.
A titre personnel je m'y suis appliqué à exprimer des raisons du malaise dans un texte de 11 pages à destination du collectage effectué le 15/01 par l'AMRF (Association des Maires Ruraux de France), une fois ce travail de fonds effectué il m'a été aisé d'en extraire les thèmes pour les coller sur le site du "Grand Débat" qui soi dit en passant est très bien construit, ergonomique, des questionnaires ouverts ou du moins si des questions sont orientées on peut les ignorer ou répondre par un autre question ou commentaire mieux approprié. On a accès à toutes les contributions. Il existe des petits défauts techniques tels que l'obligation de spécifier l'ordre chronologique à chaque fois qu'on revient au répertoire si on ne veut pas le classement aléatoire. Ce n'est pas un énorme problème et ce qui compte est d'y participer.
Quatre thèmes sont proposés: Démocratie et citoyenneté, Fiscalité et dépenses publiques, Organisation de l'Etat, Transition énergétique.
Sur ce sujet de la Démocratie, c'est précisément l'occasion de s'exprimer sur le fait que les élus parlementaires ne sont pas représentatifs, que République et Démocratie sont des notions différentes, que ces mots ne sont pas synonymes et qu'à ce titre nous ne sommes pas en Démocratie. C'est l'occasion de poser le thème de la réunification, de l'autonomie fiscale, de la non représentativité effective des pseudos "représentants". Les scrutins majoritaires à deux tours procédant par élimination des plus faibles numériquement la représentation politique des Bretons (ou autres minorités nationales) est impossible.
Sans faire un procès à nos élus, à part deux ou trois exceptions comme Paul Molac que nous connaissons bien ici qui peut se vanter ici d'avoir eu une conversation avec son représentant parlementaire ? Et cependant c'est lui qui vote des lois, des lois de jacobins le plus souvent. C'est ce qu'il faut changer ! Qu'on soit GJ ou pas si on ne partage pas tous les motifs et symboles de la protestation, nous avons tous un point commun de mécontentement, c'est le défaut de Démocratie d'une France mythique qui se croit héritière des grands hommes providentiels et messianiques qui ferait que la République Une et Indivisible soit érigée en dogme quasi religieux auxquels nous devrions tous nous soumettre sous peine d'être qualifiés de "blasphémateurs" si on a l'heur de ne pas y adhérer.
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Didier Lebars Le Samedi 2 février 2019 01:26
Je ne compte plus les rencontres de bretons dans les aeroports. Ils racontent leurs affaires au téléphone à voix haute. Des entrepreneurs, freelance, IT & developpeur de site web, vendeur de vin en Chine. Hong-Kong, Brésil, Thailande ... Une liste de baroudeurs rencontrées au hasard, qui ne stressent pas, ne s'occupent plus de sécu, retraites, service publiques. Ils apprennent des langues sans école ... Si la Bretagne avait le statut du Danemark ou de l'Irelande ou des basques ?
Lors de mes passages en Bretagne, je suis pris pour un gosse chez tout les intervenants : le banquier, le notaire, le systeme secu ... les medias aussi. Le systeme protège. Vraiment pesant. Enfantillage : cause ou conséquence ?
Platforme pour une Bretagne majeure. Effectivement.
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Jean-Jacques Monnier Le Samedi 2 février 2019 21:00
Le rappel d'Yvon Ollivier est important. Les troubles sociaux en cours sont une illustration du mal développement qu'entraîne le centralisme et l'absence de pouvoirs locaux véritables.
Le grand débat en court peut être ramené au réel, ici en Bretagne, par des propositions concrètes. En voici quelques unes, évidentes pour nous mais qu'il demeure utile d'expliquer :
- Réforme fiscale dans le sens d'une plus grande justice
- Plus de pouvoirs et de moyens aux régions
- Organisation dans chaque régions d'un système de sécurité sociale sur le modèle alsacien-mosellan
- Reconnaissance et soutien au développement des langues minoritaires de France
- Transformation du Sénat en Assemblées des régions
- Assemblée de Bretagne remplaçant l'actuel Conseil régional et les conseils départementaux sur l'ensemble de la Bretagne , y compris la Loire-Atlantique.
On peut aussi montrer que le fédéralisme différencié, ça marche. Ici à Lannion, on a décidé de contribuer au grand débat en informant sur le fonctionnement d'un état fédéral, la Suisse et ses 26 cantons autonomes. On a invité un intervenant, qui a passé sa vie active en Suisse. Il sera interviewé par Olivier Caillebot, qui sait y faire. On espère un débat concret, et donc un pas en avant., d'abord dans les esprits. C'est mercredi soir 6 février à Lannion (cf ABP) et on peut imaginer de nombreux autres débats de ce genre en Bretagne. Les fédéralistes-autonomistes disposent d'un "capital-pensée" qui les met en mesure d'avancer des maintenant des propositions réalistes que la majorité des Bretons n'a pas encore imaginé. La Plateforme pour une Bretagne majeure est, à un autre niveau, un outil de rassemblement dans le concret pour conjurer le déclin breton : ça va mal, mais ça bouge et c'est heureux.
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Pierre Robes Le Mardi 5 février 2019 14:42
Préambule de la constitution de 1958 , consolidée en 2009 :
"En vertu de ces principes et de celui de la libre détermination des peuples, la République offre aux territoires d'outre-mer qui manifestent la volonté d'y adhérer des institutions nouvelles fondées sur l'idéal commun de liberté, d'égalité et de fraternité et conçues en vue de leur évolution démocratique."
Donc, la généreuse République OFFRE des institutions nouvelles ...en vue de leur évolution démocratique !!!
serait-ce à dire que les institutions présentent (celles de la République) ne seraient pas démocratique ?
Est-ce que "la libre détermination des peuples" concerne aussi le peuple de Bretagne, le peuple Basque, le peuple Corse, le peuple Alsacien ?
ou est-ce que cette "décentralisation" concerne uniquement les sauvages d'outre-mer ?
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