La signature imminente de l'accord de libre-échange entre l'Union européenne (UE) et le Mercosur suscite de vives inquiétudes en Bretagne. Selon Le Monde, cet accord prévoit la suppression des droits de douane sur l'importation de produits agricoles tels que 45 000 tonnes de miel, 60 000 tonnes de riz, 180 000 tonnes de sucre, ainsi que des quotas de 99 000 tonnes de viande de bœuf taxées à 7,5 %, 60 000 tonnes d'autres types de viande bovine et 180 000 tonnes de volaille exemptées de droits de douane.
Impact sur l'agriculture bretonne
Les agriculteurs bretons redoutent une concurrence déloyale de la part des exploitations sud-américaines, souvent soumises à des normes sociales, sanitaires et environnementales moins strictes et bénéficiant donc de coûts de production inférieurs. Les filières bovine, avicole et sucrière, déjà fragilisées, pourraient être particulièrement affectées. La Fédération Départementale des Syndicats d'Exploitants Agricoles (FDSEA) a exprimé son opposition ferme à cet accord, estimant qu'il menace la souveraineté alimentaire et favorise une concurrence déloyale.
Conséquences pour les ports bretons
L'augmentation des échanges commerciaux avec l'Amérique du Sud pourrait profiter principalement aux grands ports européens disposant des infrastructures nécessaires pour accueillir des volumes massifs de marchandises. Les ports bretons, tels que Brest ou Saint-Nazaire, pourraient ne pas bénéficier directement de cette croissance, faute d'infrastructures adaptées pour gérer de tels volumes.
Position de l'Allemagne et des autres États membres
Certains pays, comme l'Allemagne, voient dans cet accord une opportunité pour leurs industries exportatrices, notamment l'automobile, d'accéder plus facilement aux marchés sud-américains. Cette perspective alimente le sentiment que les intérêts agricoles de régions comme la Bretagne pourraient être sacrifiés au profit d'autres secteurs économiques.
Mondialisation de l'agriculture et sécurité alimentaire
Si la mondialisation de l'agriculture a semblé inévitable dans le contexte des échanges internationaux, cette interdépendance expose les producteurs locaux aux fluctuations des marchés mondiaux. Par exemple, le prix du lait en Bretagne pourrait être influencé par les conditions climatiques en Argentine, un des grands producteurs laitiers comme l'est le cours du porc qui dépénd de la grippe porcine en Chine.
La question de la protection de l'agriculture nationale se pose. Aux États-Unis, des secteurs stratégiques comme l'acier sont protégés par des droits de douane élevés pour des raisons de sécurité nationale. L'alimentation étant essentielle, certains plaident pour une protection similaire afin d'assurer l'autosuffisance et la sécurité alimentaire du pays.
Initiatives locales et résilience
Face à ces défis, des initiatives locales telles que le label "Produit en Bretagne" jouent un rôle crucial en promouvant les produits bretons et en soutenant les circuits courts. Ces démarches renforcent la résilience de l'économie locale en valorisant le savoir-faire breton et en réduisant la dépendance aux importations.
Position du président Emmanuel Macron
Le président Emmanuel Macron a exprimé son opposition à l'accord UE-Mercosur en l'état, le qualifiant de "très mauvais" et appelant à la construction d'un nouvel accord. Il a souligné la nécessité d'inclure des "clauses miroirs" environnementales afin de protéger les producteurs européens.
En conclusion, la signature de l'accord UE-Mercosur en l'état aura des répercussions néfastes sur l'agriculture et l'agrobusiness bretons, déjà en crise face à la concurrence en Europe venant de pays comme la Pologne et même l'Ukraine, ou encore l'Allemagne pour le porc et ses fermes géantes.
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