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Jacques Branellec avec un casier à huîtres sur le ponton d'une de ses fermes marines à Palawan (photo coll. J. Branellec).
Jacques Branellec avec un casier à huîtres sur le ponton d'une de ses fermes marines à Palawan (photo coll. J. Branellec).
Photo coll. J. Branellec.
Photo coll. J. Branellec.
Une équipe du centre de recherche agricole fondé par Jacques Branellec aux Philippines (photo coll. J. Branellec).
Une équipe du centre de recherche agricole fondé par Jacques Branellec aux Philippines (photo coll. J. Branellec).
Les perles dorées produites par J. Branallec au cou des beautés de Manille (photo coll. J. Branellec).
Les perles dorées produites par J. Branallec au cou des beautés de Manille (photo coll. J. Branellec).
Photo coll. J. Branellec.
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- Interview -
Jacques Branellec, le Breton qui a réussi aux Philippines
Installé aux Philippines, Jacques Branellec, un pilote de formation, a quitté la Bretagne il y a environ 40 ans pour travailler à Tahiti pour Air Polynésie. Il créera la-bas sa première ferme perlière pour produire les premières perles noires de Tahiti. Après un tour du monde à la voile il s'installera dans l'archipel de Palawan aux Philippines et se lancera dans l'élevage de la perle dorée
Par Philippe Argouarch pour ABP le 24/08/08 3:40

Installé aux Philippines, Jacques Branellec, un pilote de formation, a quitté la Bretagne il y a environ 40 ans pour travailler à Tahiti pour Air Polynésie. Il créera là-bas sa première ferme perlière pour produire les premières perles noires de Tahiti.

Il la revendra et partira pour un tour du monde à la voile avant de s'installer dans l'archipel de Palawan aux Philippines. Il se lance alors dans l'élevage de la perle dorée - une perle naturelle produite par des huîtres géantes dont il est le premier à mettre au point la culture. Il est aujourd'hui devenu le premier producteur de perles des Philippines et un des trois premiers producteurs mondiaux.

Basée à Manille, la société Jewelmer de Jacques Branellec emploie un millier de personnes travaillant au sein de ses sept fermes perlières. Celles-ci produisent 800.000 perles par an dont certaines peuvent se vendre jusqu'à 2.000 €.

Concerné par la dégradation de l'environnement et la pollution des mers, Jacques Branellec a investi localement dans des écoles, la formation, et des alternatives aux pratiques désastreuses comme la pêche à la dynamite ou la déforestation. Il a aussi créé une fondation Save Palawan seas foundation, et un centre de recherche agricole. Il aide aussi les pêcheurs à se procurer des bateaux. En gros, Jacques Branellec réinvestit dans sa communauté et ces îles qui lui ont tant donné.

En plus d'être un travailleur de la mer et un capitaine courageux, il y a deux principes qui semblent façonner la vie de Jacques Branellec : le respect des cultures des autres et le respect de l'environnement. Les deux bien sûr découlent l'un de l'autre.

Depuis longtemps sensible à l'état de la planète, il est lui-même concerné directement par le réchauffement climatique puisque l'augmentation de la température de la mer de Chine et de la mer de Sulu mettent sa production de perle en danger — l'obligeant à cultiver ses perles toujours plus en profondeur.

Audité par le Sénat en 2006, Jacques Branellec n'en a pas pour autant oublié sa Bretagne natale. À l'occasion de sa nomination comme citoyen d'honneur de sa ville natale, Saint-Pol-de-Léon, il a déclaré au journal Le Télégramme une phrase qui résume bien cette diaspora bretonne capable d'une étonnante intégration sans jamais oublier ses origines « Un Breton ne s'installe jamais définitivement. La seule fois où il le fait, c'est au cimetière » .


ABP : Quand on pense aux Philippines, les Bretons pensent surtout au destin tragique de Paul Proust de La Gironière, raconté dans le livre étonnant « Aventures d'un gentilhomme breton aux îles Philippines » (1). Vous, par contre, semblez avoir réussi, le ciel ne vous est pas tombé sur la tête comme pour le malheureux Paul ?

J. Branellec : Le ciel m'a plutôt souri et les flots du Pacifique et de la mer de Chine ne m'ont pas encore englouti !


ABP : Dans l'émission de télévision Thalassa, récemment, vous avez dit que vous avez découvert Palawan au cours de vos navigations à la voile. Êtes-vous parti autour du monde dans le sillage de Le Toumelin sur son Kurun parti du Croisic juste après la guerre ? Quand avez-vous quitté la Bretagne ?

J. B. : La première fois en 1970 pour Tahiti. Puis une deuxième fois en 1977, à la voile pour un tour du monde. 18.000 milles marins, deux ans de navigation avec des escales multiples. Haïti, Panama, Galapagos, Marquises, Cook, Tonga, Fidji, Nouvelles Hébrides, Calédonie, Australie, Nouvelle Guinée, Palau, sud des Philippines.


ABP : Comment vous est venue l'idée de vous lancer dans la culture des perles ? Pourquoi Palawan ?

J. B. : L'envie de créer une activité dont les Tahitiens seraient fiers après la démoralisation qui avait suivi les expérimentations nucléaires sur leur territoire. Tahiti, avec la perle noire, avait précédé mon expérience avec la perle dorée des Philippines.


ABP : Palawan est-il vraiment un des derniers archipels qui n'a pas encore été atteint par les aspects négatifs de la civilisation ? Avez-vous été ensorcelé par cette beauté magique, ces eaux limpides, paradis de la plongée ?

J. B. : En 1979, peu de population, énormément de lieux vierges, un retour en arrière, pas de pollution. Aujourd'hui, beaucoup de changements, la planète accuse ses souffrances.


ABP : Êtes-vous actifs dans la lutte contre la pêche à la dynamite et la culture sur brûlis ? Comment ça se passe ?

J. B. : Nous organisons, avec les municipalités, des garde-côtes volontaires qui patrouillent 24 heures sur 24. Nous fournissons fioul, bateaux, moteurs, logistique. Également, nous protégeons les pêcheurs traditionnels et encourageons toutes formes d'aquaculture non extractive, en particulier la culture des algues.


ABP : Vous êtes un Breton de la diaspora et, comme beaucoup d'expatriés bretons, avez-vous découvert votre bretonnitude à force d'être séparé de la Bretagne ?

J. B. :Un Breton est intronisé pleinement lors de son expatriation. La modestie et la simplicité de notre caractère nous permettent de nous faire accepter et intégrer par des cultures différentes tout en conservant notre originalité.


ABP : Que représente la Bretagne pour vous ? Vous manque-t-elle ? Y revenez-vous de temps en temps ? Où êtes-vous né en Bretagne ?

J. B. : La Bretagne est une de mes sources d'inspiration et aussi une terre de réassurance. Comme la Bretagne est toujours présente à mon esprit, non seulement comme une terre d'origine mais surtout comme une source d'inspiration et une forme de pensée, elle est toujours avec moi, quel que soit le pays où je me trouve ! J'y reviens tous les étés à Saint-Pol-de-Léon.


ABP : Maintenant que vos enfants sont prêts à prendre la relève de vos fermes de perles, pensez-vous revenir définitivement en Bretagne ?

J. B. : Non, car je suis bien trop jeune pour arrêter et j'ai de plus en plus de projets. Surtout centrés autour du développement durable et de la protection de la mer, du corail et des forêts.


ABP : Avez-vous des plans pour réinvestir au pays ou aider les causes bretonnes comme l'enseignement et la sauvegarde du breton ?

J. B. : Je suis tellement engagé en Asie que je me concentre actuellement sur l'organisation d'échanges entre des organisations basées en Bretagne et des fondations qui s'occupent de communautés aux Philippines. Nous avons un projet d'échanges avec le Lycée Agricole de Brehoulou, à Fouesnant pour le développement de communautés indigènes.


ABP : Si le réchauffement climatique continue, pouvez-vous migrer vos fermes de perles au nord de Luzon ? Autre part où la température de la mer serait plus adéquate pour la culture des perles ?

J. B. :Le déplacement de fermes perlières depuis des zones peu peuplées vers des régions développées n'est pas envisageable, sans compter que les structures sont lourdes. Il faut au moins dix ans pour amortir.


ABP : Avez-vous épousé une Philippine ? Parlez-vous le tagalog en plus du français et de l'anglais ? Connaissez-vous le breton ?

J. B. :Je suis toujours grand père célibataire. Je parle couramment le philippin, le tahitien, l'espagnol, l'anglais, le français et balbutie en japonais. Le breton n'est malheureusement pas pratiqué sous nos latitudes asiatiques.


ABP : Y a-t-il d'autres Bretons aux Philippines en dehors de Louis Paul Heussaf que nous avons interviewé en 2004 ? ( voir notre article )

J. B. : Oui, Hubert d'Aboville et plein de jeunes. J'emploie deux Morlaisiens, Johan Noirel et Anne Solène Porhel. Il y a une dessinatrice de bijoux, un biologiste de Loctudy, Guy Vallet qui est un ancien pilote du Cambodge, et Ronan Mage, le directeur d'une boîte française d'aliments pour chiens.


Propos recueillis par Philippe Argouarch

(1) Éditions Les Portes du Large.

identité bretonne2
Voir aussi sur le même sujet : diaspora,identité bretonne
Cet article a fait l'objet de 13226 lectures.
logo Philippe Argouarch est un reporter multi-média ABP pour la Cornouaille. Il a lancé ABP en octobre 2003. Auparavant, il a été le webmaster de l'International Herald Tribune à Paris et avant ça, un des trois webmasters de la Wells Fargo Bank à San Francisco. Il a aussi travaillé dans des start-up et dans un laboratoire de recherche de l'université de Stanford.
Vos 9 commentaires
Brigitte GAULARD Le Mardi 31 août 2010 23:27
Messieurs, J'ai beaucoup apprécié votre article sur Mr. Jacques Branellec. Je me suis découverte la passion des perles il y a 2 Ans, maintenant. je voulais savoir si il était possible de contacter Mr Branellec,(sur un blog par exemple) pour savoir si il vient de temps en temps en région parisienne, faire des conférences, et, où je pourrais acheter ces magnifiques perles dorées, en direct des fermes. Merci pour votre attention, et vous prie de croire, Messieurs, en l'assurance de mes sentiments distingués. Mme Gaulard.
(0) 
Chantal Ward Le Mardi 31 août 2010 23:27
Mon message est un peu le même que Madame Gaulard.
Peut-on savoir si Monsieur Branelec donne des conférences en France?
Ou peut-on acheter ces magnifiques perles dorées.
Je suis créatrice de bijoux et ne travaille qu'avec des perles naturelles.
Je suis passionnée par les perles,je cherche toujours à acheter des perles avec certificat.
Je vous remercie en attendant de recevoir une réponse
Chantal Ward
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DRELON MICHEL Le Vendredi 8 juillet 2011 09:56
j ai vu l emission ,passionnante ! etant moi meme pilote d helicoptere et visiteur fréquent des Philippines depuis des annees,j aimerais entrer en contact avec mr Branellec,pourriez vous m aider.je vous remercie et espere une reponse. mon adresse mail: mdrelon [at] hotmail.fr
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maud AUMARD Le Mercredi 13 juillet 2011 14:41
Je voudrais bien acheter ces magnifiques perles dorées.
Où et comment les choisir ? Mr Branellec fait-il des expeditions en France ?
merci pour votre réponse
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René Delègue Le Dimanche 11 septembre 2011 09:19
Bonjour,
Jeune retraité artisan (65 ans), je voudrais savoir si M. Brannelec a besoin de bénévoles pour l'assister au sein de sa fondation "Save Palawan".
Mon mail: delegue.rene [at] free.fr
Merci pour votre aide.
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Maryvonne Cadiou ABP Le Dimanche 11 septembre 2011 15:15
Il doit être possible de joindre M. Branelec par l'intermédiaire du site de Bretons du Monde : après inscription.
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Rédaction ABP Le Vendredi 14 octobre 2011 13:53
Aux dernières nouvelles, Thalassa, qui l'a découvert grâce à cet article sur ABP, doit aller l'interviewer pour une prochaine émission télévisée. Alors à vos programmes TV !
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Didier Delsipée Le Jeudi 14 juin 2018 03:05
Bonjour, J'aimerai participer au développement de l'île de Palawan et m'y expatrier. Peut-être que monsieur Jacques Branellec aurai besoin de personnel pour mener à bien sed projet que je trouve vraiment magnifique. Voici mon email: ddelsipee [at] yahoo.fr
Bien à vous.
Delsipee Didier
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Marc madaule Le Dimanche 9 septembre 2018 20:16
J’ai habité sur Flower Island en 1993 . Avant que Thierry ne vendes l’île à Jacques
(0) 
Commenter :
Votre email est optionnel et restera confidentiel. Il ne sera utilisé que si vous voulez une réponse d'un lecteur via email. Par exemple si vous cherchez un co-voiturage pour cet évènement ou autre chose.
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