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Le Bon la Brute et le Traitre. La brute - un Celte bouseux sorti tout droit du Ploukistan !
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- Revue de film -
L'Aigle de la Neuvième Légion : un navet
Les Romains sont des héros, les Pictes des sauvages et les Britons des salauds mais bons bourrins, tel est le message du film, même si de temps à autre les acteurs se posent quelques questions métaphysiques sur l'impérialisme et la colonisation. Le film est un vrai navet bourré d'anachronismes, d'anticeltisme grossier et d'invraisemblances.
Par Philippe Argouarch pour ABP le 7/05/11 12:27

L'aigle de la neuvième légion est un film réalisé par Kevin McDonald d'après une adaptation du livre de Rosemary Sutcliff The eagle of the ninth legion, une auteure anglaise. Un roman donc, mais qui se moque de la vérité historique et colporte tous les clichés habituels sur les Celtes et sur les druides d'avant la conquête romaine.

Les acteurs qui jouent les Pictes, dits aussi Calédoniens (la Calédonie est l'ancien nom de l'Écosse), parlent le gaélique, ce qui est un anachronisme puisque les Gaéls ne sont arrivés d'Irlande en Écosse, qu'après 450 alors que l'action du film se passe en 140 après JC. On sait aujourd'hui que les Pictes parlaient une langue brittonique ancêtre du gallois et du breton. Seulement 6.000 personnes parlant le gaélique en Écosse, Kevin McDonald a même dû aller compléter son casting à Belfast.

Le message du film serait que l'honneur et la fidélité (des relents nazis indiscutables) sont au-dessus de l'attachement d'un individu à une nation, à ses traditions, à sa famille, à sa culture et la mémoire de ses ancêtres. Honneur et fidélité ? à son ami ou à son peuple ? tel est le dilemme d'Esaca. Le Briton Esca trahira les siens pour servir le centurion Marcus Aquila qui lui a sauvé la vie.

L'histoire se déroule au nord de l'Île de Bretagne où l'armée romaine fait face aux Celtes insoumis qu'ils appellent "Pictes" car ils se tatouaient ou se peignaient de bleu (dans le film ils sont surtout couverts de boue). Un mur construit sous l'empereur Hadrien séparait les deux zones. Le centurion, Marcus Aquila, affecté dans une des garnisons du mur, de son propre choix, est là pour enquêter sur le sort de son père, commandant de la IXe Légion romaine qui aurait été anéantie au delà du mur d'Hadrien 20 ans auparavant.

La disparition de la IXe Légion dite Hispania en Calédonie est juste une légende, on sait simplement qu'elle cesse d'apparaître dans les textes romains vers cette époque. Quoi qu'il en soit, l'histoire du film tourne autour de Marcus Aquila (l'acteur Channing Tatum) qui se lance dans la reconquête de l'honneur de sa famille et de Rome en allant à la recherche de l'emblème de la Légion perdue : son aigle d'or. Il est aidé dans cette aventure par Esca, de la nation des Brigantes, qui, lui, va déshonorer et trahir son père, sa famille et ses origines celtes. Son père est lui aussi mort en héros, mais justement contre la IXe Légion !

Les Romains sont des héros, les Pictes des sauvages et les Britons des salauds mais bons bourrins, tel est le message du film, même si de temps à autre les acteurs se posent quelques questions métaphysiques sur l'impérialisme et la colonisation.

Le film est bourré d'anachronismes, d'anticeltisme grossier et d'invraisemblances. D'un côté des Romains courageux et téméraires, de l'autre des Celtes libres dépeints en vrais sauvages. Au milieu, des Britons – que la version française nomme "Bretons" – personnifiés par l'esclave Esca qui deviendra le fidèle serviteur du centurion. On l'aura compris, il n'y a que deux options pour les Celtes de la Britannia : être un sauvage ou être un esclave de Rome (en terme moderne un collabo).

Pas étonnant que les druides y soient représentés, non pas comme de sympathiques Merlin à la barbe blanche genre père Noël, mais comme des chamanes hystériques, hirsutes et assoiffés de sang. Un enfant de 10 ans, dont on se demande bien comment il a pu arriver avec les guerriers poursuivant les Romains lors d'une course à pied effrénée – la seule qualité que le film reconnaît aux Celtes : ils courent vite ! – est même égorgé en sacrifice devant les Romains médusés. Le film finit dans une bataille ridicule où une douzaine de vieux vétérans légionnaires , survivants de la IXe, met une trempe à une centaine de guerriers celtes. Pas moins que ça.

Qu'aucune femme n'apparaisse dans ce film machiste ne surprend pas vu les valeurs prônées et l'ambiance kameraden... Quelle occasion manquée quand on sait le rôle essentiel que jouaient les femmes celtes dans la paix comme dans la guerre. La reine Cartimandua des Brigantes et Boudica reine des Icenis menèrent même les armées celtes contre l'invasion romaine.

Avec de telles histoires à la gloire de l'impérialisme on ne sera pas étonné que l'auteure anglaise Rosemary Sutcliff ait reçu en 1992 le prestigieux titre de Commandeur de l'Ordre de l'Empire britannique. Entre l'empire romain et l'empire britannique, il n'y a que 20 siècles et le pas est vite franchi, du moins pour ce qui reste de cet empire sous le nom de Royaume-Uni. La sortie de cette co-production anglo-américaine au moment où l'Écosse parle d'indépendance ne peut être le fruit du hasard et ceci, même si le metteur en scène est lui-même écossais.

Philippe Argouarch

Voir aussi sur le même sujet : cinéma,Celtes
Cet article a fait l'objet de 5013 lectures.
logo Philippe Argouarch est un reporter multi-média ABP pour la Cornouaille. Il a lancé ABP en octobre 2003. Auparavant, il a été le webmaster de l'International Herald Tribune à Paris et avant ça, un des trois webmasters de la Wells Fargo Bank à San Francisco. Il a aussi travaillé dans des start-up et dans un laboratoire de recherche de l'université de Stanford.
Vos 5 commentaires
Marie-Juliette Viollet Le Mardi 10 mai 2011 13:23
Bonjour,
Je suis allée voir ce film ce week-end car l'ambiance qui se dégageait de la BA me plaisait énormément.
Je m'intéresse beaucoup aux celtes, à l'écosse etc.
J'ai été horrifié de voir le druide (yeux globuleux etc) être représenté de telle manière, comme vous ! La langue parlée par les pictes n'est pas le gaelique, vous l'avez dit, ça m'a surpris aussi. De plus, les celtes représentés comme des mi-indiens/mi-maoris m'a un peu refroidi. Mais de là à dire que c'est un navet !
Malgré tous ces défauts, ce film m'a séduit de part sa bande son fantastique que j'écoute en boucle depuis, ces paysages écossais que j'ai adoré redécouvrir etc, les acteurs aussi.
Contrairement à vous, je ne trouve pas les celtes soient dépeint d'une manière sauvage tout au long du film car esca est là pour représenter une face ''caché'' de ces tribus. Le film montre les défauts des romains mais aussi celui des celtes.
Pour finir, mm si ce film a des défauts (et pas des moindres je vous l'accorde) il a au moins eu le mérite de me faire découvrir des peuples que je ne connaissais pas. Je fais énormément de recherche depuis qqs jours sur les peuples d'écosse, sur son histoire etc. (au début je voulais vérifier le contenu du film)
Cordialement,
Marie-Ju
(0) 
alex alc Le Lundi 20 janvier 2014 09:19
Assez d'accord avec Marie-Ju, j'ai trouvé beaucoup d'anachronismes et d'incohérences, mais je trouve les personnages complexes personne n'est un sauvage le film parle de respect et d'individualité. Les pictes symbolisent une forme d'opposition aveugle, face au breton esca qui a du respect pour une parole donnée et considère Marcus non comme un romain, mais comme un égal, animé d'idéaux différents. Et c'est bien lui et non Marcus le personnage important de cette histoire au final, celui qui apaise et équilibre.
La photographie et les décors sont très réalistes, on sent une influence kubrickienne, mais certains costumes sont complètement ratés, les pictes sont vêtus d'un genre de 34 en phoque improbable.
Le combat final et le sacrifice du gamin sont absurdes, tout comme l'assaut du druide sur un char a lames (les lames sont fixes et non rotatives et ces chars n'ont rien de celtique) on sent la pâte du producteur qui a demandé plus de sang peut être...
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Jean Luc Libraire Le Mardi 8 avril 2014 01:12
He!, les bretons, c'est un film de fiction, pas un documentaire!
(0) 
john doe Le Lundi 1 octobre 2018 00:26
bonsoir,
Je voudrais dire ceci a propos de votre critique: il y a probablement des anachronismes, des incoherences dans le film et il est probablement loin d'etre le meilleur film sur l''empire romain, soit, mais c'est une fiction (comme l'a dit jean luc L) inspiré d'un fait .Votre analyse, mr argouarch ressemble à une propagande de militant independentiste un peu trop zélé.
meme si il y a des erreurs il ne merite pas qu'on crache dessus comme vous le faite.
(0) 
Léon-Paul Creton Le Lundi 1 octobre 2018 09:04
Quasiment toutes « productions » dites généralement et abusivement culturelles, qu’elles soient cinématographiques, journalistiques, artistiques, littéraires, musicales, au niveau planétaire…. sont toutes à but de propagande ! Propagande affinée, voulue, pensée et déterminée …et séduisante ! Aux objectifs divers en fonction des intérêts !
Et à ce niveau planétaire le Jeu Vidéo est extrêmement piégeant pour la jeunesse… souvent très jeune. Les Jeux Vidéo, s’y sont mis très nettement, activement, depuis quelques années. Ils en seront un important vecteur, sinon le plus efficace quant à l’impact sur les esprits « juvéniles », surtout…
Les Bretons ne savent pas faire « œuvre » de propagande… pas seulement dans ce domaine ! Lorsqu’on préfère la promenade banderolée, plutôt que se battre pour une TV que l’on contrôle,,. il y un problème ! Un très gros problème…
La propagande on la voit ou on ne la voit pas ! On ne peut ou ne veut pas la voir ! Elle n’a jamais été pire qu’aujourd’hui. Subliminale ou ouvertement affichée !
Se laissé « séduire » par ce film montre l’efficacité de la Propagande par les moyens modernes, contemporains de diffusion, et l’anesthésie des cerveaux !
Totalement en accord avec Ph. Argouarc’h… je suis !
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