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Patrimoine breton en péril (4/6) : le génie civil. Du patrimoine ferroviaire aux phares par les friches industrielles.
Nous continuons cette semaine avec un article consacré aux patrimoines du génie civil en Bretagne, c'est-à-dire à une diversité d'éléments parmi lesquels nous avons ciblé le patrimoine ferroviaire, les friches
Par Louis Bouveron pour ABP le 10/02/12 21:48

Nous continuons cette semaine avec un article consacré aux patrimoines du génie civil en Bretagne, c'est-à-dire à une diversité d'éléments parmi lesquels nous avons ciblé le patrimoine ferroviaire, les friches industrielles et les phares et balises, à la fois pour leur importance en volume et leur caractère symbolique. Nous privilégions une fois encore la présentation thématique à l'établissement d'une situation par départements.

Le phare d'Ar-Men est menacé par les éléments et le manque d'entretien. Wikipédia - licence libre CC.

Patrimoine ferroviaire : le salut vient des particuliers et des passionnés

La gare et le dépôt : une diversité de bâtiments

Le patrimoine ferroviaire – immobilier – recouvre une grande variété d'éléments de patrimoine. En effet, il faut savoir qu'une gare n'est pas seulement composée de la « gare » du sens commun, c'est-à-dire le « bâtiment voyageurs » qui abrite le guichet, la salle d'attente, etc., mais aussi le plus souvent d'une halle marchandises pour abriter le fret, et le train qui le décharge garé sur une voie sous l'auvent de ladite halle, de lieux d'aisances, d'un abri de quai face au bâtiment voyageur (comme à MONTOIR-de-BRETAGNE) ou qui le remplace souvent, d'une maisonnette de passage à niveau près de la gare et parfois (terminus ou anciens terminus de lignes, nœuds ferroviaires, correspondances avec d'autres réseaux) d'un dépôt où on peut trouver une remise pour les machines, un château d'eau pour alimenter les réservoirs des locomotives (des glorieux temps de la vapeur), une réserve à sable, à fioul, une rotonde ou un pont tournant pour garer les machines et les retourner, les logements des agents, un ou plusieurs postes d'aiguillages parfois antiques, et ainsi de suite. Il reste quelques châteaux d'eau ferroviaires notamment à MESSAC ou à DOUARNENEZ (29).

Une ligne ferroviaire : un tout et de nombreuses parties

On imaginerait facilement la ligne ferroviaire comme un tout, une saignée dans la nature, mais là aussi nous avons une diversité d'éléments : la plateforme tout d'abord, sur laquelle sont posés (ou étaient posés) rails et traverses. Cette plateforme est plus ou moins large selon que la ligne était à voie unique ou double, étroite (souvent 60 cm dans des réseaux miniers, industriels ou militaires), métrique ou normale (1435 mm entre les rails). La nature du terrain influe aussi sur la largeur de la plateforme, qui sera taillée au plus étroit en milieu rocheux ou montagneux. D'autre part, la ligne passe par des ponts, des viaducs – les si beaux viaducs ferroviaires qui enjambent les vallées encaissées de Basse Bretagne – et même quelques tunnels qui constituent aussi des éléments du patrimoine ferroviaire. La continuité de la plateforme est primordiale : quand la ligne est déposée, on peut encore maintenir la continuité du lien qu'elle forme et son emprise pour espérer la rouvrir un jour, comme c'est le cas maintenant pour la ligne Nantes-Châteaubriant. C'est pourquoi, la transformation en « voies vertes » des plateformes de lignes est la moins mauvaise des solutions pour les conserver en état.

Actuellement, en Bretagne, trois plateformes de lignes sont menacées dans leur continuité. Primo, celle de l'ancienne ligne de BLAIN à NANTES, pourtant très bien conservée car partiellement établie en levée. L'ancienne gare de FAY conserve même son abri de quai et sa halle réutilisée par une coopérative agricole (voir le site) mais cette ligne peut être coupée par une des pistes du nouvel aéroport de Notre-Dame des Landes, privant à jamais BLAIN de la réouverture d'une desserte ferroviaire qui se fait chaque jour plus nécessaire. Ensuite, dans le même département, la plateforme de l'ancienne ligne de PONTCHATEAU à MONTOIR coupée par la 2x2 voies RN 171 au sud, et dont les ponts en bordure de Brière sont passablement rouillés. Par ailleurs, les installations des anciennes gares sont peu ou mal conservées. Enfin, l'ancienne ligne CONCARNEAU-ROSPORDEN aujourd'hui déferrée jusqu'à Coat-Conq (voir le site) et bien embroussaillée. Par ailleurs, à BINIC deux viaducs, vestiges de l'ancien réseau départemental des Côtes d'Armor (voir le site) sont signalés en mauvais état. Le pont du Toupin à SAINT-BRIEUC va être restauré en revanche.

Un patrimoine encore partiellement en activité

Le patrimoine ferroviaire peut être classé en deux catégories : ce qui est encore en activité, le long de lignes ouvertes à la circulation, et ce qui est n'est plus en activité, situé le long de lignes abandonnées ou déposées. De nombreuses lignes ont été fermées en Bretagne depuis les années 1930, comme le montre notre carte améliorée établie sur la base de l'indicateur CHAIX de 1921. Le centre de la Bretagne et le littoral ont été particulièrement touchés par ces fermetures pratiquées essentiellement dans les années 1930, puis dans les années 1960 avec l'abandon presque total du Réseau Breton (voir le site) à voie métrique, à part la ligne de Paimpol à Carhaix qui a été mise à voie normale et dont l'exploitation continue à ce jour.

Ce classement ne préjuge pas de l'état de conservation du patrimoine cependant. D'abord, parce que dans les gares SNCF en activité la tendance est depuis plusieurs dizaines d'années à raser tout ce qui ne sert plus à rien, et notamment les halles marchandises (voir le site) qui se ruinent, abandonnées. Avant, il y avait du transport de marchandises dans chaque patelin, et des trains très lents, les « chiffoniers », parfois à composition mixte avec une voiture devant plusieurs wagons de bric et de broc, trainassaient sur la ligne de gare en halte, et de halte en passage à niveau. Plus maintenant, donc à la pelleteuse les Halles ! Pour les remplacer par des parkings (PONTCHATEAU, dont la halle est en sursis encore), des gares (la future gare d'ABBARETZ sera implantée à l'emplacement de l'ancienne halle marchandises), des immeubles (LA BAULE, ou par rien du tout. Et avec les halles part le reste, de la lampisterie à l'abri WC en passant par la maisonnette de passage à niveau. Sur les lignes déferrées, du reste, ce n'est parfois guère mieux. Par exemple, sur l'ancienne ligne Chateaubriant – Messac – Ploërmel, la halle de BAIN-de-BRETAGNE (35 tient vaillante parmi les broussailles (voir le site)

Un patrimoine qui est en train de changer de mains

Sur les lignes déferrées, l'ensemble du patrimoine ferroviaire a été soit vendu, soit détruit. Par exemple, de nombreuses gares du Réseau Breton ont disparu tandis que d'autres sont aujourd'hui des maisons. Le dépôt de Tréguier – du réseau départemental des Côtes du Nord – a été transformé en locaux industriels. La petite gare de PIERRIC (44) sur l'ancienne ligne de Derval est une jolie maison qui a gardé son ancienne enseigne. La halte-frontière de HEMONSTOIR-SAINT-GONNERY entre Morbihan et Côtes d'Armor sert d'abri à bois, tandis qu'à BOUVRON (44) sur l'ancienne ligne de Saint-Nazaire à Châteaubriant, les usagers de la déchetterie empruntent sans le savoir avec leurs véhicules la rampe d'accès au quai haut de la halle marchandises, dont seul le soubassement a été conservé. Parmi les maisonnettes de passage à niveau, la moitié, voire les trois quart ont été détruites sur les lignes déferrées. Les autres s'arrachent, à cause de la cherté et au manque de logement en Bretagne.

Mais sur les lignes actives, la SNCF cherche aussi à vendre ce patrimoine qu'elle n'utilise plus. De nombreuses gares sont en effet fermées ou murées, si la SNCF n'y maintient pas de guichet. La gare de MAUVES-sur-Loire attend des travaux depuis des années. Celle du GRAND-FOUGERAY – LANGON (35) située sur la commune de Sainte-Anne-sur-Vilaine soit dit en passant, a été vendue et remplacée par des abribus posés sur les quais. La gare de PLOEMEL (56) a été vendue 200.000 € récemment (voir le site) La halle du dépôt à voie métrique de CHATEAUBRIANT a été récemment rachetée par la collectivité et restaurée. Et le mouvement continue. Généralement, ceux qui achètent leur bien à la SNCF en prennent soin, voire le restaurent « dans son jus » : nombreux sont les gares, halles marchandises et autres édicules à devoir leur survie à la vente. Celle du POULIGUEN est même devenue un Point P.

D'autres sont encore en péril et délaissés, mais seront peut-être vendus un jour, telle la gare SNCF de PAIMBOEUF (44), la halte de SAINT-JACUT (35 , les halles du PALLET, de CHATEAUBRIANT, de CHANTENAY-Lès-NANTES (44), de MALESTROIT, de PLUVIGNER (56) et de GAËL (35) ou la maisonnette de passage à niveau n°18 à CLISSON. La halte de Rimaison à BIEUZY (56) et le dépôt des Tramways La Trinité –Etel n'ont pas eu cette chance et ont été détruits.

Des passionnés qui travaillent à la connaissance et à la reconnaissance du patrimoine ferroviaire

La connaissance que nous avons aujourd’hui du patrimoine ferroviaire ne serait rien sans le travail de centaines de passionnés, en Bretagne et hors de ses frontières, qui passent leur temps libre à la découverte des lignes et anciennes lignes de chemin de fer, qui inlassablement photographient les édifices en péril, sensibilisent les collectivités à la nécessité de sauvegarder des lignes – si possible en état de circuler – fouillent les archives à la recherche des plans originaux des édifices, participent à des associations qui font rouler du matériel ancien, notamment sur le réseau Breton ou entre Paimpol et

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Voir aussi sur le même sujet : phares, rail, Urbex, patrimoine
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Étudiant en droit-histoire expatrié en Orléans, passionné par l'histoire et le patrimoine de la Bretagne. S'intéresse aussi à l'économie bretonne et à l'actualité de Loire-Atlantique.
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