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- Chronique -
Faut-il acheter et consommer breton ?
Faut-il acheter français ? Faut-il acheter breton ? Faut-il faire confiance au marché, comme le proposent ceux qu'il est convenu d'appeler les « libéraux
Par Jean-Charles Perazzi pour JCP le 23/12/11 15:05

Faut-il acheter français ? Faut-il acheter breton ? Faut-il faire confiance au marché, comme le proposent ceux qu'il est convenu d'appeler les « libéraux ? Exporter, importer, vendre, acheter n'importe où, n'importe comment, n'importe quoi sur la planète ? Produire sans discernement pour « gagner des parts de marchés » , comme ils disent ?

Sauf à prendre un peu de recul et faire le tour d'un sujet « tendance » , on serait tenté de botter en touche sur le ton de la plaisanterie. En utilisant la fameuse formule des Bretonnants : « Pep hini zo libr da c'hoari gant e filip. » ( « Chacun peut jouer comme il veut avec son moineau. » )

Mais on n'est pas là pour plaisanter.

Anecdote. Nous sommes en février 1989. L'année précédente, au terme d'un débat chaud et houleux dont le Conseil régional a le secret, la décision a été prise de faire prendre régulièrement l'air à un avion gros porteur, depuis l'aéroport de Brest-Guipavas à celui de Montréal. But : approvisionner le marché nord-américain (Houston, Toronto, La Nouvelle-Orléans), en légumes frais bretons. Gast ha gast ! Des artichauts, des choux-fleurs, des oignons, des salades vendus à plusieurs milliers de kilomètres de leur lieux de production. Du jamais vu. Le premier avion s'envole donc en février ; une vingtaine d'autres suivront. Et l'opération, voulue par des responsables économiques finistériens, et bénéficiant de fonds divers (Région, Département du Finistère, Communauté urbaine de Brest), se soldera évidemment par un solide bide financier.

L'erreur est, parait-il humaine. Disons quand même qu'avec un peu d'analyse d'erreurs passées, de concertation, de bon sens, de sagesse, la Bretagne irait un peu moins dans le mur, comme cela se produit trop souvent. Et irait mieux sur tous les plans.

Un remembrement mieux conduit n'aurait pas eu pour conséquences les catastrophes que l'on sait. Les eaux bretonnes seraient en meilleur état et les plages ne connaîtraient pas les marées vertes si l'on n'avait pas fait un usage abusif des produits phytosanitaires et des engrais chimiques. Les caboteurs occuperaient les mers envahies par les tankers et autres géants des océans. La Bretagne aurait largement son autonomie énergétique si les solutions préconisées au lendemain des évènements de Plogoff avaient été appliquées. Elle serait mieux en mesure d'assurer son destin si les Régions avaient eu d'autres moyens et d'autres pouvoirs, après le fameux discours de de Gaulle annonçant leur création, à Quimper, le 2 février 1969.

Vivre, travailler et décider au pays sont des slogans plus que jamais d'actualité.

Produire et consommer autant que possible sur place, aussi. Tout cela ne signifie ni le repli sur soi, ni le retour en arrière. Il s'agit simplement de fixer de nouvelles règles au marché, à l'exportation et à l'importation, à la production, à la consommation. Règles d'ailleurs valables pour tous les pays de la planète.

La Bretagne saura-t-elle montrer demain l'exemple d'un nouvel art de vivre ?

Jean-Charles Perazzi

Aucun lien avec ce qui précède. Cesaria Evora que l'on a trop peu vue et entendue en Bretagne les années passées, s'en est allée. Elle chantait les rythmes du Cap Vert, son « petit pays » , d'une voix chaude, émouvante avec l'appui d'une musique élégante, douce comme une gwerz. Merci Cesaria. Tu nous as fait un peu oublier, par ta présence trop rare sur les ondes, que des programmateurs nous anglo-saxonisent un peu plus chaque jour avec une musique commerciale trop envahissante et vulgaire.

Voir aussi sur le même sujet : Journal de campagne,économie